Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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Tu n’es probablement pas venu à Paris puisque je ne t’ai pas vu. C’est maintenant, – le Champ de Mars restant ouvert, de 12 à 4, pour un ticket, que la formidable débacle va commençer. Ce matin les Ouled-Naïls de contrebande flanaîent, en costume parisien, apprenant la danse du ventre aux filles des Camelots. Le grand soleil, le soleil de St Martin éclaire joyeusement toute cette débandade. C’est encore « la fête » et pas la moins curieuse. J’en viens, avec un ami qui allait au plus vite enlever aux Mexicains des petites statuettes du pays, – car ces estimables industriels n’aiment pas livrer après payement, les petites saletés achetées à prix d’or par les bons amateurs d’ici, et il faut des navajas pour régler les comptes. – J’ai enlevé un pot serbe, mais il fallu invoquer des plaintes à l’Autriche & au Czar pour rentrer dans mes douze francs de Terre-cuite. D’autres pots ont été vendu quinze fois, et les quinze amateurs se regardent dans le blanc des yeux, vis à vis du bon Juif qui sourit bénévolement, et « ne sait plus un mot de français » – subitement ! – Je conseille aux acheteurs parisiens d’aller là bas avec une canne sérieuse & de commençer par rosser jusqu’aux gourmes, les « Abdallah » qui ne veulent plus parler sabir. Notre ami Hanoteaux, directeur des protectorats, commence toujours par la pile, et la prison ensuite. C’est sa façon de protéger. Il connait ses

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administrés.

Pourquoi donc t’écrivais-je ? Ah ! Bailly est prêt à faire « ton affaire de guides » une grosse affaire & qui te mettrait à même de la faire a-van-ta-geusement, pécuniairement. C’est trop bête de se laisser carotter par ces hannetons silencieux de la bàs. Silencieux comme les Sabiriens d’ici quand on réclame son dû ! Trop bête vraiment ! Bailly sur mon conseil ira te voir à Bruxelles, et comme je te l’ai dit, c’est un brave homme.

Autre chose : intéret personnel. Huysmans, (qui a lu l’article que tu as fait lors de ma décoration), va publier un livre insolent, – de ceux te plairont, et il y a là un article sur « l’érotique dans les Arts » d’une élévation rare, & dont je suis le motif, plutôt que la cause. Le livre est remarquable. C’est intitulé : Certains ; c’est un abattage des Vieux Dieux, fait pour ainsi dire, sans même en parler ! – En parlant des autres.

L’article qui me concerne est d’une telle crudité, qu’il vaut mieux ne faire qu’effleurer. Je te désignerai quelques passages à citer si cela te va, mais il faudra diablement se défier du reste ! J’ai besoin que ta vieille amitié m’aide encore en cette occurrence. Je veux faire reproduire ces citations, et ce que Bailly me prie d’y ajouter. C’est pour le livre qu’il prépare sur mon œuvre. Je t’expliquerai le pourquoi de tout cela. On t’enverra un article, tu le paraphrasera, & tu nous aura rendu service !! Pour le reste de l’article, en ce qui concerne les autres, tu feras ce que tu voudras. Il n’y a guère qu’à toi que je peux demander cela, – naturellement. –