Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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Que veux-tu que je te dise, Mon Vieux ?, – je crois que maintenant il n’est guère effectivement utile que tu viennes à Paris ! L’Exposition ferme Lundi. Je t’ai attendu de fin mai au 15 Juin, au lieu de cela tu es allé à Londres pour les courses d’Epsom, que tu peux voir tous les ans !!! Dupont n’est pas à Londres pour une saison ! et puis quand même !! À ta place je serais venu à Paris & j’aurais télégraphié à Dupont :

« Irai an prochain, affaire urgente, présence Paris »

Tu as dans la tête, ou dans la vie une disposition à rater les femmes, & à trouver que cela doit être ainsi ! L’affaire urgente : c’était que je t’avais préparé un terrain, où tu n’avais qu’à semer pour recueillir, & cette question de mariage, étant d’après ce que tu m’as dit inséparable de ton retour à Paris, je croyais que tu allais t’en occuper, & que dans ta pensée elle avait bien l’importance des Courses de labàs & de ton Guide – même !!! de ton Guide – même !!!!

– Comme je crois qu’en ces matières un ami peut rendre service & dire à son ami : Tu veux te marier, voici une femme, jeune,

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charmante, qui a toutes les qualités vraies Seulement, il faut que tu ne perdes pas une minute & que tu fasses feu des quatre pieds, – n’ayant déjà pas trop de feu du reste – de visu, du moins ! J’arrange donc tout de sortes de choses, le voyage de Hongrie, que tu as eu raison de faire d’ailleurs, – vient déjà jeter un froid, – Epsom a tout gâté !! Le Semeur est venu, – il seminatore ! – mais ce n’est pas toi, Mon Vieux, & tu y perd plus que tu ne penses, car jamaistu ne trouveras l’équivalent de la petite femme en question. – Les femmes comme elles ne trainent pas longtemps sur le pavé du Roi ! & lorsque tu te décideras à venir ici, elle sera mariée probablement. – Donc reste labàs jusqu’a ce que tu aies trouvé une Belge aimable & bête, ou viens ici épouser une Française quelconque, – seulement l’affaire d’ici est brûlée ! Si tu savais quelle boulette tu as faite !!! Tu devrais prendre comme devise : Trop tard. Cet étonnant ce que tu es un tardeux ! Ah ! rien n’est avantageux comme d’arriver toujours là, à l’heure, & de pincer la mêche du père Occas !!. – Non tu rates les trains et les hasards heureux ! – Enfin ! – C’est tout. Que veux-tu que je te dises ? Ce n’est pas faute de te prévenir que tu allais finir par jouer les vieux hérons « du fabuliste » & tu les joueras !! Tu le veux ! – C’est ta destinée ! Fatum !

– Je te trouve prodigieux !! On dirait que tu as dix-huit printemps, et des femmes plein tes goussets ! Je te l’ai déjà dit.

– La petite Marie Bonvalot fait

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d’ailleurs un fort joli mariage. C’est un commerçant qui l’a vue à la foire aux plaisirs du Palais Royal avec Léontine. C’est un des grands fournisseurs de Léontine, riche. Il s’est informé & s’est présenté aux parents ! Voilà ce qui s’appelle mener les choses. Quand tu trouveras encore une femme qui te convienne dis-toi : J’ai une quarantaine sonnée à volée, les mois sont des années & décidons nous à la vapeur ! À notre âge on n’a pas le temps de monter dans les coucous. – Est-ce assez fatal ! Tu devais aller avec Léon à la foire aux plaisirs, qui était ravissant par parenthèse, c’était dans le programme !! Nie la fatalité !! –

Je vais en Juillet en Belgique –

le 15 je m’installe 17 Rue Drouot & le 20 je serai à Bruxelles puis à Ostende. – Si tu étais venu je t’aurais engagé à louer le 15 juillet ton appartement. Tu perdais un terme, mais tu le regagnais & au delà par la facilité de trouver ce qui te convenait beaucoup mieux qu’en octobre.

En octobre c’est plus sûr. Du reste tant que je ne t’aurai pas vu ici je ne croirai pas à ton arrivée à Paris. – Enfin si tu y viens, occupe-toi de l’affaire Laffitte. C’est très bien cette « place de voyageur & c’est très recherché.

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