Numéro d'édition: 2849
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/469/36
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
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Mercredi
Mon Vieux
Je te suppose revenu de Petit Chooz & je présuppose que tu auras trouvé ma lettre. Je vais m’occuper activement de la question du petit séjour de fin septembre du 15 au 30 pour nous deux. – J’emmènerai Clairon, tu emmèneras ta fillette & nous nous ferons à coups de vagues brutales une bonne santé pour le rude hiver annoncé.
– Je suis en plein pour parlers pour Roche-Claire. C’est très difficile ! il faut extraire de cette roche là un polype-paysan-vigneron qui s’est incrusté dans cette horrible masure – car ne t’y trompes pas c’est une horrible masure en ruines ! Si le paysan ne veut pas s’en aller à prix de cuivre, on ne sait trop comment cela finira. Je resterai dans la
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contrée, sans doute, mais j’aimerais
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champs, une vigne, des Chanoines de St Spire. Saccagée par les carriers à la Révolution il en restait déja très peu de chose lorsque la grand’route d’Antibes est venue la couper. Un fabricant de plâtre est venu là dedans a vendu les pierres curieuses & il ne reste de l’abbaye que des fours à plâtre & une porte sans caractère – mais tout cela divinement situé & dont je tirerai parti – comme situation. Il y a des matériaux de quoi faire six maisons. – À ce propos je te parlerai d’une chose à faire pour toi, à l’occasion. Je connais un vieux bonhomme qui veut vendre une remise avec terrain dont on ferait une délicieuse maison sur le bord de l’eau & pour 2 ou 3000 frs tu aurais cela. Nous en reparlerons si Paris tient pour toi. – Mon Cher Vieux, l’ignorance des lieux & des choses passées est telle chez les paysans & les bourgeois français que sans le vieux vigneron entêté qui m’a dit. Dans les temps ça a été une abbaye de moines – des bons vivants allez ! – à ce qu’on dit, – et c’est d’eux que proviennent les meillets d’ici » – (les vignes nouvelles la meilliet, moilleu, meillière, &c tu te rappelles Montigny – « les meilleurs » tout bonnement probablement ! – J’ai remué
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Corbeil j’ai questionné cinquante vieux, rien ! – C’est le père de « mon huissier, le père Hamelin qui m’a raconté la légende du Haut Vignon ou des Hauts-Vignons comme dit ma carte. Hein quel besoin de Guide sérieux ! – Rien dans le Joanne, pas même la légende de la petite maison du père ou de l’oncle du vertueux Malesherbes : Moulin Galant ! Rien ! Rien !!! – On demande un Dom ! & tu vois que le besoin n’est pas vague. – Enfin cette lettre sera peut être le premier document du Guide de l’Excursioniste futur.
Rien, toujours d’Edmond. – C’est Liesse qui a raison. Il ne faut jamais essayer de rendre les gens heureux malgré eux ! – Mais il me semble qu’un mot d’explication aurait pu avoir lieu. – C’est trop peu. Je te serre la main & à bientôt. Ton vieux
Fély
Pour les bains : Prendrais-tu un coin de Normandie ?
Cependant on m’a dit une chose curieuse c’est qu’Ostende était délicieux & pour rien pendant la 2e quinzaine de septembre & on est seul. Est-ce vrai ?
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P.S.
As-tu fait l’article sur O. Pirmez ? Si oui, envoie le moi.
J’ai bien l’envie je te le répète d’aller à Heyst du 1er au 15 juillet sauf à faire en septembre ou Aout une seconde quinzaine n’importe où. Je t’avais parlé de Penzanec en cornouailles. – Tu ne connais pas les côtes du Sud de l’Angleterre, le frère d’Hermant y a habité dans cette etrange « Cornwall » & il m’en a parlé avec un grand enthousiasme.
As-tu revu les Ritter ?
Artan s’est-il réellement de nouveau juxtaposé sur cette digne Louise Parent comme un bousier sur un étron ?
Ici son tableau, tableau qu’il a refait dix fois n’est pas même regardé.
Il fait depuis un mois ici une merveille de temps. Je nage dans la Bièvre !! – Avant moi on se contentait de s’y tremper le nez. Tout le monde nage ici maintenant. Léon Auré, Lucile Marie Bonvalot, Mlle Dupuis une « nouvelle » fort aimable & blonde comme du papier Japonais. Tu vois quelles parties & quelles joies ! C’est fort joli tout cela dans l’eau ! – Nous allons quitter la rue Richelieu
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et pour ma part j’ai une peur bleue de nous voir entrer dans ces séries de déménagements !! Léontine va louer un grand appartement au premier rue St Roch entre l’Avenue de l’Opéra & le Jardin des Tuileries, ou rue Louis le Grand, elle en a deux en vue, cela sera décidé cette semaine.
Puis Bièvres qu’il faudra quitter !! Avec regret par exemple ! c’est délicieux ici cette Bièvre dont les deux bras traversent le jardin & cela dans un paysage exquis avec une maison gaie comme une volière ; – c’est regrettable !! Mais c’est trop loin, on n’y arrive pas ! Il faut aller jusqu’à Versailles – Chantiers ! – et de là « attendre des trains » qui ne correspondent jamais ! Quand j’ai loué ici, il y avait les omnibus de Clamart & de Chaville, tout cela a été acheté par la grande Ceinture & supprimé. C’est désolant. – J’irai soit à Sèvres-Viroflay dans ces propriétés qui sont sous le bois des Fausses-Reposes, & qui ont de l’eau, & qui sont à portée de la Seine où j’aurai mon bateau ; soit à Juvisy, sur la Seine & à portée de la Foret de Sénart, ou à Champigny à portée de la Marne & du bois de la Lande. J’étudie cela avec de fortes cartes ! Heureusement ces déménagements n’auront lieu qu’en oct-novembre
À bientôt embrasse ta fillette pour moi
En voilà une bavette ! Je ne relis pas il fait trop chaud ! Tant pis.
Détails
Support
2 feuillets, 6 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR