Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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voici qu’aujourdhui matin Lundi 29 Aout, me tombe ici une tuile d’une belle pesanteur : il faut que je quitte la Guymorais, la mère Duluc est très malade à ce qu’il paraît à la Demi-Lune, et tout le monde est en l’air. – Cela me coupe mes vacances maritimes d’une façon bien embêtante. Je pourrai peut être revenir ici, mais les voyages sont longs et assez chers, et tout cela n’est pas facile. Enfin nous allons voir de quoi il retourne labàs ! Pourvu que je ne sois pas encore sous le coup d’un nouveau malheur. Mme Duluc est adorée et avec justice, des ses enfants, & c’est la meilleure des mères & des belles-mères. Rien de nouveau, pas de détails autres sur la fin de Gouzien. De ma fenêtre, d’où je vois les Chausey, je devine où il est. Qui nous eut dit qu’il finirait là, moi ici, à quelques brasses de mer bleue de lui, ignorant tout !

Pour que tu saches bien où se trouve la Guimorais je t’envoie un schéma de la carte de St Malo. Je suis en haut de la presqu’île comme tu le vois, à deux lieues ½ de Cancale à 3 lieues de St Malo à quatre lieues de St Suliac sur la Rance.

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Le pays est très beau, les Cancalaises célèbres par leur beauté, calomniée par Feyen-Perrin. C’est une race à part. De grandes femmes brunes comme des Avignonnaises & de crâne allure. Nous verrons cela ensemble l’an prochain puisque le sort veut que ce ne soit pas cette année.

Mais j’espère te voir en octobre ou fin septembre à la rentrée. Nous passerions une bonne journée pleine à la Demi-Lune à parler de bien des choses ! Puis moi, en novembre j’irai à Bruxelles sans faute. Mon pauvre vieil Armand ! comme il va me manquer à cette rentrée ! Nous avions l’habitude à son retour de Brest, de déjeuner ensemble au cabaret pour pouvoir être maîtres de notre conversation, et nous reprenions langue pour commençer notre hiver ! Quelles bonnes histoires les coudes sur la table au dessert ! Pauvre vieux ! Sacrée vie ! On n’est sûr de rien ! Ni d’un peu de sa vie, ni de celle des autres ! Je suis découragé ! Encore si tu habitais Paris ! Enfin ! Cela me fera aller plus souvent à Bruxelles !

– Uzanne est un bon ami, mais il n’a pas les années de bouteille ! Pradelle qui était devenu « un vieil ami » par un miracle d’intuition & de pénétration sympathique, est mort aussi, stupidement de la même influenza que Gouzien, car Gouzien est mort de l’influenza, dont il n’était pas guéri, opinion de Filleau, et la mienne.

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