Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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Mon Vieux Léon

je t’envoie les quinze francs du loyer, tu vois que je n’attends pas la fin du mois pour te les envoyer & il en sera de même tous les mois. Il te reste donc 20 frs à payer, tu ne trouveras guère de chambre propre sans devoir payer ce prix là. Quand j’irai à Bruxelles nous aviserons à changer tout cela s’il y a lieu. Mais crois moi sois énergique avec la jeune puberte en question & fais la piocher. Liesse a dû t’écrire & m’a dit que tu pouvais placer un feuilleton au Temps. Ne dors pas la dessous ou là dessus, & fais ! – fais surtout.

age

! disait le vieux Bergeron

age quod agis

! Il faut que nous agissions rudement. Fais n’importe quoi une nouvelle wallonne ou autre chose, mais envoie quelque chose. Pour moi, j’ai toujours mon idée, & je suis certain que c’est la bonne, à ton endroit. C’est que si tu fais « les Livres » dans n’importe quel journal parisien, cela sera tellement remarqué & signalé au bout d’un certain temps, que tu auras ta réputation faite & la réputation c’est l’argent. Pourquoi ne pas écrire dans la Vie Littéraire ? Tout cela est lu, très lu. Or jamais on ne lit un N° de la Chronique ! C’est flatteur à Jodoigne d’écrire la dedans & lorsqu’on t’appelle Jean d’Ardenne l’échevin de La Hulpe qui voyage avec toi, te regarde avec admiration, mais avoue, que ces vanités là qui peuvent remplir d’allégresse l’âme de Victor de La Hesbaye sont bien mesquines pour un garçon de quelque valeur ! Et les temps me

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paraissent non plus être proches mais arrivés & qu’il serait temps de ne pas fruitsecquer. – Tu as d’autres facultés que Liesse & s’il trouve sa place ici, la tienne ne sera pas difficile à faire ! – Je prêche je le sais un converti, mais je veux hâter ton baptême.