Numéro d'édition: 2819
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/469/6
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
- Réclame ; - Guides Dommartin
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Pourras-tu lire ? – J’écris dans des obscurités » !
Vendredi matin.
Tu comprends que ma phrase « Leclercquienne » Vieux Vacheur que tu es, n’était qu’une boutade & pas même ça ! – Mais Si ! je vais à Nieuport ! & absolument. Seulement je ne comptais y aller qu’en Septembre ! Voici comme j’avais réglé mon affaire sauf dérèglement : du sept
Maintenant, je t’écrirai demain ou plutôt Lundi ma décision absolue. Je tiendrais à passer, & j’y tiendrais beaucoup une quinzaine à Nieuport avec toi & ta fille & la mienne ou à Rosenthal, mais j’aimerais autant Rosenthal. – Si tu tiens à faire tout de suite une dizaine de jours de bains, ne voudrais-tu pas à Rosenthal ? C’est tout près par Furnes – ? – Enfin, je tu me diras cela dans ta lettre Lundi.
Le dessin « de Cuba » est en train de gravure & très réussi. – Gouzien, même
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était satisfait ! – pour les actionnaires.
– Je t’assure que tu as eu tort de ne pas glisser la réclame, qui n’avait nullement besoin d’être mise « de force » comme tu le dis mais qui arrivait même avec un naturel particulier. – Et puis quand même, nous n’écrivons pas ces choses là pour nos amis ! – mais pour le public & en ces matières, le public belge est encore plus bête qu’ailleurs. Tu ne donnes pas une raison sérieuse pour l’omission de la susdite. Picard m’écrit & je te dis ce qu’il m’écrivait : « J’appuie votre demande de subside, mais vous avez des amis dans les journaux faites parler de vous. Tout cela a de l’influence à un moment donné » – Tu peux parler de moi dans deux journaux, je t’expliques les « pourquoi » et tu ne le fais pas ! Je ne peux m’empêcher de trouver la chose bête.
Et je t’ai déjà dit, en d’autres temps (il ne s’agissait pas de moi, & je ne suis pas en cause,) les reproches que l’on te faisait de ces omissions systématiques ; – Fontaine me disait & je te l’ai répété : de Roddaz – Tardieu &c &c tous m’ont toujours donné un coup de main de réclame, & Dom jamais. Hannon se plaignait aussi à propos de son livre & du silence en lequel tu l’avais tenu malgré sa demande. – Il ne faut pas pontifier dans la Chronique ni autre part & et tu n’as pas cette intention, je le sais parfaitement & aussi bien que toi,
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cependant accorder à quelques mots de réclame plus d’importance que cela n’en a est un tort. Et quand même l’on dirait que tu fais une réclame à un camarade – même sans talent – cela ne peut que prouver ton amabilité !! Il ne s’agissait pas de savoir si Hannon faisait de beaux vers, ou non, – mais de donner « le petit coup de main » de Fontaine, à un aimable garçon à goûts littéraires qui faisait son premier livre & sans le juger de haut & en grosse voix. – Je t’en ai parlé, & tu m’as répondu que jamais tu ne parlerais « de ces choses là ! », – comme si tu étais chargé de décerner un prix d’académie.
– Crois-moi puisque tu as à la main un organe assez populaire & même deux organes, fais de la réclame aux camarades, tant que tu pourras, – tu feras plaisir aux autres, – et cela en restera toujours ; – les organes ç’a n’est bon qu’à cela ! – Je n’ai rien demandé à Uzanne & personne ne lui a demandé pour moi, & il ne se passe pas de semaine sans qu’il ne trouve un mot aimable pour moi, à imprimer. Hier, sans aucune sollicitation, il m’a montré un paquet de documents sur moi, commencement d’un grand travail. – Je lui sais, naturellement de cela une vive reconnaissance. – Comme je le remerciais il m’a dit : Mon Cher Rops vous êtes un artiste ignoré, & je ne m’explique pas que vos amis de la Presse, qui doivent être nombreux, n’aient pas tenu à vous imposer au public, je le ferai, moi & j’y tiens.
De la part d’un ami de six mois c’est tout à fait charmant. – Je n’ai jamais
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demandé de réclame que lorsque j’en avais besoin.
– Encore une fois je ne suis pas en jeu, ou plus en jeu, mais depuis les ans nombreux que chroniquise au passage St Hubert, quel bien & quelles réclames n’aurais-tu pas pu faire à ce pauvre diable d’Artan, qui est un compagnon d’enfance & à Dubois ? & à dix autres ? – C’est moi qui n’y aurais pas manqué à ta place ! – Regarde ce que je dis d’Artan qui n’est plus mon ami, – à ce qu’il dit, & comme je soigne mes amis ! Si j’éreinte les ennemis. – Et Hannon ne t’a pas rendu la pareille. Il aurait pu dire : est ce que je parle d’un Guide ? – Et les autres aussi.
Pour moi ces choses là sont des devoirs d’ami voilà tout, & je ne laisserai jamais passer l’occasion de parler de ceux auxquels je m’intéresse. Il est bon de raconter des paysages aux bourgeois, qui s’en fichent d’ailleurs, mais il est très bon de leur corner, à ces grandes oreilles, quelques noms, qu’ils retiendront à l’occasion lorsqu’ils voudront acheter un livre ou un tableau.
– Je parle dix fois de Gouzien dans les souvenirs de voyage que j’arrange, comme il parlerait de moi dix fois, s’il était à ma place, j’en suis certain. – Tu es un contemplatif, mais il faut être aussi un vivant & de son temps. Crois-tu que les salons de Diderot soient deshonorés parce qu’il s’écrie : « Je sors de chez mon ami Greuze que Madame Greuze était charmante en déshabillé galant que peignait mon ami Greuze &c &c &c & Et quand le diable y serait, c’est une manière de réclame du temps. »
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR