Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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(Je viens de recevoir ta lettre aujourdhui seulement)

Écris toujours à Conquettout de suite je te prie, envoie lui mot pour mot la lettre que je t’ai écrite, je t’en prie !! Tu recevras la liste des principales pièces. Tu me fais perdre un temps précieux.

Écris-moi à Montlignon.

J’ai vu hier MlleBonvalot, j’ai diné avec elle. Gouzien l’a vue & la trouve charmante. Je ne sais pas ce qui se passe & je ne veux pas le savoir, mais Auré m’a dit :

« – Dommartin agit comme un vieux gamin qui ne connaît pas les femmes et il va faire rater une chose qui traitée par un homme aimant & sérieux pourrait faire son bonheur.

Je crois qu’au fond Émile Hermant & Dommartin se ressemblent beaucoup. C’est toujours l’égoïsme du vieux garçon qui ne voudraient se déranger en rien, & qu’on les adore pour cela ; – il finira comme Émile Hermant

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en grognant dans sa solitude, et il ne l’aura pas volé »

Je t’envoie cela comme note. Je n’en sais pas plus & je ne veux pas plus en savoir. Ah si tu rates Marie Bonvalot, tu rateras plus que tu ne le crois, & je crois que tu pourras effectivement te préparer des solitudes avec une vieille bonne. Et effectivement je crois que « tu ne l’auras pas volé ».

– Emma Rops comme je te l’avais dit se marie, le mariage s’arrangeait pendant que tu en étais en Italie. C’était aussi une femme qui t’aurait convenu ! Elle épouse un homme de ton âge mais qui comprend les femmes & qui comprend surtoutque à un certain âgeil fautsi l’on veut « aimer et plaire » et être aimé surtout, il faut faire tout ce qu’il faut pour cela & remplacer les charmes qu’on n’a plus par d’autres séductions morales & par la bonté surtout ! Sans cela on offre aux femmes une surface tellement désagréable qu’elles s’en vont, net & vous foutent là. – – Je crois que ton mariage avec Emma Rops aurait raté de la même façon

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que ratera peut être ton mariage avec Marie Bonvalot. Elle a été cependant bien charmante avec toi & je vois encore les bons yeux qu’elle te faisais ! et que tu ne voyais pas, en vieux con que tu es ! – Car « tu veux te marier » « il faut que tu te maries » voilà ton éternel refrain. Et c’est vrai car tu te prépares un âge mûr de vieux chien errant ! Et jamais tu ne fais rien pour cela, que des sottises ou des grossièretés pures et gratuites ! Je crois d’ailleurs que tu le fais exprès pour dégager ta parole. Sans cela ce serait trop bête !!! Et tu n’es pas une bête N. d. D. ! Quel vieux con ! – Allons c’est Dupont et les amis de Bruxelles qui ont raison, et c’est moi qui ai tort. Seulement tu aurais bien dû me le dire.

Non, on n’a pas idée de toi, quand on n’a pas suivi tout cela.

Alors il faut te mettre sur le dos et attendre que les femmes viennent te prendre la queue et te dire :

Mr bon Mr Dommartin voulez vous me faire l’honneur de m’épouser ? Étonnant !!!!

Étonnant !!!!!!!! Étonnant !!!! Et dire que tu passes à côté d’une femme

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courageuseénergique & pleine de bon vouloir : ce qu’il te faut à toi pâte molle ! honnête jusqu’à se préoccuper toujours de votre bonheur en ménage ! Jolie, avec des bras & des mains et « tout cela » joli. – Et tu regardes cela bèbêtement, passer le nez en l’air !!!!! Par exemple si j’avais su cela !!

Allons Vieux Con écris vite ma lettre et prends une vieille bonne dame Belge au lieu d’un de ces braves petits tempéraments francais, qui vous excitent, vous font marcher à leur côté vous aimant de tous leurs muscles d’acier fin. – Tu n’es plus bon à cela tu ne les comprends plus !!! La Belgiqueta roulé. – Moi je bénis Paris qui m’a donné la même femme que Marie Bonvalot. Je vois ma vie claire, pleine de travail & d’effort comme le ménage en réclame, mais crois-moi on a toujours la récompense des sacrifices – si sacrifice il y a par une vaillante & jeune compagne qui vous aime – Mais voilà il faut l’aimer ! et je crois que tu n’as plus cela sur toi ! C’est là le chiendent !