Numéro d'édition: 2674
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/93
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
1876 ; vie active à Paris -
Page 1 Recto : 1
Mon Cher Léon,
Je t’ai écrit « un tas de fois » & tu ne m’a pas répondu – ne sais pourquoi. J’ai envoyé aujourdhui à Fontaine un mémoire (!) relativement au « Conflit » qui a éclaté entre moi & Edmond. – Tu le liras, puis tu l’enverras à Hagemans lequel le remettra à Dandoy. Cela est clair comme de l’eau de roche & net comme un trait de burin. Edmond a fait là une de ces légèretés d’élephant dont il est coutumier. – C’est d’une bêtise idéale. Comme je sais que les absents ont tort, même auprès de leurs plus anciens amis, J’ai tenu à ne rien laisser dans l’ombre. Cela m’a embêté, parce qu’il y avait là des questions de parenté entre moi & ma cousine Hortense Rops & que j’ai été jusqu’à un certain point forcé de montrer qu’elle était heureuse de rentrer dans les avances faites à son fils – ce qui était l’absolue vérité. – Je t’écris surtout pour te dire que, au nom de l’ancienne amitié qui nous lie, je te prie de surveiller fortement Edmond relativement à ses intempéries de langue. Tu sais comme moi combien ce grand dadais est inconséquent & stupide en ses propos. Fontaine qui le juge très bien me disait qu’il est pis que sa mère qui passait pour la plus sotte & la plus mauvaise langue de la bonne ville de Mons, qui doit en renfermer quelques jolies. Et de jour en jour je vois que Fontaine
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est dans le vrai. De plus, je sais de quelle façon il lâche un ami quand il le lâche. Je lui entendu traiter Samain, avec lequel il a vécu en frère pendant quatre ans, de voleur, parce qu’il lui devait dix francs ; & [effacé] (chez lequel d’ailleurs il va passer d’aimables soirées) de « sale maquereau &c &c et la bonne mère Parys ! et les autres !! – Il fait des parties avec toi & ta maîtresse, – et l’appelle « gueuse » &c &c – Voilà le gamin. – Tout cela m’embête & je suis décidé à ne plus rien lui passer. Je te prie donc en ami 1° de le prévenir que je t’ai écrit à propos des racontars susdits, – inutile de lui montrer ma lettre qui est une lettre inter nos mais dis lui la chose en camarade. – S’il persiste il est de ton devoir d’ami de me prévenir de la chose, & j’y mettrai un terme – en ce qui me regarde personnellement, en prenant le train de 7h. du matin & en allant lui flanquer une paire de giffles un peu sérieuses. – Je commence à croire que c’est un commis voyageur frotté de quelque littérature, & rien autre chose. Il a été tellement ridicule dans toute cette dernière affaire que cela donne quelque poids à mon dire.
En tous cas je te prie d’ouvrir l’œil & de ne pas me laisser trop bêcher. C’est un peu ton devoir & tu ne douteras pas que personne ne s’aviserait de dire le moindre mal de toi vis à vis de moi. Je te prie d’y apporter un peu d’énergie.
Lorsque tu auras lu les papiers que te remettra Fontaine tu les remettras à Hagemans qui les remettra à Dandoy – J’y tiens – écris moi vite.
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Ici rien de nouveau. Tout marche bien, Le
De nouveau – il y a ici un fort mouvement littéraire. Les enfants qui avaient douze ans en 1870 en ont dix huit maintenant, il y a une nouvelle génération qui commence à faire du bruit & se demène. La belle Saïrana de d’Hervilly a réussi à l’Odéon. L’
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un peu bête de tant faire de voyages à Binche & à Bruges & à Charleroy pour boire du Bourgogne avec des bourgeois, au lieu de pousser ta vieille branche un peu par ici ! Prends garde Cher Vieux & défie toi de toutes ces fréquentations un peu lourdes – Cela a du bon mais c’est bigrement opaque & je crois que deux fois par an Paris ne te nuirait pas. Ce pauvre réveillon s’est encore passé sans toi et cependant il était charmant je t’assure, & l’oie aussi cuite à point qu’elle le pourrait être à la Samme. – Et la Samme n’avait pas les jolies toilettes & les jolies femmes & la gaieté du bon Gouzien & le bon rire aiguisé de Paris. Viens plus souvent & tu t’en trouveras bien. – En avril j’irai à Bruxelles – je descendrai chez moi tout simplement & je passerai quinze jours la bàs jusqu’à l’ouverture de l’Exposition.
À bientôt & à toi
Ton Vieux fidèle
Fély
Je t’embrasse pour ta nouvelle année & je t’envoie Mardi deux exemplaires de l’Oliviérade Une grande machine parue dans l’année
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR
Personnes citées

Félicien Rops
Henri Liesse
Léon Dommartin

Armand Gouzien
Edmond Carlier
Armand Dandoy
Cyprien Godebski
Madame Fontaine
Ernest Christophe
Louis Samain
Victor Fontaine
Alfred de Musset
Adeline Dulait
Jules ou Jean-Georges Vibert
Ernest d'Hervilly

Alexandre Cabanel
Madame Parys
Emile Erckmann
Alexandre Chatrian
Gustave Hagemans
Hortense Rops
Pierre Viron