Lettre de Félicien Rops

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J’ai reçu ta lettre trop tard pour te répondre à Dresde. Le premier mars j’ai écrit à la petite Maria, (comme j’avais appris qu’elle avait été à Hastière ou qu’elle allait y retourner,) je ne voulais pas lui envoyer les quinze francs au hasard. Elle ne m’a pas donné signe de vie. Es-tu revenu ? Écris. Tu as fait un beau voyage et tu as eu raison de le faire. Liesse est revenu mais je ne l’ai pas encore vu. Cet être là est inouï d’égoïsme naïf. C’est incroyable. Je travaille & je compte être à Bruxelles vers le 15 avril. Cause moi de ce qui se passe la bàs. J’ai écrit à Edmond qui ne m’a pas répondu – depuis deux mois !! Il y met le temps. La Vie Moderne voit le jour ! mais pas par moi, ni par nous. C’est Bergerat-Gautier le

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gendre de Théophile Gautier qui en est le Directeur. J’en suis & tu devrais en être ! – Je te proposerai pour une correspondance Bruxelloise – Les Cent Croquis sont finis, entièrement finis ! Je vais commencer d’autres machines de longue haleine comme celle-là. – J’ai un joli atelier13 Rue Labieet un lit pour toi. – Il y a ici un mouvement énorme d’art, & de littérature ; L’agitation qui s’empare des siècles à leur fin, comme le mouvement de l’Encyclopédie au 18e. On travaille, on se remue, il y a de nouvelles générations ; et au milieu de cela, les rentrés de 1871 ; les Ranc de la chose arrivent affamés & assoiffés de travail & de bruit & se replongent dans ce Merveilleux Mouvement d’idées qui tourbillonne ici & entraine tout. Pour la première fois depuis 89 !! on se trouve en vraie République et on le sent. – Tout grouille & grouillotte.

Le 1er avril ou plutôt le 30 mars je t’enverrai 30 frs, les 2 mois. Vite deux mots afin de savoir si oui ou non tu as le nez gelé ?? Et dis à la petite Maria qu’elle aurait bien pu m’honorer d’une réponse. – C’est du conisme, mais chez les femmes jolies c’est excusable. Je l’absoudrai.

J’ai lu que la Chronique se faisait condamner à des milliers de dollars d’amende. Hallaux se met bien !! – Gouzien devient gros – son beau père a failli rendre sa belle âme au diable. Les petites femmes travaillent, moi aussi ; les anémones des bois ont fleuri à Cernay la ville, nous avons été constater cela. Hannon guéri est toujours à Paris, j’irai peut être jusque là – Les Sœurs Vatard le roman d’Huysmans a du succès – 2e édition déja. Les Impressionnistes ouvrent demain, les Mirlitons viennent de fermer. Bérardi donne des conférences sur le Japon et a du succès. C’est tout – Ah si ! je suis amoureux

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d’une jolie fille rose comme Mlle l’Aurore qui m’a féru au bal des Artistes Dramatiques Samedi Dernier et qui était superbe en « Tricoteuse » de la Terreur. – Nous avons été là en sortant d’un fort dîner chez Filleau. – J’étais assis auprès d’un mr très savant qui avait découvert les ruines de Galgala en Judée, capitale des Benjamites. Il s’est pochardé comme un Karski, et il m’a juré que Galgala n’était pas Galgala mais Kaisarièt ! mais ! quil fallait toujours dire que c’était Galgala. Je l’ai mené « aux lieux » où il doit être encore. Je ne l’ai plus revu. Schaunard le vieux Schann était là !! Tout à fait gâteux !! Ah si Murger le voyait !!

Lis – et réponds ! – moi, je ne relis pas !!