Lettre de Félicien Rops

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Je veux bien toutes réflexions faites vous éclairer quelque peu au milieu de tous les aveuglements dans lesquels vous vous promenez de gaieté de cœur & parce que je veux rester votre ami quoique vous fassiez, parce que j’ai beaucoup d’affection pour vous en dépit de vos soupçons & de votre manque de confiance. Dom. m’écrit & me dit vos folies & de quoi il est question, de qui, plutôt. Je vous ai dit ce qu’il en était déja & si vous m’aviez aimé comme vous le disiez, ma Chère enfant, vous auriez cru d’abord l’homme qui vous aimait au lieu d’ajouter foi aux paroles du premier venu & aux misérables cancans de petite ville. Il n’en a pas été ainsi & je le regrette pour moi, – pour nous.

Malheureusement les choses brisées ne se refont pas d’elles-mêmes & il n’est pas en notre pouvoir de leur rendre leur consistance première, – pas plus que le doux éclat de leur jeunesse.

Je n’ai donc pas & je ne veux pas comme je l’ai dit me défendre – pour notre amitié pour celle que je vous porte je me borne à vous répeter ce que je vous ai dit : Je n’ai pas été l’amant de Mel R. – & je ne me divorce pas. –

Je n’ai pas de lettre Ma petite Marie, je les brûlais pour votre repos & pour vous préserver des hasards de la vie. Votre portrait je le garde, vous ne le refuserez pas à l’ami de votre vie.

Je ne vous ai pas trompée, – je n’ai aimé que vous & cet amour eut pu durer plus longtemps. Je n’ai jamais menti ni fait de promesses que je ne pouvais tenir. Je suis un honnête homme ; – Jamais je ne vous ai même

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fixé quelque date à la durée de notre liaison – toujours par honnêteté, parce que je sais qu’en amour on ne peut répondre du lendemain, – vous me l’avez prouvé. – Je pense à vous Ma Chère Marie sans aucune amertume, je ne vous en veux pas, – je vous plains de n’avoir pas aimé assez grandement & assez mollement pour vous mettre audessus de tout. Vous m’avez aimé en petite fille nerveuse & quinteuse .. Peut être valais-je mieux. – J’ai été puni & c’est justice, j’avais commis une faute en entrant dans votre vie, puisque je ne pouvais y être que l’ami des jours sombres & même l’ami caché. Je nuisais à votre avenir & je ne veux plus que cela soit, – cela ne doit pas être. – L’amitié la plus dévouée vous reste. & vous verrez, par le temps, que j’ai raison, & que je ne vous remplace pas. – J’ai été faible, mais dans la position où je me trouvais, il y avait quelqu’excuse à chercher une affection réelle lorsqu’on a le cœur vide & souffrant.