Numéro d'édition: 2116
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6714/10
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Vendredi
Mon Vieux,
Ta lettre m’a fait grand plaisir & je ne veux pas attendre pour te le dire. Je te tiendrai au courant de tout.
Tout ce que je t’ai dit de la jeune fille est vrai. Je l’épouserais si je n’étais pas marié. – Les parents sont vulgaires mais très honnêtes. – Il y a arrangement à tout.
Seulement ! – Seulement ! Le gros de l’affaire, ce n’est pas même le Mr – que l’on peut dégotter j’en suis certain, mais c’est de l’emporter, – elle-même, – la petite femme ! C’est une fille qui se garde rude ! Le Mr en question a cru arriver avec des airs Louis XIV offrant sa main à la bouquetière des Innocents, & la bouquetière se fiche de lui, jusqu’à présent ! Aujourdhui puis que tu le veux, je lui tirerai dans les quilles, – Mlle Bonvalot doit venir embrasser Léontine qui revient de Londres. Je n’aurai qu’un mot à dire pour la faire partir : Hé bien MlleMarie, ce Mr qui a une si belle tête vous fait-il l’honneur de vous mettre au tabouret de son comptoir ? – Elle va rager & je verrai ce qui en retourne. – Seulement, elle dit qu’elle ne veut pas se marier maintenant et qui sait ? c’est peut être vrai !! Cela c’est à faire changer, & à changer. Voilà tout. S’il faut y mettre le temps cela te regarde, & cela vous regarde.
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Donc huit jours avant le 14 juillet je t’écrirai.
Quant au reste en dehors du mariage tout ce que je t’ai dit : c’est le vrai !!! Tu as le bonheur d’avoir une langue – & quoi que tu fasses ici, tu trouveras ta place.
C’est si embêtant, Mon Vieux, de voir s’effondrer la bàs dans l’oubli & dans des balades d’Anseremme un ami – qu’on aime – & qui a du talent !! Car enfin Nom de Dieu il faut que tu en fasses quelque chose de cela !! – Dis-toi : il faut que je sois à Paris en octobre-Novembre & tu y seras ! La question de mariage est étrangement posée par ta mère car enfin, tu ne peux pas te marier à Paris, de Bruxelles !! Pour te marier à Paris – en admettant que MlleBonvalot rate, – il faut que tu restes un an à Paris au moins !! Mlle Bonvalot n’est pas la seule « mariable » ! Clapisson a une petite belle sœur qui rentre assez dans le programme, & il y en a d’autres & beaucoup ici ! Si elle persiste dans sa résolution de ne pas vouloir quitter Bruxelles, pourquoi ne pas arranger les choses & lui dire : Je vais demeurer, (avant de te prier de quitter Paris) – six mois seul à Paris ? Tu prends une chambre, tu t’y installes de Décembre à Mai & tu regardes. Tu fais tes correspondances de la Chronique & d’autres travaux & tu examines la situation ! C’est logique cela !! Tu ne peux te marier
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a distance. Et quand ta mère t’aura répeté : marie-toi je vais à Paris pendant dix ans en seras-tu plus marié ? – Pour faire un civet il faut un lièvre. Et si tu veux épouser une Parisienne, ce n’est pas au bureau de la Chronique que tu la trouveras, avoue-le !
Je suis très heureux aussi de ton opinion sur mon « Salon ». C’est, littérairement, la seule, à la quelle je tienne. Je t’enverrai le petit Salon tiré en plaquette chez Quentin
– Sous le titre :
Ces Messieurs
et
Ces Dames
AU SALON.
Pas de respect de rien ! – Je leur en ficherai d’autres va aux Belges. Je les connais ! –
À toi Vieux
Fély
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Carlier est décidé à habiter La Varenne, St Maur près du moulin de Bonneuil. Endroit délicieux.
Il a parfaitement raison – la Belgique est impossible pour lui – avec une femme ! – Puis ici il pourra faire des affaires s’il le veut & on gagne de l’argent à Paris quand on veut en gagner. Quand tu seras ici il ne manquera que Fontaine ! –
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR