Numéro d'édition: 2091
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/461
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Illustration
Lettre illustrée
Page 1 Recto : 1
Croquis
ЕΦΗΣΣΘΟΒΥΛΩΝ
Tragédie en 5 actes.
–
Personnages :
–
Еφησσθοβυλων
– pitre lyriqueur. tient la grande lyre. confident.
– amoureux d’Hélène.
Page 1 Verso : 2
Τερεβινθινεος
– Elève d’Appelles et amoureux de
Μελαινα
Μελαινα
– Belle fille de Millah
Σταννι
– Riche marchand des pires.
Αλλω
– Rhéteur, élève de
Βεραρδος
homme léger et dissolu.
–
La scène se passe à Nanos sur la place des Estrades.
. Minuit moins douze
Scène I
Еφησσθοβυλων
.
Seul – Il chante en s’accompagnant Sur la grande lyre.
Costume trop léger pour la saison.
Profil camard rappelant le buste de Socrate.
Sourire bienveillant.
Vêtements cossus mais trop légers pour la saison.
–
Page 1 Verso : 3
Chantant : – (du nez)
Si tu voulais Chère Hélène
Ta cuisine serait pleine
D’un ménage bien monté
Et tu pourrais, photophore !
Voir dans toutes les amphores
Se refleter ta beauté.
(Parlé :)
La rime féminine,
Fait se fouiller ici la rime masculine,
Dieux de l’Académie ! Si Siret le savait
Son prochain Numéro pour sur m’éreinterait !
(Avec abandon & douceur :)
Je m’en bats la paupière !
(chantant – du nez)
Si tu voulais Chère Hélène
Au lieu des cordons de laine
Qui meurtrissent tes genoux
Je t’aurais ma cuisinière
Pour orner ta jambe altière
Des Sandales à cent sous !
Quel heure au juste est-il ? depuis assez longtemps
Il me semble par Pan ! qu’en cet endroit j’attends.
Voici bientôt minuit c’est l’instant convenu
Je ne peux plus longtemps rester ici cul nu !
Dieux puissants qu’apercois-je !
Τερεβινθινεος
– (figure naïve – traces d’excès.) entrant –
C’est bien ça, voilà la place des Cyclades
Un palais à droite, à gauche les estrades.
Seul j’attends, – la nuit noire comme un chaudron
Vous ferait sans pudeur embrasser un laidron,
Page 1 Recto : 4
Heureusement Melaïna astre aux rayons sans nombre
Du Cocyte infernal illuminerait l’ombre.
Mais elle ne vient pas, je n’aperçois personne
Si fait j’entends un nez sur le pavé qui sonne !
…..
Еφησσθοβυλων
(chantant – du nez)
Si tu voulais Chère Hélène
Au lieu de la Sombre futaine
Qui rougit tes cuisses rondes
J’achèterais ô ma divine
La splendide crinoline.
Pour baisser tes Mappe-mondes !
(Exit)
LA SUITE a été supprimée par la Censure
– Cette tragédie a été interrompue pour le brouillon.
Page 2 Recto : 5
Ci-joint une tragédie, Cher Vieux, j’avais besoin de rire, – de rire de moi surtout. C’est égal je suis « terriblement pincé » comme dirait
Еφεσσθοβυλων
. Je ris mais j’ai un fond de tristesse un fonds dont je touche le revenu & dont je voudrais manger le capital.
Je ressemble à l’esclave de Tibulle :
Spes etiam valida solatur compede vinctum : Crura sonant ferro, sed canit inter opus
.
L’espérance aussi console le vaincu trainant ses fers (trainant ses fers est du français d’Alvin hein ?). Sa chaine sonore au pied, il n’en chante pas moins en dépit de sa peine.
Je crois qu’il ne faut pas traduire «
inter opus
» par « au milieu de la belle ouvrage » – Voilà ce que c’est que d’avoir traduit Tibulle (A.M.D.G !) avec le père de Richebourg ! – les Belles-lettres sont la consolation des grandes Douleurs » dirait Kervyn de Vole Schaerbeck. Pourquoi ai-je rencontré cette grande fille qui me rappelle la Minerve du Capitole avec Son œil à la fois ruminant & héroïque. – Et elle a la grande ligne de la hanche ! Tu vois bien que je suis perdu.
Je vais filer pour d’autres cieux et comme l’oracle Antique je suivrai le vol des Grues.
Je pars pour Paris mon amy.
À toi
ΦΕΛΫ
Détails
Support
2 feuillets, 5 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir, Crayon Gris.
Copyright
KBR