Numéro d'édition: 2654
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1875/08/02
Commentaire de datation
Datation sur base du cachet postal d'envoi et de l'apostille.Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/71
Collationnage
Autographe
Date de fin
1875/08/02
Cachet d'envoi
1875/08/02
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
2 Aout 75 ; Reproche
Page 1 Recto : 1
(Herman m’attendait à 5 heures précises au Singe pour affaires.)
– D’abord Mon Cher Léon 5h.10 n’est pas cinq heures, surtout quand tu m’as donné chez moi trois rendez vous auxquels tu n’es pas venu. Tu ferais rire un concile en racontant ce que tu m’écris que ta journée entière est prise par les deux ou trois articles que tu écris par semaine à la chronique. Puis tu sais que tous les jours à 6 heures je suis au singe, puis les choses de chez moi dont j’avais à t’entretenir me paraissent assez graves & d’une nature toute spéciale pour que tu enfreignes un peu la loi de « travail forcené » que tu t’es imposé. Je t’ai demandé il y a juste dix jours d’aller chez moi demander un gilet, un volume de la mythologie & des nouvelles de ma maison. Tu es resté quatre jours avant d’y aller & depuis je ne t’ai plus vu. J’ai demandé une seule fois à Lambrichs d’aller chez moi pour savoir ce que devenait la situation, et Lambrichs le lendemain abandonnant pour quelques heures le portrait de MrVinchent directeur des postes & homme protégeant les arts, pour aller simplement voir ce qui se passait chez moi. Depuis il y est retourné huit à neuf fois sans que j’aie eu besoin de trop le supplier. – Tu écris sur mon ardoise que « je ne t’y reprendrai plus » – J’aurai effectivement soin « de ne plus t’y reprendre » cela m’a trop mal réussi. On croirait reellement que j’habite Liége ou Ostende ! il faut pour
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aller & venir de n’importe quel point de la ville : une heure – et rien de plus – maintenant il paraît que tu n’as pas trouvé cette fameuse heure-là. Je ne te le demanderai plus. – Tu sais très bien que je suis à mon atelier de 9 à 5 heures tous les jours tu ne mettras pas dans la tête qu’en te levant, par extraordinaire, une heure plus tôt, que tu volerais au susdit « travail forcené » tu ne parviendrais pas à atteindre la rue de l’Association, mais il faudrait te déranger quelque peu.
Je ne suis pas d’ailleurs le seul à me plaindre de toi. Tinant & ses demoiselles faisaient remarquer avec assez d’amertume, que Lundi & Mardi les deux jours où tous leurs amis étaient réunis le soir près d’eux, tu n’arrivais pas même leur serrer la main cinq minutes lorsque les autres avaient passé leur journée à leur rendre les mille petits services qu’on est en droit d’attendre, de ceux qui fréquentent votre maison, en ces circonstances pénibles. – Je n’étais pas à l’enterrement parce que j’étais près des enfants avec leur tante. – Je suis allé au cimetière après le service & je ne t’y ai plus vu, on m’a dit que ta présence était jugée nécessaire près de la dépouille mortelle du père Vauthier. – Je te dis simplement l’effet qu’a produit ton absence, surtout quand on a su le lendemain que tu étais au Parc, – où t’appelait toujours le susdit « travail forcené ». Du reste cela ne me regarde pas mais seulement dis-moi par écrit puisque je ne peux te joindre. si :
1° Je peux avoir le volume mythologique
2° Si je peux avoir un gilet de bal
3° Et des nouvelles de ma maison, que j’attends depuis dix jours grâce à ta complaisance ; – J’avais encore à te demander d’autres choses mais heureusement Lambrichs quoique travailleur sérieux a bien voulu se charger
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de ces commissions, peu agréables je l’avoue, mais enfin il n’y a pas seulement des choses agréables dans la vie.
À toi
Fely
Dis à Victor qu’il m’est de toute impossibilité d’assister au banquet de la Chronique. Je dois être Vendredi pour affaires à Namur.
Note : que si moi je pouvais aller à la chaussée de Charleroy j’y serais allé déja, mais tu sais que je ne peux sortir le jour & que je ne peux approcher de l’avenue où je peux me trouver en omnibus face à face avec Paul ! – Pourquoi ne pas même venir au Singe en repassant ? c’est stupide, avoue le lorsque tu sais que je brûle d’avoir des nouvelles de chez moi ! – Si tu m’avais demandé la même chose je me serais passé six fois de diner. Enfin c’est fait mais je t’assure que comme tu l’écris, très joliment je ne t’y reprendrai plus & tu ne m’y reprendras plus. –
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR