Lettre de Félicien Rops

Page 1 Recto : 1

Je vous mande réception de votre lettre, qui me paraît empreinte de malignité en la relation de mes faits. Je ne sais où d’aventure vous prenez les choses que vous dites & que vous crûtes plaisantes, mais j’estime qu’elles sont de mauvaise façon & d’un désagrément d’esprit à quoi l’on ne s’accoutume point. La violence de vos discours, Monsieur & Ami ne puiserait sa raison que dans la faiblesse de votre entendement, & je vous fais l’honneur de ne point vous trouver en ce cas. Je ne vous cache pas mon sentiment par la dessus, & il y a belle lurette que je vous l’eusse fait savoir si je n’eusse craint de vous mettre en grande colère & de rompre un commerce d’amitié auquel je tiens de trop sérieuse manière pour ne pas le mériter un peu.

Donc Monsieur & Ami, je compte prendre le coche de Paris pour aller m’en expliquer avec vous & traiter de bonne amitié ces délicates matières.

Page 1 Verso : 2

Je compte prendre mon logis à l’hôtel de Valoÿs non loin des galeries de Bois. J’irai, je l’espère demander mon pardon à Madame Brohan dont les Comédiens du Roÿ regretteront toujours l’aimable présence & sa manière, où le Bel-Esprit & la douce Gaieté s’étaient joints au Bien-Dire. Je veux entendre aussi Monsieur Elleviou & applaudir Madame Saqui. – Ne m’oubliez pas auprès de Monsieur Gouzien qui honore de sa plume le Mémorial François & qui continue près des nymphes du Jardin Turc le cours de ses gallanteries.