Écrivain, journaliste et critique d’art belge, Léon Domartin est considéré comme l’un des tout premiers correspondants de guerre de l’histoire. Il est principalement connu sous son pseudonyme de Jean d’Ardenne qui renseigne d’emblée de son intérêt pour la nature du pays wallon. Auteur de plusieurs guides touristiques à grand succès, il était un ardent défenseur des monuments, des paysages et des sites à une époque où la Révolution industrielle commençait à transformer la Wallonie.
Dommartin est un ami intime de Rops et figure dès 1865 parmi ses principaux correspondants. Les deux hommes se rapprochent cette année-là par l’intermédiaire d’un ami commun : le peintre Louis Artan (1837-1890). Ils se fréquenteront régulièrement à Bruxelles (notamment au sein de l'Université), à Paris ainsi qu’au sein de la colonie d’Anseremme.
Vers 1867, Dommartin, installé à Paris, participe avec Armand Gouzien (1839-1892) et Auguste Villiers de l’Isle-Adam (1838-1889) au projet de la Revue des Lettres et des Arts qui n'aboutira pas. C'est d'ailleurs dans ce cadre précis qu'il fait la rencontre de Félicien Rops. Parallèlement, il est aussi rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique qu'il a cofondé, Le Bilboquet. Dans le journal parisien La Gazette des Étrangers, il réalise la couverture des funérailles de Charles Baudelaire (1821-1867). En 1870, alors qu’il est rédacteur pour Le Gaulois, il suit l’armée de Mac Mahon lors de la défaite française de Sedan en compagnie de Rops et de Camille Lemonnier. Rops le rejoint également à Paris en 1871 durant les jours suivant l’insurrection de la Commune. Il est par ailleurs contraint de rentrer en Belgique après cet épisode où il sera engagé comme journaliste par Victor Hallaux (1835-1896) pour La Chronique. Dommartin en devient le rédacteur en chef en 1896 et le restera jusqu’en 1914. Il sera aussi nommé bibliothécaire à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Grand voyageur, il parcourt l’Europe comme l’Afrique du Nord ou de l’Ouest, se rend à la mer du Nord ou séjourne en bord de Meuse dans la colonie d’artistes d’Anseremme, avec Rops et ses amis.
En 1872, il prend la défense de l’art moderne dans les colonnes de L’Art libre, une revue belge créée par les artistes de la Société libre des Beaux-Arts (1868-1876) dont Rops est l’un des fondateurs. De retour en Belgique en 1874, il devient rédacteur pour La Chronique, journal bruxellois dirigé par Victor Hallaux. Rops l’incite à plusieurs reprises à y faire sa « réclame » (n° éd. 2905).
Célèbre pour sa littérature de voyage, il a notamment écrit plusieurs guides touristiques dont L'Ardenne (en trois volumes en 1881) ou encore Voyages pittoresques, Guide descriptif de la côte de Flandre (1888). Il est aussi l’auteur des Notes d’un vagabond, ouvrage paru à Bruxelles chez Kistemaeckers en 1887 illustré d’un frontispice de Rops. En 1885, il épouse Marguerite Popp, petite-fille de Caroline Popp (1808-1891), directrice du Journal de Bruges. Ses descriptions des paysages bucoliques de Wallonie sont autant d’invitations au voyage. Le regard qu’il pose sur « son » Ardenne l’entraîne aussi à prendre fait et cause pour sa préservation, plus particulièrement à s’investir dans la défense des arbres, des sites et des maisons présentant un intérêt patrimonial. En décembre 1891, il fonde la Société nationale pour la Protection des Sites et des Monuments en Belgique que présidera l’industriel Jules Carlier et en 1895, il est encore parmi les fondateurs du Touring Club de Belgique destiné à faire connaître le pays auprès des visiteurs étrangers.
Dès les années 1860 et lorsque Rops s'installe à Paris, Léon Dommartin se voit charger d'importantes missions pour son ami : négociation des dettes de l'artiste auprès d'Adèle Boussingault (fille des propriétaires de l'auberge Au Repos des artistes à Anseremme) ; récupération des lettres intimes écrites à Alice Renaud (1855-1886) ou encore l'emprunt d'argent au nom de Charlotte Polet de Faveaux (1835-1929) après la séparation de biens. Ces événements témoignent d'une grande amitié entre les deux hommes malgré quelques échanges parfois violents dans certaines lettres de Rops.
Près de 545 lettres de Rops à Dommartin, rédigées entre 1865 et 1893, ont été recensées à ce jour. Malheureusement, on ne connait pas de lettres de Dommartin à Rops. Pour l'anecdote, l'on sait que Rops avait enjoint son ami à brûler ses lettres, ce que l'un a respecté mais pas l'autre.
Mis à jour par Giuseppe Di Stazio, mars 2025