Numéro d'édition: 2715
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
Heyst
Date
1881/10/13
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/135
Collationnage
Autographe
Date de fin
1881/10/13
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Heyst-sur Mer
13 octobre 1881
Mon Cher Vieux,
Je pars demain Vendredi pour Paris – par Gand sans passer par Bruxelles, où je vais revenir en Novembre.
Le mauvais temps avec un ami, comme toi, coureur de dunes & de plages, c’est facile à supporter, & nous passerions très bien un hiver à regarder tout simplement le flot monter & le bon soleil se coucher dans ses gloires. Mais depuis deux ou trois jours je suis voué à la Conversation de Bellis et de Mr Charles. Si celle de Mr Charles manque de fonds, celle de Bellis manque de sommets ! De temps à autre Artan vient jeter quelques phrases aussi creuses que cambrées, & cette pâture intellectuelle ne suffirait pas à une levrette. J’en ai assez. Si je pouvais rester seul !! mais depuis ton départ, on vient me « tenir compagnie » ! & je ne peux plus dire deux mots à la vieille Talassè notre amie d’antan, sans voir surgir le nez de Bellis, un nez que son propriétaire n’a pas obtenu en suçant de la glace. Mais quand on a admiré ce résultat pendant quelques minutes, on est rassasié du spectacle & l’on voudrait se débarasser de l’objet & de son véhicule.
Mais Bellis tient à nous !
Page 1 Verso : 3
Puis j’ai de vagues aspirations vers les cretonnes de là bas & j’ai besoin de revoir le museau noir des petites bottines sortant du flot des balayeuses ! – Je te ferai signe de venir me retrouver aux premiers derniers beaux jours de la foret, Nous retournerons à Montigny. Cela doit être ravissant à l’automne !!! –
Puis – il est de ton devoir de venir ! que dirait la rondelette Mlle Bonvalot ! Autre chose : Si Jacob veut enlever mes meubles de l’atelier, sans devoir les démonter, je veux bien consentir à leur enlèvement, – mais si cela lui est égal d’attendre jusqu’en Novembre, prie-le d’attendre. Je serai le 15 Nov. sans faute à Bruxelles. Je dois y venir pour le subside qui est accordé, – Ce n’est pas le Pactole ! mais le Pactole ne coule pas à Bruxelles, c’est la Senne qui y coule & il y a une forte nuance !
– Jan Verhas est retourné aussi à St Josse ten Noode !
Fais un joli compte rendu du livre d’Hannon s.t.p. & touche de ta fine main aux illustrations du bon peintre Rops.
Je t’écris sur du papier pétrolé. Toute la maison est comme cela depuis qu’on allume les lampes d’hiver ! – Je me fais aux poires cuites au pétrole. On dirait que c’est mauvais, – on s’y fait, – c’est fin.
– Si Jacob voulait attendre jusqu’au 15 novembre, cela serait préférable pour lui, je l’aiderais dans la besogne du déménagement & j’ouvrirais les armoires. Demande lui cela pour moi.
Écris à Paris rue Richelieu, & expédie moi là tout ce que tu feras sur Heyst ou Blankenberghe, à l’instant ! N’oublie pas l’hôtel Barvoets !!!
Ah les soirées étaient dures !! Je regrettais bien la douce tête de Stéphanie, – « tombée des Pourbus » & les mugissements de ton forté-piano ! – Bellis devrait bien rentrer, lui, dans le cadre de son Jean Steen ! – Bellis Perennis – dit Linnée. il le sentait ! – Et dire que que cette autre trouée & enluminée porte le même nom que la « blanche » Marguerite » de Goethe ! Terrible Bellis ! Il venait à 7 ½ se camper devant moi avec le vide de son ventre & de sa tête, il remplissait le premier, le reste – me regardait, – rude besogne !
À toi vieux
Fély
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Lisse, Vert.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR