Numéro d'édition: 2797
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1889/02/04
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/218
Collationnage
Autographe
Date de fin
1889/02/04
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
Travaux
Page 1 Recto : 1
Lundi 4 fév. 1889.
Je suis en train de grogner contre Paris, Mon Vieux, à ton, – à notre endroit. C’est vrai : on te voit, on se propose de passer ensemble une bonne soirée dans quelque vieux coin, & cette sacrée ville, avec sa vie tohubohutée, & ses exigences de chaque jour, ses obligations, ses rendez vous nous force aussitot vus à nous séparer ! J’avais un tas de choses à te dire, à parler de nous, & il me semble que j’ai à peine eu le temps de te serrer la main. – Que le diable emporte cette vie là, – on n’a plus même le temps de la sentir !
– Godebski va habiter Bruxelles, pour toutes sortes de raisons trop longues à expliquer, & que je te dirai de vive voix. –
– Ah ! tu me ferais très grand plaisir en m’envoyant trois ou quatre exemplaires, & même si tu le peux une demi-douzaine de numéros de l’article que tu as eu la gracieuseté de faire sur moi, à propos de mon voyage au Sahara. On a pris mon n°, & on a pris celui de Gouzien, pour les joindre aux collections-Rops. Tu sais les manies des collectionneurs, & il y a déja Rodrigues & Conquet qui m’embêtent pour avoir ce n°. Fais un effort. Darzens s’est emparé du mien, & a lu l’article à Hauraucourt qui s’est joint à la meute & en demande aussi : « un numéro » !!!!! J’espère pouvoir aller en Belgique avant peu. J’ai besoin d’y aller,
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& en plus, grande envie de voir mon fils, qui devrait se marier, c’est ce qu’il pourrait faire de mieux. Cette vie de gentilhomme campagnard n’étant logique qu’à la condition de se livrer à l’élevage de ses produits. Je t’envoie sous cartons-rouleaux : 1° le frontispice de : La Pudeur de Sodome. 2° Le idem de : L’Amante du Christ. 3° des Masques Parisiens.
Le premier de ces livres est une Satire Égypto-Parisienne de Gustave Guiches tirée à un très petit nombre d’ex. & déja introuvable.
Le second : une machine pour le Théatre Libre, en vers, de Rodolphe Darzens, un des jeunes parmi les poètes, qui a des savates à lui. Le troisième : un ramassis quelconque de mauvais articles du divin Champsaur. C’est mon : « pour acquit » ce frontispice ! Voilà trois ans que Champsaur me la fait à : l’article forcé ! Je connais le tour : Il fait un article sur moi, dans n’importe quel Petit Figaro du Samedi ; puis me l’apporte en me donnant du « Cher Maître » & en me demandant : un frontispice !! Connu, & fini. Il est prévenu. Je n’aime pas devoir à ces gens là : Je l’ai payé, et trop cher ; nous sommes quittes pour le moment, & nous en resterons là. Mais je prévois le nouveau truc pour 1889 : il me fera demander un frontispice par sa femme ! Je prépare ma cuirasse d’airain & le bouclier de Pallas ! À moi Minerve ! –
Quand tu viendras ici, je te donnerai à lire (½ heure !) le livre de Guiches. C’est d’une allure neuve & originale. Très curieux. Tu me donneras la liste des eaux-fortes que tu as. Je tiens à ce que tu aies sinon tout ce que j’ai fait, du moins, ou plutôt : au moins les planches principales, & pour cela il me faut savoir ce que tu as.
– À quel journal est donc employé votre vieil ami Capelle ? les
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saucisson à pattes ?
Si tu as besoin de deux ou trois épreuves du frontispice des Notes d’un Vagabond, je te les enverrai car la planche sera anéantie. Une très belle épreuve sur Japon grand format, a passé il y a deux mois, à la Salle Drouot, avec cette mention textuelle :
N°… Les Notes d’un Vagabond.
Frontispice
Belle Épreuve d’État grand Japon :
« Ce frontispice gravé pour un des amis de l’auteur Jéhan d’Ardenne, “orne” un recueil de voyages des plus “récréatifs”.
Es-tu content Voltaire ?? 35 francs, l’épreuve a passé !
– Encore un mot : donne moi des nouvelles de Liesse, puisqu’il ne veut plus m’en donner ; invite-le quelquesfois chez toi. C’est un malheureux garçon, sur lequel avec ta bonne santé morale, il me semble que tu pourrais avoir une influence salutaire. Engage le à publier son livre. Cela peut le sauver, & cela seul peut le sauver.
Embrasse pour moi ton Cher monde
Ton vieil ami
Fély
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N.B. ne m’as-tu pas dit que tu m’avais écrit à Tunis ?? Dis à Liesse quand tu le verras qu’il veuille bien me donner de ses nouvelles. Ce n’est pas parceque je lui ai dit ma façon de penser nette, qu’il doit m’en vouloir. Je trouve cela assez sot de la part d’un ami de bientôt vingt ans, (1870 !) & envers lequel je me suis toujours Conduit comme un véritable frère. Je ne t’écrirais pas ceci si je n’avais pas pour lui une réelle affection qui résiste à toutes ces niaiseries.
Réponds un mot :
– nos de la Chronique
– Lettre de Tunis
À toi
Fély
Détails
Support
2 feuillets, 5 pages, Lisse, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR