Lettre de Félicien Rops

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Je peins comme un enragé, j’ai envoyé ma première lettre à l’Indépendance, fais-moi le plaisir tout de suite ! de passer par le bureau du journal & de demander à Tardieu deux choses : 1° qu’il ne laisse pas passer dans mes lettres de fautes de langue, comme elles sont écrites à la diable cela pourrait arriver, 2° qu’elles soient signées de mon nom, j’y tiens pour plusieurs raisons scandinaves. enfin qu’on en retranche le moins possible & qu’on tâche de ne pas estropier les noms, comme je me donne beaucoup de peine pour ne pas estropier les noms, cela m’embêterait de voir appeler le grand gouverneur de Stockholm : Couque Baker quand il s’appelle Cokubeker !

Pas de désillusion ! Stockholm et la Suède pures merveilles ! – Pas de comparaison cela ne ressemble a rien ! Cela est fantastique de grandeur & d’immensité Vingt lacs comme la ville de Bruxelles enchevêtrés les uns dans les autres et les rochers des gorges d’apremont erratiquement semés la dessus. Et des ciels bizarres ! Je vois une fois ces animaux de savants vidés m’enfoncer dans la Délécarlie, – te rappelles-tu ce tableau de Suédois représentant la fête de la St Jean en Délécarlie ? à l’exposition de cette année ? – C’est ça que je veux voir ; de là je tâcherai de gagner Christiania & si je peux le cap Nord & les Lapons. Mais regarde la carte de la bonne Suède et songe que pour la traverser de Malmö à Stockholm en largeur on reste deux jours en chemin de fer !

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