Sexe
Masculin
Fille de Félicien Rops et Léontine Duluc. Elle épouse Eugène Demolder, juriste et écrivain belge.
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Page 1 Recto : 1Claire Duluc Rops ! Voilà ce que c’est que d’avoir un père aquafortier de son état.Dimanche.Je te réponds « par retour de locomotive » car hélas le bon courrier de nos pères est mort lui & ses botte à entonnoir ! – Le bal avec le bon Gunglard a lieu tous les samedis (de quinze jours en quinze jours) . J’en sors ou à peu près. Monde fou, le raide Gungl’ étant plus concentré que Strauss – moins « en dehors » porte moins sur la masse, mais quelle vraie inspiration & quelle variété dans l’œuvre ! Il faut absolument que tu viennes dans quinze jours. Ce sera le dernier bal avant la mi-Carême. Il n’y en a plus que deux avec Gungl celui de hier en quinze & celui de la mi-carême. Attention ! Il faut que tu me préviennes d’avance pour les cartes que l’on s’arrache.Je t’envoie mon travail de la quinzaine : tu vois quel prêchage !1° La Chandelle d’Arras destinée au livre de Kistemaeckers. (fais-toi immédiatement donner le volume par Kistemaeckers, tu feras relier en volume assez in
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Page 1 Recto : 1Paris 27 avril 1888Mon Cher Monsieur BoyerVous n’y êtes pas : – il n’y a rien du tout que les résultantes de mes propres travers cérébraux, plus impardonnables que des vices ! À certaines saisons je me sens pris de nostalgies indéfinissables, de besoins irraisonnés de fuir : « plus loin » ; du dégoût de tous les êtres, – & de moi, en chef !! – Une clairvoyance sinistre de notre noire bêtise me fait rêver des œuvres plus sinistres encore ; & je me fuis moimême, comme un reflet des actuelles humanités. Je me sens sans force, sans puissance, & sans talent pour rendre les laideurs d’aujourd’hui ; & je souffre de mon inanité, & de mes anéantissements. Pendant ces heures tristes, relégué dans quelque coin perdu, ou errant comme un chien mordu dans des paysages mornes, je n’ai souci de rien. Je ne réponds plus aux lettres, & les vibrations dans l’air des paroles humaines me sont cruelles ou odieuses. J’ai ma menstruation morale ! Je change de peau, comme les lézards, & j’atten
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Page 1 Recto : 1Paris 16 oct. 1882Chère MademoiselleJe suis si désespéré de ne pouvoir me rendre à votre si cordiale & si charmante invitation, que je n’ai pas même le courage de m’excuser. J’écrivais à Léon Dommartin que je serais Lundi à Bruxelles, et une heure après le départ de ma lettre il me tombait cette tuile que Dieu tient en réserve pour moi spécialement. Un de mes amis – avec lequel je fais un livre, idiot d’ailleurs est dans son lit avec une fièvre scarlatine & il faut que je le remplace partout, où l’on imprime où on colorie mes horreurs de dessins, grognant contre les uns & les autres. Vous croyez que c’est tout : le bouquet arrivait. Melle Isenay chez laquelle Clairette est en pension me fait savoir que ma mignonne fillette est assez gravement indisposée, elle a une forte bronchite, & d’une minute à l’autre je dois me préparer, – moi qui suis en plein dans ce désagréable coup de feuPage 1 Verso : 2de la bâtisse de ce bouquin, – à partir pour Douvres au premier signe ! To
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Page 1 Recto : 1Mr le Docteur Filleau 14. Rue de GrammontPage 1 Verso : 2Chère Grande madame & AmieDemain nous irons avec Claire vous demander à déjeuner demain. Clairette n’osait plus aller vous voir, mais elle est restée tout l’été & l’automne aux champs, & elle demande que vous sortiez votre indulgence des grands jours. Je vais vous faire tirer une épreuve un peu « risquée » mais comme votre indulgence sera à l’air j’en profiterai.À vous deuxFély RopsVoilà que je ne sais plus pourquoi je vous télégraphie. Puisque vous ne sortez pas !!! Enfin cela y est !
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Page 1 Recto : 1Paris Vendredi 12-1-94Mon Cher amije ne peux aujourdhui me présenter « au rapport » J’ai une planche à faire mordre. J’ai fait dire au Docteur Bénard que tu aurais la bonté de passer demain Samedi par la rue du Marché des Blancs Manteaux à onze heures. – La nuit n’a pas été bonne. La mignonne Clairette a beaucoup souffert « de partout » comme elle le disait. Ce matin quand j’ai quitté la maison elle était mieux.– À demain, Mon Cher Salvator-Albert, crois bien que j’apprécie à sa juste valeur le sacrifice que tu me fais en venant, toi mal portant, visiter ma pauvre fillette & lui donner tes soins. Insiste je te prie demain auprès de Léontine, sur la nécessité des désinfections de tout genre. Dans sa précipitation il me semble que ces choses là sont un peu négligées par elle. Et j’ai peur que Aurélie ne soit pas bien à son tour. Il ne manquerait que cela, comme chançarderie ! Excuse moi auprès de ta femme, de ne pas lui avoir remis les épreuves promises. Mais elle ne perd
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Page 1 Recto : 1La Demi-Lune – Essonnes. (Seine & Oise !)Voyons Mon Vieux Filleau, ne trouverez vous pas, ta femme & toi, cette semaine qui vient, un jour pour venir passer quelques heures à cette Demi-Lune qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, brûlée qu’elle est comme un morceau du Sahara, mais dont les habitants seraient bien heureux de vous y voir, tout de même ! – Nous arrivons, nous n’avons fait que traverser Paris, & enfin nous voilà, ou à peu près hors de tous nos ennuis. Et quelle année !: 1er Janv : – Discussions, procès etc etc avec le Crédit Lyonnais.– Recherches d’une associée sérieuse.– Déménagement !! de la rue de Grammont.– Vente Gouzien !!– Recherches d’une maison nouvelle rue de Grammont !– Recherches d’une maison particulière dans Paris !– Décision d’habiter rue « du Marché des Blancs Manteaux !– Déménagement rue des Blancs Manteaux ! Déménagement à la Demi-Lune.– Procès à la Demi-Lune avec l’administration du Chemin de fer de Lyon.– Je me démène avec les autorités,
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Page 1 Recto : 113 juin 1891 – La Demi-LuneMon Cher Ami & ma belle Amie,N’oubliez pas que vous partez à 9 heures 45 – gare de Lyon pour Corbeil ou je vous attendrai avec des véhicules. Je dis des car mes élèves sont invités, une bande de béjaunes du plus bel or. Puis Gouzien qui déjeune avec nous, Haraucourt, Liesse & son rêve, Uzanne & son frère. Rodrigues et son livre. Voilà des tas d’hommes & pas de dames ! – que ma belle amie. Ma petite Clairon a pour la circonstance attrapé une insolation. Elle a une tête extraordinaire ! N’oubliez pas l’aimable Pompon qui maintenant est invité de fondation. – Ah ! Mes pauvres roses ! Elles ont tant souffert qu’elles ne veulent plus fleurir pour moi. C’est ça la preuve que je vieillis ! Quand j’étais jeune aussitôt la porte du jardin poussée, tous les boutons s’ouvraient !! Maintenant il faut que j’y mette la main !À vous bien mes Chers Amis, & à bientôt j’espère Votre ancestral amiFélyPour les impubertes Sonnette de nuit
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Page 1 Recto : 1La Roche Claire Commune d’Essonnes. (Seine & Oise)Mon Cher Éditeur,Je vous demande d’attendre comme dernier délai jusqu’au 30 Aout prochain. Toutes les planches sont en main. J’ai été huit mois malade & je le suis encore et gravement, car le diabète est toujours grave. J’ai dû suspendre tout travail pendant ce temps c’est ce qui m’a retardé.Dans une de ses visites Dewez m’a dit « qu’un Monsieur » assurait avoir pu acheter une collection des eaux fortes des Diaboliques. Je donne à ce propos le démenti le plus formel. Les planches n’ont pas quitté mon atelier & j’ai pleine confiance en mon imprimeur, qui tire chez moi et que je laisse rarement seul. Je désirerais dans tous les cas éclaircir ce fait à l’occasion. Il est probable que l’on auraPage 1 Verso : 2confondu les Diaboliques avec les Démoniaques une série de ma composition.Vous pouvez compter sur toutes les planches le 30 Aout.Je devais aller vous voir, mais j’ai dû revenir à la campagne avec ma petite fille malade.
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Page 1 Recto : 1Paris 28 maiMon Cher Monsieur,je suis à la fois très charmé de la gracieuseté grande que vous avez eue de m’envoyer une place pour l’audition de vos Proses en Musique ; et désolé aussi ! Charmé, parce que ayant fait pianoté par ma grande fille, ne pianotant plus moi-même, votre « Album », que Delâtre m’avait prêté, je tiens en réelle estime votre talent, d’une allure très moderne : musique d’un nervosisme spécial, parisienne au possible sous-dermique, sceptique, & rêveuse avec cela, aux bons endroits. – Notez que en 1869 je « Bayreuthais » avant que ce ne fut de mode, ceci pour vous dire que je ne suis Philistin que d’apparence. – Désolé aussi suis-je, parce que je suis forcé par des invitations préalables de promener, nourrir & faire rire des Canadiens des grands lacs, qui, dans les temps, au Manitoba, (déjà embêté & souillé avant moi, par Chateaubriand, qui aurait mieux fait de polluer anticipativement Mme Récamier,) m’ont donné l’hospitalité dans leur campement, à l’
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Page 1 Recto : 124 juillet 1889Deux mots au galop, Mon Cher Eugène.Vous acceptez n’est ce pas la succession Waller à l’Artiste comme correspondant de Belgique ? – Pas d’émoluments ! mais de petits « bons procédés » : le service du journal, une passe de chemin de fer pour Paris une fois par année, ici : des billets de théatre. À Bruxelles peut être, si vous ne les avez, votre entrée à la Monnaie. J’écrirai à Calabresi, moi même pour cela. Puis enfin l’Artiste, par la force d’impulsion de 50 années d’existence, marche encore, et est lu pendant les vacances, les jours de pluie, dans les châteaux du centre par de belles Madames, lorsqu’elles sont fatiguées de jouer aux petits chevaux & les jours où elles ont leur mois. Puis ici tout vous fait connaître, & il y a des gens spéciaux qui lisent tout. Le Musée des Familles a des lecteurs qui datent de 1822, & qui continuent : « la collection ». J’ai bien lu la Revue Trimestrielle, moi ! – à Namur ! – & je me suis nourri des moëlles de Van Bemme
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Page 1 Recto : 1188922 octParisMon Cher EugèneIl est urgent que tu veuilles bien m’envoyer l’adresse hôtelière promise, – y comprise l’adresse du meilleur hôtel avoisinant la gare du Luxembourg.Lu le morceau très littéraire que tu as bien voulu me dédier, – ce dont je te remercie, intitulé : La Montée au Calvaire . C’est réellement très bien. Que veux-tu que je te dise ? Tâche d’en faire souvent des « comme ça ». Ah ! pour l’article-Browez, cent francs me paraissent suffisants pour le moment Je demande simplement deux choses : 1° de n’être pas tenu à faire : « une chronique » c'est à dire à parler après tout le monde de choses qui ne sont pas toujours intéressantes. 2° de ne commencer ma « chronique » appelons la comme cela cet article mensuel qu’en Janvier prochain 1890. Voilà Il est évident que je parlerai beaucoup plus des Expositions & des livres que du reste. Enfin je parlerai de ce qui me plaira, sans savoir si cela peut plaire aux autres. Entendu hein ? Si cela embête les gens,
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Page 1 Recto : 1Mon Cher EugèneDeux mots importants : Il faut que tu ailles le plus tôt que tu pourras chez Godebski. Il demeure : 5-7 ou 8 Avenue de l’Hippodrôme. Prends n’importe quel prétexte. J’ai des raisons pour ne pas écrire à Godebski. Il s’agit de savoir si misia est malade ou non. Ma fille lui a écrit d’Amérique et n’a pas eu de réponse à une lettre assez importante qu’elle lui écrivait. Tu diras que tu passes par là par hasard. Comme le courrier d’Amérique via Southampton part le Dimanche, il faut mon vieil ami – déja ! – que tu fasses en sorte que tu puisses mettre la lettre à la poste, – la lettre que tu vas me répondre avant Samedi soir. Si tu pouvais la mettre demain Vendredi, de façon à ce que je puisse avoir la réponse Samedi matin cela vaudrait encore mieux, mais cela me paraît à peu près impossible. Fais de ton mieux et le plus vite possible. C’est important. Dis moi ce que tu as dit. C’est un service que je demande là et sérieux ! Ne parle de moi à personne.À toi bi
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Page 1 Recto : 127 fév 1890 Paris.Deux mots « au Galop »Mon Cher Eugène :Je reviens du Havre avec ma femme & ma fille. Maison fondée à New-York : 614 Broadway. Clairette est la coqueluche des New-Yorkaises. Elles la trouve plus américaine qu’elles-mêmes ! Fille extraordinaire je t’assure, tenant tête aux Yankees les plus entêtés, & prête à jouer du revolver si besoin était. Quel dommage que Paul soit son frère, sans avoir son sang ! mais voilà c’est l’enfant de l’amour.– Accordé, mon vieux en principe pour le frontispice. J’avais juré de n’en plus faire mais pour toi, je manquerai à ma parole. Ferai mes conditions après !!– T’envoie deux épreuves eaux fortes prises au hasard. Recevras tout, petit à petit. Veux vivre longtemps. En outre de ces deux eaux fortes, une photographie que je t’ai promise : Prends cette photographie, va aux XX, mets toi devant le jeune homme mélancolique qui regarde je ne sais quoi dans le parc d’Héverlé & dis-m’en des nouvelles ! Ah ! ce « Knopft » (jamais je
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Page 1 Recto : 1Demi-Lune 30 Aout, 1891 !Que le diable m’emporte ! Mon brave Eugène, voilà une lettre que je croyais que tu avais depuis le 17 Aout ! ou plutôt que tu aurais du avoir depuis le 17 Aout. Elle avait été écrite le 17. Le 18 je pars pour Cancale intimement persuadé que j’avais remis la susdite lettre à mon domestique pour la jeter à la boite. Cinq ou six jours après mon arrivée làbàs, en farfouillant dans des paperasses de fond de malle, pour y trouver ma carte de Bretagne, je découvre la lettre que je croyais partie ! Vite je la porte au bureau de poste de Cancale, sans m’apercevoir que l’adresse portait : MrEugène Demolder 61. Quai du Hainaut, Paris (!!!!). (C’est le gâtisme pur! Enfin ! il a lieu – !!!) La lettre me revient, après avoir été ouverte comme « lettre tombée au rebut ». Elle était retournée à Cancale puis revenue à St Malo, puis à Paris, dans l’enveloppe de l’administration des Postes. Voilà son histoire, à la lettre !Du reste rien à changer à cette lettre qu
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Page 1 Recto : 1Paris 27 Janvier 1893.Voilà un grand mois que je veux te répondre Mon Cher Eugène, & que je remets cette réponse de jour en jour, sans raison, veulement, bêtement. Je te remercie de ta bonne lettre, qui m’a fait grand plaisir, vraiment. D’ailleurs je compte cette année, si cela te va, entrer en correspondance avec toi, & fréquenter chez mon cousin. Je ne t’ai pas écrit depuis un an, pas plus que je n’ai écrit à Paul, parce que je viens de vivre moralement & physiquement une terrible année ! J’ai passé à côté, – en la frôlant, – de cette horrible chose : la Cécité ! Juge de mes angoisses d’homme & d’artiste. Mon défaut, et ce défaut est je crois, peut être, une très noble & très distinguée qualité : c’est d’avoir la plainte « difficile ». La mort, comme la clamaient les Anciens, me semble préférable au gémissement. La plainte attriste ceux qui vous aiment & fatigue l’Amitié, sans l’intéresser excessivement. Je crois que c’est moi qui ai dit quelque part, (je n’en suis pa
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Page 1 Recto : 13 fév. 1894.Mon Cher Eugènevoilà un grand mois que je dois t’écrire, & j’ai passé tout ce grand mois au chevet du lit de ma pauvre grande fille atteinte d’une fièvre typhoïde, & tu comprends par quels vilains moments j’ai passé ! Enfin depuis hier, elle est hors de danger. Cela n’était pas trop tôt ! Je commençais un peu à devenir fou.Voilà pourquoi Mon brave ami, je ne t’ai pas écrit ce que je pensais de ton très beau livre les Récits de Nazareth. Je n’ai pas tout lu. Ce que j’en sais est d’un art exquis, d’une langue à la fois simple & pompeuse, somptueuse plutôt, comme les ornementations des retables du quinzieme siècle. Je vais achever ma lecture maintenant que ma pauvre cervelle a gagné un peu de repos, & je t’en écrirai longuement. Et surtout ne t’inquiète pas des opinions du Père Demolder. Si intelligent qu’il soit « ce n’est pas sa partie » comme disent les maçons. La plaquette « patronymique » est parue, je t’en envoie vingt exemplaires avec une liste de quelqu
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Page 1 Recto : 1½ Lune, Essonnes.(Seine & Oise)23 nov. 1894.Mon Cher Vieux Jeune,Reçu les volumes : Récits de Nazareth et les Contes d’Yperdamme. Manque : l’Ensor, envoie, je te prie. Dès que j’aurai gravé, ce que je fais maintenant, le frontispice du Supplément de l’œuvre de F. Rops, – de ce que l’on veut bien appeler : « mon œuvre » je me mettrai au tien. – Je vais porter demain ou Lundi soir tes volumes à Bailly, – (librairie Indépendante) je crois qu’il publiera la chose. Bonne petite maison. Cela vaut mieux que Vannier, qui est en décadence. Savine sur lequel je comptais, comme je te l’avais dit vient de sauter, ou à peu près, Lemerre est trop cerné & gardé à vue.– L’Automne, que j’aime comme coloriste et comme intimiste ne me va pas décidément, Je broie du brun, il me fait trop penser aux amis absents dont la perte me semble plus sensible aux feuilles jaunes. C’est que Novembre, c’était « la Rentrée !! Je revenais d’Anseremme ou de Blankenberghe. On s’était attardé autour des gra
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Page 1 Recto : 1Samedi 5Mon Vieux,Le facteur attend, et boit sa bolée, je n’ai que le temps de te dire que je répondrai demain à tes bonnes lettre. Tout le monde est heureux de la réussite des évenements, demain je t’écrirai plus longuement. On t’embrasse de cœur et en chœur.Bonnes amitiés aux tiensFélyÀ demain. Nous sommes dans le coup de feu du départ. On a – enfin – acheté le terrain des « Frères Arthur » ! Je vais signer ou plutôt Clairette va signer le contrat d’achat ce soir à St Méloir des Ondes.
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Page 1 Recto : 1La Guymorais par St Méloir des Ondes, Mardi 8 oct. 1895Ille & Vilaine.Mon Cher Alfred,Ta bonne lettre nous a fait à tous très grand plaisir. J’ai toujours beaucoup aimé Eugène que je considère comme un fils, et bien souvent je le grondais amicalement de cette demi-oisiveté dans laquelle il restait plongé, et où se rouillait son talent.– Heureusement l’influence de Claire très sérieuse sera plus forte que la nôtre, et si deux êtres réunissent de belles conditions et de belles chances de bonheur, ce sont à coup sûr ceux qui nous préoccupent pour l’instant. Nous ne pouvons malheureusement nous rendre à Bruxelles avant le 10 ou le 15 novembre. Ma femme est encore, pour six mois, associée aux dames qui ont repris sa maison de commerce, et elle rentre pour exécuter une importante commande que l’on ne peut refuser, mais j’espère que pour les fêtes de la Toussaint une partie de la famille pourra accompagner Eugène à Paris, et si tu peux en être ce ne sera que mieux.Comme tu le
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Page 1 Recto : 18 Mardi 95La Guymorais p. St Méloir des Ondes,Mon Vieil,Je t’écris avant de partir pour St Malo, au milieu des colis, de Bambin qui jappe, & des charretiers. Je t’envoie la lettre très aimable de ton père, tu vois que tout marche à tes souhaits. Clairette t’écrira de làbas à l’arrivée, elle paraît contente, ma femme aussi. Seulement il faut que l’amaigrissement continue !! Et si tu te présente en épouseur Belge, tout est rompu mon gendre ! – Si l’on fait un monument à Verwée je réclame, c’est mon droit d’être de la Commission. c’est mon droit, je suis le plus vieil ami de Verwée. Je te charge de cela, et sois prompt je te prie.À l’arrivée à la Demi Lune, après demain, Je t’écrirai aussi, j’ai bien des choses à te dire, mais il faut que je me rémémore tout cela. Puis je ne suis plus un homme je suis un emballeur.Tout le monde t’embrasse et t’envoie de grosses amitiés,Félicien Rops
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Page 1 Recto : 1Lundi 28Mon Cher Eugène,Nous voici le 28, – Lundi, c’est donc Jeudi 31 que nous vous espérons comme nous disons en Bretagne, écris-moi le Jour & l’heure de votre arrivée. Clairette t’écrira le nom de l’hôtel où tu déposeras Alfred, la chambre d’ami te revient, la chambre « du gros cousin » attention à la rotondité ! On se plaint de ce que tu n’as pas osé envoyé ta mesure depuis ton départ ! – Enfin j’espère que tout marchera bien. Il n’y a jusqu’à présent que peu de pierres d’achoppement. Une de celles qui paraissent les plus difficiles à aplanir & à mettre à niveau, c’est la question de l’installation & du séjour : Paris ou Bruxelles, ou les deux si cela se peut. Léontine & Aurelie Duluc en cédant à Clairette une grande partie de leur fortune « pour qu’elle puisse hériter se sont réservées l’usufruit de cette fortune qui retournera à Claire & à ses enfants sur cet usufruit, elles comptent donner à Claire en se mariant, cinq mille francs de pension, toutes ses toilettes
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Page 1 Recto : 1Mon Cher Ami,fais-moi le plaisir de songer aux lettres de faire part comprises comme tu l’entendais : Ton père, ta mère et MmeDuluc annonçant le mariage. Exemple :1° Monsieur et MmeDemolder etc etc ont l’honneur de vous faire part etc etc du mariage de leur fils, MrEugène Demolder etc etc avec MlleClaire Rops.2° MmeDuluc-Leroy a l’honneur de vous faire part du mariage de sa petite fille MlleClaire Rops avec MrEugène Demolder etc etc etc etcLa Demi-Lune Commune d’Essonnes (Seine & Oise). Arrange cela, le mieux possible.Envoie moi la liste des personnes auxquelles Alfred veut « faire part », te prie, en plus celles à qui toi tu veux annoncer ton mariage afin que cela ne souffre pas trop de retard. N’oublie pas surtout. Important. Nous n’avons pas encore reçu l’épreuve de la photographie des employés de la fabrique si attendue.Bons Compliments et bonnes amitiés à toute la famille.
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Page 1 Recto : 1CroquisDUM SPIRO SPERO !Mon Cher Liesse,Patatras ! encore une tuile ! La Bretonne qui nous servait vient d’être flanquée à la porte, par moi, parlant à sa personne, laquelle personne était grise comme un coin du Morbihan :Terre de granit recouverte de chênes !mais les femelles y sont terriblement portée sur l’eau de vie de cidre & de n’importe quoi !Je n’ai donc plus pour me préparer mes modestes repas que la bonne Mme Duluc, ce qui ne me va guère, car j’ai toujours grand’peur de la fatiguer, malgré son dévouement de bonne belle-mère.Donc notre projet de passer ici quelques bons jours d’hiver comme à Anseremme, est remis à de meilleurs jours, à la prochaine bonne ! Franchement tu n’y perds guère ! Il tombe une pluie mêlée de boue qui est l’horreur même. Je rêve de Biskra & je voudrais y retourner. Mon ami le caïd n’est pas bête, il supporte les Français etPage 1 Verso : 2continue à vivre là bas dans le repos, dans la lumière, et dans le mépris des Parisiens, ce qui est
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Page 1 Recto : 1Demi-Lune, – Essonnes Seine & Oise3 Septembre 1896.Ma Chère mignonne,Nous voici bientôt à la mi Septembre 1896, si nous voulons avoir un bon résultat au point de vue de tes dessins, je crois qu’il serait temps de t’en occuper « – à fond. Tes dessins manquent de sérieuse allure, ils ont les qualités qu’ils ont depuis deux ans, mais ils n’ont pas progressé autant qu’ils auraient dû le faire. J’ai si peur du ralentissement !!! Il faut avant tout, en art, littérature, ou peinture, et même en musique que chaque fragment de production soit un avéré progrès, une chose que l’on n’avait pas produit « en progrès » sans cela, on est « en perte ». Il faut donc que maintenant tu sois « en gain » solidement. Tu es à l’âge où le progrès se manifeste et il est dangereux qu’il ne se manifeste pas ! Donc surveille-toi et que chaque dessin soit : un progrès. « l’arrêt » c’est la mort. Je ne suis pas parti pour la Guimorais, parce que j’ai grand peur, ou plutôt j’avais grand peur que mon a
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Page 2848 décembre 1886.Ah, ça, mon vieux, décidément tu ne veux pas donner signe de vie ! Passeras-tu l’hiver en Ardenne ? Songe qu’en admettant que ton livre soit destiné à paraître en mai, tu auras à la nouvelle année juste le temps de le faire paraître. Fais attention, mon vieux, et garde-toi de l’enlizement ! Aux Bons Cosaques, avant-hier, Maurice Bouchor me disait : « Au bout de trois mois la campagne devient improductive pour l’artiste. On n’a plus la vue. » C’est ce qui explique la stérilité de production de la province. Enfin je t’ai dit tout ce que j’avais à te dire à ce sujet. Voilà huit mois que tu es là, et tu n’as pas gagné un rouge liard. Juge où tu vas ! Ton système serait bon si l’on avait douze cents ans à vivre et cinquante mille francs de rente. Voilà dix ans que tu n’as rien publié ! Dix ans ! une demi-vie ! Je respecte ton cas comme phénomène physiologique, mais je préférerais l’observer et le constater chez un autre que sur un vieil ami…Page 285Ici il y a le grou
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Page 68Paris, mercredi, 16 juillet 1884.Mon cher vieux Cam,Il y a un accroc inattendu. La mignonne Clairette est malade à Douvres, et il faut que Léontine parte à l’instant. Nous remettons donc la petite fête à quinzaine, probablement. En attendant, tu vas recevoir les deux dessins et le petit cuivre. Tu en rapporteras deux en venant…Reçu tes croquis de M. Legrand. C’est un dessinateur intéressant que ce jeune homme. Il a de la verve, le mouvement et une compréhension pas banale des choses…Tu as sur les lèvres que je ferais bien de faire exécuter mes dessins par mon élève. Mais tu n’es pas dans le vrai, voilà tout !…Si peu que « je me gobe », je sais ce que je fais, et surtout ce que je veux. Nous avons un peu ri quand j’ai lu que tu croyais que je faisais mes dessins en un jour. L’hélio-graveur nouveau qui m’a dit en recevant le croquis à reproduire : « Sacredié ! v’la du dessin serré », est plus dans le vrai, - quelle que soit la valeur de l’œuvre, bien entendu.Je ne dis pas que c’ét
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Page 8830 Déc. 1894Mon Cher ami Deschamps,Puisque vous m’avez offert avec votre constante gracieuseté, de servir encore, si besoin était, d’intermédiaire officieux entre rebell et moi, et nous, je vous prie de demander à celui-ci, « s’il est toujours dans les mêmes intention », car sa conduite est si bizarre, & si peu dans les usages ordinaires que je me demande s’il les connait. J’aime l’originalité, mais pas en dehors d’une certaine mesure, et tant qu’elle n’est pas une menace pour les bonheurs futurs. D’ailleurs, mon Cher Deschamps, comme je vous sais homme de bon sens, ce qui avec la bonté constitue la plus précieuse des qualités humaines, je vous fais juge de mes griefs, et je ne demande pas mieux qu’ils soient aplanis.Après la demande de Rebell, je vous ai dit que la demande ne nous déplaisant pas, celui-ci serait d’abord reçu en ami, qu’il assisterait comme tel à nos petits diners hebdomadaires habituels, que nous donnions souvent pendant l’hiver, qu’ainsi ma fille et lui pourra
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Page 1 Recto : 19 avril 91Deux mots mon Cher Barrion,Je ne suis pas négligent, ne le croyez pas, mais j’ai depuis trois semaines, ici, un de mes parents, qui a toujours été toute sa vie, le meilleur des parents, & le meilleur des amis. Il à soixante-cinq ans, est vert comme un pré ou comme le laurier de Ronsard, & m’a éreinté de courses dans Paris, de soirées au théatre, au Chat Noir, à tous les chats de toutes les couleurs. Je suis fourbu ! Voilà le 21e jour qu’il est ici, & si cela devait durer, je n’aurais plus qu’à demander mon entrée à l’asile du Vésinet !! – Je vais vous envoyer, demain déja, ou plutôt après demain, Samedi, des choses inattendues. – Ah ! pour la collection, croyez vous qu’il ne vaudrait pas mieux la reprendre vous même ! Le chemin de fer : c’est dangereux ! Ah je veux vous faire un bout de croquis pour cette collection, que je me ferai le plaisir de vous offrir ; en réparation de toutes ces attentes. – Le papier de la première page est bien mauvais !!* mais à la
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Page 1 Recto : 1Mon Cher VieuxJe t’ai attendu jusqu’à 3 heures force m’est de sortir pour promener MlleRops ès baraque. Excuse moi & si tu trouves une heure demain (pas de 12 à 3) pour venir prendre la dame porciphillène. Viens, sinon je l’enverrai par mon fidèle larbin.Bons souhaits pour l’an de grâce 1886, qui je l’espère te dedommagera en bons dessins des faillittes de parole & de santé de ton déplorable ami :F. Rops
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Page 1 Recto : 1Paris 29 mars 1882Mon Cher VieuxPlus de nouvelles de toi depuis que tu es rentré dans ton coin d’Ixelles ! Sale mutismeux que tu es ! – Que deviens-tu ? que fais-tu ? J’ai appris par raccroc que ton affaire Rosez ne se faisait pas. Si ton été est libre nous en profiterons, je compte d’abord aller en Juin à Heyst, puis revenir à Montigny quelques jours, puis Montlignon, & un coin de St Enogat ensuite. Je veux errer avec mon bazar de graveur partout où l’on peut graver & peindre. Si tu le veux nous passerons un bon été de travail vagabond. Nous sortons d’un hiver dur comme soirées ! Godebski a donné hier un grand dîner costumé, très amusant & très drôle. J’y étais en St Antoine « ex-tenté » & professeur « d’extase » un St Antoine séduit.– MmeGodebska en t’sigane. Godebski en paysan hongrois. Franz Servais en dame de Compagnie Anglaise. Le docteur Pofsi en Tunisien, Robert Mols en Arnaute, sa femme, fort jolie « en Japonaise, Silvestre en « rentier ». d’Hervilly en vieux m
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Page 1 Recto : 1Dimanche,Mais j’arrive ici mon vieux, j’arrive ! Et depuis mes malles débouclées, il pleut & il vente à décorner Cocu lui même & tous les cocus de la bonne ville de Brugesès paÿs de Flandre ! – Je n’ai pu aller te donner la poignée de main de l’étrier, parce je suis parti plus tôt que je ne le croyais, avec Filleau & Clapisson. Je les ai conduits à Anvers à l’île de Walcheren à Domburg ; dans l’île de Zud-Beveland, jusqu’à Rotterdam ! Puis je suis revenu ici à Heyst-sur-mer avec ma fillette. J’attendais le doux soleil de septembre pour te faire signe. Voilà la marche projetée : Dom est dans les Ardennes jusqu’au douze septembre inclusivement. Le 13 il sera ici. Tu peux arriver directement ici par deux voies par Lille ou par Bruxelles. Je vais t’attendre à Bruges. Nous passons une soirée à Ostende, tu reviens loger ici. Nous traversons à pied le Cadzand un pays bizarre, un coin de Flandre inconnu, nous gagnons Braeskens, un petit port perdu, le bateau de Braeskens nous m
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Page 1 Recto : 1Paris le 17 nov. 1890Il y a bien longtemps que je veux t’écrire Mon Vieil ami. J’ai appris par les lettres d’Emma à Clairette combien tu avais été ennuyé depuis six mois, par toutes sortes d’accrocs à ta santé, qui t’ont contrarié dans ton travail et dans tes projets. Crois bien que je prenais une vive part à tes ennuis, et que je t’en aurais écrit si deux raisons ne m’en avaient empêché. La première, c’est que je déteste ; lorsque je ne suis pas auprès d’eux, entretenir mes amis de leur santé, parceque la plupart du temps, on ne fait que les inquiéter ; et secondement : parce que je comptais être à Bruxelles en Août et te voir naturellement.Enfin te voilà rétabli. Du reste je n’ai jamais eu la moindre crainte à ton endroit, je connais trop le fond de belle santé que t’a légué le père Verwée, et c’est un bel héritage. Mais je viens au fait : Claire me dit que « tu viens incessamment à Paris. Tu sais comme elle aime tes filles, et Emma en particulier. Ma femmeClairette &
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Page 1 Recto : 122 Janv. 1892J’apprends par nos enfants que tu es malade. Donne moi vite de tes nouvelles Mon Cher Alfred. J’y tiens beaucoup. Tu es pour moi un de ces amis auquel on ne fait pas de protestations, mais qui cependant peut toujours, dans toutes les joies et dans toutes les tristesses de la vie, compter sur ma fraternelle & profonde affection.Je viens d’être frappé bien cruellement en plein cœur. J’ai perdu un petit enfant qui n’est venu au monde que le temps de se faire déja trop aimer : Un fils, beau, fort robuste comme Claire et qui est mort subitement. Je l’aimais déja comme s’il eut eu dix ans. C’est pour nous un grand, un très grand malheur.Je t’embrasse Mon Vieil ami et dis mes bonnes amitiés à ta femme & aux tiens.Félicien RopsPage 1 Verso : 2Pour Alfred Verwée.
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Page 1 Recto : 1La Demi-Lune, Essonnes (Seine & Oise)3 Déc. 1892.Mon Vieil amij’ai appris avec peine par ma fille que tu avais eu une attaque de goutte assez violente. C’est la saison, et cet hiver humide n’y est pas pour peu de chose. Tu sais aussi bien que moi que l’humidité, comme le rhumatisme, frère de la goutte est un des plus mauvais facteurs de ce genre d’affections. Ma fille me dit que dès que tu seras remis sur pied, tu te proposes de partir pour l’Égypte. L’Idée que tu as, n’est pas mauvaise. Bruxelles, trop près de la mer, est très humide l’hiver et plus tu iras vers la chaleur mieux cela vaudra. C’est en partie à ce propos que je t’écris, Mon Cher Alfred, car nous avons toujours de nos nouvelles par nos enfants, & tu sais combien je reste fidèle à notre vieille et inaltérable amitié : Il y a près de Biskra une fontaine non pas chaude, mais brûlante, qui à ce qu’il paraît donne des résultats surprenants dans toutes les affections goutteuses & rhumatismales. À l’époque où no
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Page 1 Recto : 1Mon Cher AlfredLe malheur qui vient de frapper Janson me navre. Je n’étais pas son ami, mais il est des circonstances où la sympathie a le droit d’empiéter sur les privilèges de l’amitié. Remets lui donc ou fais lui remettre par la poste la lettre ci-jointe je te prie.Je te serre bien la main Mon Cher Alfred, & fais mes grandes amitiés à MmeVerwée, & à ta Chère famille. Que le sort te préserve comme moi de semblables malheurs ! –Ton vieil amiFélicien RopsN’oublie pas que tu es attendu iciClaire N°1 attend Claire N°2 avec impatience.
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Page 1 Recto : 1CroquisFig 1 A / B / C / D / ECroquisF. Rops / Fig 2Fig. 1 Coupe ! – A : bras de ma conciergeB : main de id.C : Lettres & journaux qui ont « de la Chance »D Lettres & journaux qui manquent « de chance. »E : Sale tête de ma conciergeFig 2 face ! ma boîte vue de face avec les journaux & les lettres chançards & pas chançards!CroquisFig 3. fesse ! / Ma Concierge vue de fesse !Page 1 Verso : 224 oct. 1892Demi-LuneCroquisRIEN A DEMY ! / Rien a demy ! devise & armes de la Demi-LuneMon VieuxLes trois croquis ci-joint n’ont d’autre but que de t’expliquer par des traits graphiques (recommandés par le bonhomme Toppfer comme les plus faciles à comprendre par les jeunes gens,) pourquoi & comment je n’ai eu que le 21 octobre une lettre écrite par toi le cinq du même mois :J’ai dans la loge du n°1 de la place Boieldieu une boîte aux lettres & une concierge, en toute jouissance. La boîte est grande & profonde, la concierge est petite,et probablement profonde, cela ne me regarde, pas pl
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Page 1 Recto : 1Mon Cher VieuxJe ne t’engageais à venir à Nieuport que dans l’hypothèse admise d’un séjour d’une semaine avec ta fille à Anseremme. Il faut trois heures pour aller à Anseremme, il en faut quatre pour venir à Nieuport & la vie n’y coûte rien. Puis il y a la mer. Ma fille est ici et transformée par la susdite mer. Rien ne peut donner une idée de la lumière & de la beauté de ces plages blondes par ce temps-ci. Je croyais que tu avais décidé cette vacance dont nous avions parlé & je t’espérais.Lettre de Liesse : il y parle beaucoup de toi. Dom lui a dit que c’était déplorable de voir un homme qui sait écrire s’embourber dans un pays anti littéraire & s’y perdre. Il est enchanté de Paris & de la réception qu’on lui a faite. Son livre le porte. – Nom de Dieu ! quand je vois ces choses là, que je pense que tu fais « la Chronique » une chose bête qui ne te rapporte ni réputation, ni même d’argent, ni rien de quoique ce soit, je suis tenté de t’engueuler à blanc. Que dirais-tu s
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Page 1 Recto : 1Jeudi matin.Mon Cher Vieux,Reçu ta lettre, je vais tâcher fortement d’être des vôtres. Je reviens de Marlotte aujourdhui Jeudi. N’oublie pas Samedi une fois arrivé à la frontière de me télégraphier ton arrivée 17 Rue Mosnier. – Autre chose de très important que je te prie de ne point oublier. J’avais envoyé à Liesse un portrait de la petite Claire, il se trouve que Dupont a brisé le cliché par erreur & ce portrait se trouve être le seul qui reste. Avant qu’on n’en fasse un nouveau voudrais-tu prier Liesse de te le rendre. Je lui en enverrai un autre. N’oublie pas je te prie. Léon l’attend avec impatience ce portrait. Apporte ta lettre anversoise. Le beau Gouzien dormant vit encore. Arrive, je ne peux te donner un lit n’ayant plus d’atelier depuis deux mois & étant sur la branche mais cela ne nous empêchera pas d’être joyeux & de nous amuser fortement.À toi & à bientôtFélyIl faut absolument que nous allions siPage 1 Verso : 2nous le pouvons Dimanche voir le long Rocher a
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Page 1 Recto : 1Monsieur Léon DommartinHôtel St PHAR (chez Brébant)Coin de la rue Faubourg Montmartre & du Boulevard.Page 1 Verso : 2Mon Cher LéonIl me tombe une loge pour Cendrillon – j’y conduis Clairon & « ma famille ». Si tu le peux passe demain de la matinée, si tu ne le peux pas à 6 ½ précises à la taverne de la rue d’Amsterdam – Liesse Bonvoisin, Taelemans et le dessinateur Dubois dînent avec nous.À toiFély
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Page 1 Recto : 1Montmignon Samedi 3 heuresMon Vieil,Je n’ai que le temps de t’écrire trois mots l’humain vagabond qui transporte les vœux & les désirs des paisibles villageois d’ici – dirait Mr de Florian étant à ma porte, – la poste comme le Roy n’attend pas ! – Donc je serai Jeudi 13 à deux heures « de relevée » à mon atelier 17 Rue Drouot. Je reviens le soir à Montlignon, avec ou sans toi. On ne va pas à Montigny, il n’y aurait pas de place. On reste à Montlignon : Vendredi Samedi et Dimanche. Si Émilie vient tu peux la laisser à Montlignon elle couchera avec Clairette & Mlle Marie Bonvallot dans le dortoir, – qui est composé de la fameuse paillasse commune. Toi – tu trouveras la pierre à reposer les têtes, où tuPage 1 Verso : 2pourras ! – C’est le 13 qu’a lieu l’inauguration de l’hotel de ville. (ceci est un renseignement au reporter.)Réponds vite & expédie les « feuilletons » campagnards que tu as faits dans la Chronique ici – ainsi que ta lettre. Je ne bouge pas d’ici avant Jeudi
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Page 1 Recto : 1Les Jolisnets.Bièvres, 15 juillet 1883.Mon Vieux,Je t’espérais vaguement au 14 juillet. Je me disais que la Chronique devait avoir besoin de renseignements précis sur les érections du programme, & ne pouvait faire mieux que de t’envoyer la bàs, – ici. –Moi, je suis en fort travail & je resterai ici le mois d’Aout, parce que j’exècre l’envahissement bourgeois des villes d’eaux au mois d’Aout, puis aussi parce que Léontine quittant la rue Richelieu le premier janvier 1884 & voulant s’installer beaucoup plus luxueusement dans « un premier » quelconque, & avec sa crânerie ordinaire comptant donner à sa nouvelle maison l’importance d’une maison de premier ordre, il est de mon devoir de faire tout mon possible pour lui donner un fort coup de main dans l’affaire. Du reste tu sais que j’aime « les charges » ! Paris m’a donné le besoin de la lutte qui somme toute est la vie & la vraie. – Léon a sous la main une chose superbe, pour une maisonPage 1 Verso : 2specialement artistiqu
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Page 1 Recto : 1Middelburg Jeudi matinMon Cher LéonJe serai à Heyst Vendredi soir tout au soir probablement cela dépendra des trains. Nous faisons une bonne tournée.Comme je te l’ai dit nous ne nous occuperons plus de l’accident – car cela a été un véritable accident pour moi, – de Conquet. Je ne t’en veux plus & je t’ai écrit au sortir de chez Conquet, d’où mon exaspération, d’autant plus que cela compromettrait Uzanne & Camuset vis à vis de cet imbécile de libraire & cela à cause de tes ridicules hésitations.Comme si on hésitait dans ces choses là, qui si elles avaient une importance capitale pour toi, ne pouvaient être de ton coté que l’occasion d’obliger en écrivant vingt lignes, un vieil ami.À bientôt & bonnes amitiés à ta mère & à Émilie. Clairette est bien impatiente de la voir & l’embrasseFélyFilleau & Clapisson ne t’ont pas vu naturellement.
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Page 1 Recto : 1MercrediLa Roche-Claire par EssonnesMon Vieux,Je suis ici accroché par un tas « d’ouverriers » qui me tiennent à l’heure. Je lâcherais tout malgré cela, naturellement, pour aller te-vous embrasser au passage mais Clairette est ici seule pour raison de santé. Elle retourne à Douvres dans quelques jours, – et je ne peux guère la laisser sans ma forte garde en cette ruine, où j’engloutis ma fortune : les six sous du Juif-Errant !– Dis bien à notre nouvelle amie ma belle sœur, ta femme que tous ses nouveaux amis je suis certainement celui qui sera le plus heureux de la savoir heureuse. J’espère que Bruxelles vous deviendra odieux & que vous arriverez avant un an vous fixer dans un joli cottage des environs de Paris dans lequel je planterai des rosiers qui célébreront la bien venue àPage 1 Verso : 2Madame Léon Dommartin, en français galants qu’ils seront.– Ce jour là nous seront en vraie fête & nous ferons à ta femme une réputation digne d’Elle. Quant à toi, Mon Vieux, il fa
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Page 1 Recto : 1Paris, Jeudi 15 sept. 1886.Mon Cher VieuxTu comprends que si je ne t’ai pas écrit à propos du frontispice non encore exécuté, c’est qu’il y avait « quelquechose ». Ce « quelquechose » est toujours naturellement la tuile à laquelle on ne s’attend pas & qui vous tombe sur le crâne au moment où l’on a son parapluie sous le bras. Pour l’instant, elle est représentée la dite tuile, 1° par une maladie de Clairette qui est au lit depuis trois jours avec la fièvre ; sera-ce grave ? sera-ce peu de chose ? Personne ne peut rien en savoir, y compris le docteur Filleau, qui la traite. Jusqu’à présent il croit à une fièvre intermittente, résultat de promenades en canot sur la Seine pendant le chômage de la navigation, c'est à dire le long des berges, laissées à sec, & pleines naturellement de miasmes paludéens. – C’est cela, ou c’est tout autre chose : nous saurons ce qui en est dans deux ou trois jours. 2° La dite tuile s’incarne aussi dans un abcès, très malin, qui mePage 1 Verso
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Page 1 Recto : 1Paris mardiMon Vieux,Il n’y a pas eu moyen jusqu’à présent de retrouver l’Américain de Buenos-Ayres. Pas moyen ! J’en fais mon deuil. Quelle singulière chaîne de fatalités ! Pourvu que je ne continue pas « ma série » par aller donner à manger aux crevettes ! C’est précisément le grand mois des brouillards au banc de Terre-Neuve, les premières terres que l’on cotoie de la côté Américaine. (je ne m’explique pas d’ailleurs cette poussée vers le nord que font tous les Transatlantiques.), & le plus mauvais équinoxe de l’année. Toutes chances dehors ! Bah ! un demi, – mais un demi naufrage, ne me déplairait pas trop ! Samedi à 1 heure de l’après midi, – la Bretagne quitte le Havre en emportant ton ami Félicien Rops & sa fortune. Omnia Vinum Porto ! » – Voilà de quoiPage 1 Verso : 2il retourne : Un grand éditeur de New Yorck publie :« Strange America »by celebred artistFélicien Rops.Il s’agit dans ce premier voyage d’aller « prendre vue » d’une partie du livre à faire. Je vais
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Page 1 Recto : 1Mercredi.Mon Vieux.J’arrive du Havre avec ma femme & ma fille. J’y suis depuis Vendredi matin. Je trouve ta lettre & je l’envoie à ce brave Haraucourt, qui l’aura demain matin car il ne rentre guère chez lui, en fort amoureux qu’il est d’une belle dame très éprise du Sylock.Viens si tu dois venir dans la première Semaine de Mars. Dommage que tu ne puisse pas venir par ce premier printemps fébruarien.« Février des jours bleus parodiste trompeur » disait Méry. Il fait ici des chaleurs de mai & une lumière !!La Bretagne était en retard, c’est pour cela que je n’arrive qu’aujourdhui.La maison de New-York est fondée : 614 5e Avenue :Rockwell & Duluc.mais quel piochage pour arriver à cela ! – Et comme j’entre dans ce « piochage » je suis rivé à mon Zadig !Tu emporteras des épreuves d’ici de beaucoup de nouvelles planches.Mon ami, le jour où je pourrai me reposerPage 1 Verso : 2à l’ombre de n’importe quoi, je ne l’aurai pas volé ! J’en suis à ma millième planche, ou à peu près
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Page 1 Recto : 1Demi Lune 7 Aout 1889Paris intenable comme chaleur. Puis le public de l’Exposition est le public « d’Aout. Vacanciers de toutes classes, irruptionneur, bruyant, foulant tout aux pieds pour « voir » n’importe quoi, mais « voir » ! Il est extraordinaire ce public ! Les femmes voyagent toute une journée avec leurs repas dans d’énormes valises, & il faut une surveillance terrible pour les empêcher de manger, de pisser, & de chier partout ! Les Belges sont les plus terribles, comme toujours, & j’ai assisté à la foutraison à la porte d’une Schochéteye Flamande qui drapeau en tête « visitait les tableaux » & s’était installée avec ses viandes & ses bouteilles de vin sur l’escalier du grand Hall, sous le dôme !! empêchant les gens de passer, engueulant en Flamand les Fransquillons, résistant aux gardes, & étalant une pochardise de troisième jour, & toute leur ignominie nationale.– Mais on est revenu en force, & on a conduit au poste le porte-drapeau, le président & le tambour,
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Page 1 Recto : 1Paris 10 Déc 1889Mon Cher Vieux,Je reçois seulement ta lettre, je suis resté au Havre quelques jours Léontine & Clairette sont à bord de la Bourgogne, et à l’heure où je t’écris elles doivent approcher de Terre Neuve. Bon bateau : la Bourgogne, bon capitaine : le breton Frangeul ; je n’ai crainte, elles feront une bonne traversée : pluie, vent, & neige c’est inévitable en Décembre, mais Claire a le tempérament Américain comme sa mère. Ce qu’il y a de bizarre en l’affaire, c’est que c’est moi qui devais partir, et que c’est elles qui s’en vont. Depuis longtemps elles avaient l’intention de fonder la maison Duluc-New-York-Paris. Comme je devais partir pour le Colorado et l’Arizona, elles ont trouvé l’occasion, bonne pour fonder la maison projetée, en m’attendant à New-York. Trois jours avant le départ j’ai reçu un Cable-télégramme m’annonçant que notre cornac Uyttinguer renonçait au voyage et le remettait au mois de septembre 1890. Comme les robes étaient prêtes, en vaill
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Page 1 Recto : 1La GuymoraisAoût 1892.Mon Cher Léonj’ai fini (enfin !) reçu des nouvelles de Mme Gouzien. Elle m’apprend que notre pauvre vieil ami est mort subitement étouffé par une congestion pulmonaire. On l’a enterré à Guernesey parce que : « cela coûtait trop d’argent pour le faire revenir en France ». Voilà. Il me semble que Lockroy qui, comme ministre des Beaux Arts n’a jamais su rendre le moindre service à Gouzien, aurait bien pu lui rendre au moins celui là : le dernier ! sauf à donner une soirée de moins cet hiver.– Nous aurions eu la consolation suprême de rendre les derniers devoirs à celui que nous aimions. – Mme Gouzien me dit dans sa lettre que : « Mme Lockroy va toutes les années à Guernesey et que Gouzien ainsi ne sera pas « tout seul » ! Si cela n’était pas aussi lugubre cette phrase serait d’un comique profond, pyramidal !– Il faut maintenant Mon pauvre Vieux, que je te raconte ma très triste année : Je ne l’ai plus vu depuis le jour où nous avons déjeuné ensemble c
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Page 1 Recto : 1Mardi à deux heures je serai en gare du MidiSamediMon Cher LéonFilleau Clapisson & Mme Clapisson sont partis & ils arriveront ce soir à Bruxelles. Ils espèrent te voir demain Dimanche à 9 heures à l’hôtel de Flandre.Je comptais partir Lundi mais je ne pourrai partir que Mardi matin à sept heures. Je serai donc Mardi à deux heures à Bruxelles. Départ & arrivée certains à moins de déraillement. Clairette est avec moi. Je repars pour Anvers sans m’arrêter à Bruxelles autrement que pour prendre le temps d’expédier mes malles à Heyst. Je pars par le Télégraff Mercredi pour Flessing, Middleburg & Domburg. Je reviens Vendredi ou Samedi à Heyst par Braeskens. – Voilà la marchePage 1 Verso : 2« & l’ordre » irrévocables. Base toi la dessus si tu as à te baser. Il est probable que ta fille & ta mère sont à Heyst déjà – Ta fille en a besoin & tu as raison de l’y envoyer. La mer a changé le tempérament de Claire en trois ans. – J’emporte de la besogne, la Maupin.Je suis ennuyé de n’
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Page 1 Recto : 1Paris Drouot.Mon Cher Vieux,Est ce que je peux m’imaginer que tu vas faire de La Louvière ton quartier général !!! C’est parfaitement idiot ce que tu m’écris là ! Je croyais que tu allais à La Louvière comme tout le monde pour un jour, naturellement. – À moins que tu ne sois amoureux d’Anna Boch ! – J’ai été moi seulement à Douvres & je suis revenu. Nous sommes en plein coup de feu de travail tous ! J’ai fait de merveilleux dessins & j’en fais d’autres ! Tout le monde est dans la fièvre du travail, cette bonne fièvre d’ici & qui n’existe qu’ici ! Les soirées n’en sont que plus animées & plus nerveuses. Bref on s’amuse fort, en travaillant le jour & en devisant joyeusement en dîners « fins » le soir.– Cela vous remet des gueuleries Belges. Il y a un phénomène qui se passe chaque année : Je quitte Heyst en octobre, en me disant je vais revenir, et une fois pincé par toutes les délicatesses d’ici, je ne me sens plus le courage d’allerPage 1 Verso : 2Bruxelliser, Lalouvière
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Page 1 Recto : 1Mardi 9 sept.3e & dernière lettre. il n’y a que celle-ci qui compte pour notre faux-départ.Mon Cher VieuxJe suis certain que tu es à Bruxelles & que « l’émeute » t’aura fait revenir ! Si les Belges pouvaient ficher une bonne révolution, ils regagneraient l’estime des gens civilisés, mais je les connais : quelques torgnoles & voilà tout.Je t’écris l’âme navrée mais sans tortillements : Il faut que je reste ici jusqu’au 15 octobre ! – après le terme ! – Il me tombe sur les reins un travail que j’avais espéré pouvoir remettre au mois de Novembre. L’Éditeur Monnier refuse d’attendre. Donc j’ai un mois de bûchage sans bouger. J’en serai quitte pour faire « l’été de la St Martin ». – Je partirai le 15 octobre pour Bruxelles, si le Diable me favorise j’aurai encore quelques beaux jours – à Ostende, – de froid vif – & de grosses mers, la Saison ne finit disentPage 1 Verso : 2les affiches – que le 1er Novembre !!On doit y vivre pour rien ! Et comme c’est pour ma santé que j’irai
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Page 1 Recto : 1MercrediMon VieuxJe te suppose revenu de Petit Chooz & je présuppose que tu auras trouvé ma lettre. Je vais m’occuper activement de la question du petit séjour de fin septembre du 15 au 30 pour nous deux. – J’emmènerai Clairon, tu emmèneras ta fillette & nous nous ferons à coups de vagues brutales une bonne santé pour le rude hiver annoncé.– Je suis en plein pour parlers pour Roche-Claire. C’est très difficile ! il faut extraire de cette roche là un polype-paysan-vigneron qui s’est incrusté dans cette horrible masure – car ne t’y trompes pas c’est une horrible masure en ruines ! Si le paysan ne veut pas s’en aller à prix de cuivre, on ne sait trop comment cela finira. Je resterai dans laPage 1 Verso : 2contrée, sans doute, mais j’aimeraisje préfèrerais la masure au château ! J’ai l’œil tu sais pour ces machines là, avec quelques sous par an je ferai une chose exquise. Il faudra, si je loue que je te fasse voir cette horreur – avant la réparation. – J’ai les renseignemen
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Page 1 Recto : 1La Roche-Claire Essonnes Seine & OiseJeudi 18.Avec cette précision qui fait ma force dans la vie, que je me suis imposée à moi même pour vaincre la flanerie terrible & la « remise à demain » qui est le fond de mon caractère, & le dessus aussi ! – je suis parti le Samedi 13 pour Paris me disant que : puisque tu devais être absolument le 14 à Bruxelles, absolument ! tu serais le 14 « au matin » à Paris, le 13 au plus tôt. Pas de Dom ! Dire qu’il y a 62 ans que je te connais, & que je gobe encore tes « absolument » !!! – Vieux cochon, je suis revenu ici, Dimanche soir, juste au moment où tu arrivais à Tours ! – Toujours exact ! Note que j’envie ton inexactitudePage 1 Verso : 2Tu as fait un beau voyage, – beau temps, & tu reviens avec la pluie. – Parfait.N’oublie pas Heyst ! – J’y resterai quinze jours pleins. du 5 au vingt probablement. Le 21 septembre je file pour l’Amérique. Je reviens en Décembre mois excellent pour « naufrager. Tu comprends que je ne veux pas rater l’o
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Page 1 Recto : 1Hotel de la Mer chez de RykèreNieuport-BainsMon Vieux Dom,Auré & moi nous sommes allés à Hastière, bonne pension à 3 frs 50 par jour, on y est très bien mais impossible comme public, tout ce que tu peux rêver de plus horrible, une Ste Perine Bruxelloise.Ici un coin de Paradis maresque. Comment brigand, tu as Nieuport & Middelkerk sous la main & tu n’y vas jamais ! Pourquoi ne viens-tu pas ici avec ta fille ou à Middelkerk lui flanquer un bain de sable d’air & de mer ? Anseremme c’est très bien mais, entre garçons ; & cela ne remplace pas ceci. Puis pour 4 frs 50 on en voit le bout tout tout compris, impossible de dépenser un centime de plus. Et des dunes qui sont de pures merveilles. Il y a un certain « basis Valérie » qui ressemble aux dunes des Long-Island en Danemarck à y élever des chevaux danois. Décidément Hannon a plus de nez que toi – moralement.– Ce n’est pas pour t’attirer ici, malgré le plaisir que j’en aurais que je te dis cela, Mon Cher Dom, – « malgré le p
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Page 1 Recto : 1Mon Cher VieuxTu me feras le plaisir aussitôt cette lettre reçue, d’y répondre le plus vite possible & de me dire ce qui est arrivé à Lambrichs. Je ne sais rien, – jamais Dubois, Lambrichs ni Artan ni Verwée ne m’écrivent, – c’est même assez bête pour de vieux amis. – Il m’est arrivé bien des ennuis & ce mois d’Aout m’a été fort néfaste je te raconterai tout cela longuement à Anseremme où je compte être dans une huitaine de jours. J’ai été malade pendant quinze jours, d’une espèce de congestion au cervelet qui m’a fait fortement souffrir.– Rien de vrai dans l’affaire Lemerre, absolument rien heureusement, – il y a eu simplement un retard dans la publication du Musset, – retard qui ne m’en a pas été moins, fort désagréable. Il y a trois semaines que je veux & que je dois t’écrire, ainsi qu’à notre brave Edmond & je n’avais pas le courage de m’y mettre. J’ai été six jours à Trouville chez Camille Blanc, & il faut que j’y retourne Mardi pour y faire une étude qui m’a été d
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Page 1 Recto : 1Mon Cher VieuxJe serai Lundi soir à Bruxelles, train du soir qui arrive à 10 heures 30. Si tu n’as rien de mieux à faire viens à la gare. Le lendemain mardi départ pour Anvers, Flessinghue & Middelbourg. Retour mercredi soir à Bruxelles. Départ pour Heyst avec Clairette. qui m’accompagne.Dimanche matin, Filleau Clapisson & Mme Clapisson comptent sur toi pour leur montrer Bruxelles. Je sais bien que cela te dérangera & je te connais assez pour savoir que tu tâcheras d’échapper à cette corvée ; seulement comme Filleau a toujours été fort gracieux pour toi & que tu as diné deux ou trois fois chez lui tu peux bien lui rendre cela en amabilité, – une fois n’est pas coutume.– Je t’écrirai ce soir l’hôtel où ils sont logés & je donne à Filleau ton adresse.Page 1 Verso : 2Je n’ai pas reçu la lettre que je te demandais relativement à ton départ pour Heyst.Je suppose qu’enfin tu as écrit la lettre à Conquet. C’est dur d’obtenir quelque chose de toi, décidément. Ton retard m’a été
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Page 1 Recto : 1Mardi soir.Mon Cher VieuxJe reçois ta lettre en revenant de Bièvres, tout grisé de trois jours de grand soleil & de renouveau, les mains pleines de lilas. Je suis navré de la mort de notre pauvre cher vieux compagnon. – Que vont faire la veuve & les trois filles ? Tâche qu’on organise quelque chose si besoin est. Je donnerai tout de suite mon plus beau dessin. – Que c’est bête tout cela ! Idiot l’enlèvement brusque de ceux qui emportent un peu de la vie passée ensemble. C’est la vieillesse pour nous ces délaissements. Les plus jeunes ne nous disent plus rien qui vaille. J’aimais Fontaine pour sa gaieté « surnageuse » & sa résistance aux jours mauvais.Informe toi s’il y a quelque chose à faire pour ceux qui restent : la femme & les filles.– Je vais à Londres les 5. 6, 7, 8 & 9 mai Le 10 je serai rentré avec Uzanne. J’ai à faire labàs. Je pars avec une collection d’eaux fortes, – J’ai un noyau d’amateurs labàs. – Ma fille sera ici pendant le mois de mai, est ce que la tie
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Page 1 Recto : 1Vieux repris de justice,Je te croyais en train de faucher le pré à St Bernard & ta lettre sans timbre judiciaire m’a étonné – parlant à votre personne. Je devais aller à Bruxelles mais des voyageurs intrépides m’ont assuré qu’il y faisait quelque neige. Ces voyageurs « intrépides » que rien ne peut arrêter, m’ont en plus aussi assuré qu’ils avaient pénétré jusqu’à un point geographique qu’ils ont relevé (ce qui est une belle action) et que les naturels du pays appellent entre eux Nivelles en Brabant. Je me suis laissé dire que Nivelles ne venaient pas de nivella, petite neige, mais bien de ma-nivelle, – les habitants de ces latitudes se remontant comme les lampes Carcel, mais ils usent moins d’huile, ce qui fait qu’on pourrait les utiliser pour l’exportation ; – d’autant plus ! qu’ils sont bronzés naturellement. Les hommes d’ailleurs y sont bêtes comme dans les autres pays et les pharmaciens chauves. Les femmes y sont tellement étroites que les hommes ventrus ne peuvent
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Page 1 Recto : 1Mon Cher LéonTa mère veut partir Mardi pour Bruxelles avec Émilie. Je crois devoir te dire la chose. Cependant l’enfant est sage & calme depuis ton départ. – Hier Émilie a accompagné Mme Ritter & « l’avocat » à Blankenberghe. J’ai préféré l’accompagner, & tout s’est passé régulièrement. Il ne faut pas non plus être trop sévère pour la petite, sans cela on produirait un mauvais effet en voulant en produire un bon. – Ta mère dit qu’elle s’ennuie & qu’Émilie est aussi bien à Bruxelles. – Je crois qu’en revenant tu feras bien de la ramener ici, elle a besoin et plus besoin que tu ne crois de cette vie fortifiante & tonique. Il y aura vers le 12 peu de monde ici, & les dangers que tu sais, ne seront plus à craindre. La première chose avant tout, c’est de donner à Émilie comme à toutes les femmes, une santé solide. Je ne veux pas discuter avec ta mère naturellement, mais l’enfant est triste et très ennuyée de partir, et ce départ est un peu précipité ce me semble.Voilà tout c
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Page 1 Recto : 1Paris – Vendredi matinMon Cher Léon,Tu as raison : – on trouve toujours un moment pour écrire « deux mots » Léontine a beaucoup d’affection pour moi à ce que je crois & jamais au grand JAMAIS je ne suis arrivé à lui faire écrire ces « deux mots rapides ». Cela tient à l’état probablement !! – Cela tient surtout Mon Vieux à ce que les gens qui ne sont pas habitués à écrire n’écrivent pas deux mots, ils veulent faire une lettre et une lettre cela leur est quelque chose d’énorme.Tant mieux si tu n’as pas été « rude ». Sa mine était si drôle. – Je te l’ai dit – c’est une petite femme qui s’attachera fortement. Toutes ces sensations sont nouvelles pour elle et elle n’y démêle pas grand chose à ce que je crois. Les femmes simples ne s’analysent pas & n’analysent pas tout comme nous ! Heureusement.Je suis resté hier ici Clairette qui m’accompagne était indisposée. Nous refilons tout à l’heure pour Montlignon. Il y aura de bien beaux chapitres à faire sur Montmorency & une bell
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Page 1 Recto : 1Embrasse la mignonne Émilie pour moi & pour Clairette.Je lui enverrai le portrait de Clairette..
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Page 1 Recto : 1Douvres. 15 févrierMon Vieuxje t’ai écrit des tas de lettres restées sans réponse !! Veux-tu m’honorer de quelque chose qui ressemble à cela. –– Je reviens de Folk stone à pied, – Mon Dieu, cela vaut la corniche, c’est aussi grand & plus beau de couleur.– Claire est tellement Anglaise qu’elle ressemble à Ms Glastone de profil.À toiFélyÀ propos : Nous faisons un beau livre avec Uzanne, le frontispice est déja fait & c’est un pur chef d’œuvre.
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Page 1 Recto : 1Mon Cher LéonLa petite Claire a la coqueluche Auré veut aller à Anseremme avec elle pour la faire changer d’air – J’ai absolument besoin de savoir qui se trouve à Anseremme pour l’instant.Pourquoi ne réponds-tu pas ? où es-tu ? Voilà quatre lettres que je t’adresse Rue d’Orléans & pas de réponseJ’ai ouvert les enveloppes de : « Faire suivre » « Urgente » et « en cas d’absence aux bureaux de la Chronique » et pas de réponse !!! – C’est stupide – Si tu t’absentes pourquoi ne t’envoie-t-on pas tes lettres ? Du reste dans tous les cas tu aurais dû m’écrire. Voilà deux mois que tu ne l’as fait !! et j’attendais de tes nouvelles. – Je ne t’excuse que si tu es mort.À toi quand même cochonFelyJ’ai écrit deux fois à Carlier & même trois fois – même jeu que toi !! Je le trouve bête.
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Page 1 Recto : 1Les JolinetsBièvres en Josas. (S. & O.)Mon VieuxQue deviens-tu ? J’ai passé dix-huit jours à Londres avec un tas de peintres français : Gervex Damoye, Roll, Robert& le jeune Ary Renan fils du Christhographe. Nous avons été visiter les « bas fonds » Bermonthsey dans le genre est un chef-d’œuvre. Tiens moi au courant de tes projets balnéaires. Ne t’engage pas trop pour Heyst, si nous pouvions y aller une quinzaine en juillet, nous ne serons pas embêtés par les cohues de bourgeois Bruxellois. Dans tous les cas nous ferons ensemble « la mer » cette année comme l’an dernier. Je te retiens. Je prendrai Clairette, & cela fera à ta fille de nouvelles pattes & une vraie santé pour l’hiver.À propos d’hiver j’ai vu les bonshommes de Chatou. Ils comptent sur toi & ils paraissent certains de ton arrivée. Il me semble que je le saurais !! Ils ont des journaux ; peut être ne retrouveras-tu plus cette occasion. Réfléchis à ce que tu veux faire, mais songe que si tu réfléchis dix ans no
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Page 1 Recto : 1Paris 23 Déc. 1882.Mon Cher VieuxJe t’écris directement au fond de cette vieille Engadine. Je ne m’explique pas trop l’Engadine en cette saison. Vevey est plus doux. Il faut absolument que tu soignes la santé de la mignonne Émilie. Si tu ne veux pas que tout cela tourne à mal. Il n’est que temps que tu la gardes près de toi & auprès de toi. Tu ne peux rester dans cette position bizarre d’homme sans foyer avec une jambe & une fille en l’air. À ton retour – si j’étais à ta place, – j’en finirais & j’aurais une bonne fois, une simple explication avec ma mère. – Elle ne veut pas vivre avec ta fille c’est très bien, mais tu dois toi, vivre avec elle & ne la plus quitter. Tu as assez vécu en garçon & tu dois à cette enfant le sacrifice de ta liberté, naturellement, comme tous les pères ! Je travaille, moi, jusqu’à minuit souvent, pour pouvoir donner à ma fille une éducation comme je la veux. – Évidemment je m’amuserais mieux au théâtre, mais si j’étais au théâtre je ne serais
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Page 1 Recto : 1Paris 26 Janvier 1883,Mon VieuxNous t’attendons avec Uzanne depuis le quinze. C’est dommage on a beaucoup festoyé ce mois-ci & ballé itou. À ta place c’est Hermant Émile qui est venu. Je t’écris pour te dire que Mlle Marie Bonvalot te prie d’avoir l’extrême bonté & l’extrême politesse d’écrire un mot soit à elle soit à ses parents. Simple & élémentaire formalité qui faite plus tôt nous eût épargné à tous des ennuis sérieux. Tu avais dit « que tu allais le faire » te connaissant toi & ton activité, on a attendu. – Faut-il que Marie Bonvalot t’écrive ? Elle le fera.On attend donc ta lettre.Finis-en pour l’amour du diable ! c’est crispant ces machines-là. Es-tu encore un homme ou un morceau de vache ? – Je vais en février à Bruxelles. – Émile Hermant m’a dit que tu avais été rienfairer chez la mère Popp une dizaine de jours, & que tu avais été presque galant avec Nelly. Je n’ai plus de conseil à te donner mais pourquoi n’épouserais-tu pas Nelly & ne reprendrais-tu pas lePa
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Page 1 Recto : 1Paris, 17, Rue Drouot MardiMon Cher LéonJ’ai une besogne d’enragé, mais moi j’adore « les coups de feu » tu le sais & je ne travaille même bien que dans ces coups là ! Samedi je pars pour Douvres où je vais installer Mlle Clairon chez les Dlles Ismay, qui m’ont donné toutes les références désirables. Samedi dernier, Filleau a réouvert ses salons par une étourdissante soirée : on a quitté la place de la République à 5 heures du matin ! Après demain c’est rue Richelieu 76 : on met en salmis Tourangeau quelques oiseaux du Phase que l’on arrose avec du Piccolo de Blois envoyé par le frère Filleau. J’ai été hier Lundi « ouvrir » les Soupers-Rodrigues – tas de jolies femmes ! Rodrigues est un singulier type qui te plaira ! Tu vois que la saison recommence d’un bel élan. Il me fallait cela ! – J’adore passer du calme réconfortant & tonique de Heyst à la fièvre d’ici. – Les Simon sont rentrés, mais ils sont repartis pour Lille & ils ne reviennent définitivement que dans huit ou
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Page 1 Recto : 1Herbeumont SamediMon Cher Vieux,Me voici à Herbeumont. J’y ai trouvé Émilie, mieux physiquement que tu me l’avais dit, mais le moral me parait en mauvais état. J’en ai été attristé, tu sais que j’ai toujours considéré ta fille, un peu comme si elle était une grande sœur de Claire. Je l’ai questionnée doucement, & avec des larmes dans les yeux elle m’a raconté sa petite histoire, que tu connais m’a t-elle dit. Que veux-tu ? avec son caractère doux & aimant ta fillette devait fatalement aimer quelqu’un ! C’est l’éternelle loi ! Il n’y a pas grand malheur jusqu’à présent, mais il y a urgence ce me semble de s’occuper de cela, & toi de remplir ton devoir de père. Va trouver le Monsieur & juge de quoi il retourne. Émilie & une enfant, absolument, sans force & sans résistance contre la vie, Mon Vieux, il faut que tu lui remonte un peu le moral. Elle t’adore, & c’est à toi à agir. Je te dirai ce que je pense de tout cela. Vois si le Monsieur peut ou veut être un mari sérieux &
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Page 1 Recto : 1Herbeumont. Dimanche.Mon Cher LéonCertes, j’ai eu tort de venir à Herbeumont, puisque cela te cause de l’ennui, (je me creuse la cervelle & je me demande pourquoi ?) – Mais puisque tu ne désirais pas ma présence à l’hotel Vasseur, pourquoi m’engager à y venir avec toi ? & pourquoi surtout, ne pas me dire tout simplement, le plus simplement du monde : je désire que tu n’ailles pas » « à Herbeumont » ! Je serais allé à Bouillon à Florenville ou en autre coin d’Ardenne. Au lieu de cela tu me propose d’aller retrouver Edmond je ne sais où, & admirer les pommiers de la Meuse ! – Je suis venu à Herbeumont en 1862, j’y suis resté huit heures. Herbeumont depuis devenu un village célèbre comme villégiature & dont tout le monde parle, m’intriguait & il est tout naturel d’y venir, puisque je voulais faire avec toi un tour d’Ardenne & non pas de Meuse ! Tu as un trop bon œil de peintre pour confondre. Je n’ai rien compris donc à ton désir subit d’aller te promener le long de la Meu
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Page 1 Recto : 1Vendredi 29 avril 1887Ma Chère petite Nièce,Je serai certainement à Herbeumont Jeudi soir ou Vendredi matin. Au plus tard Samedi. Inutile d’écrire à ton père, parce que je lui télégraphierai le jour de mon arrivée ainsi qu’à toi. – Il ne faut pas le déranger inutilement. – Je l’attendrai patiemment chez ces Demoiselles Vasseur où l’on dit que l’on est si bien, & qui ont une réputation d’amabilité & de bonne hospitalité si bien établie.À Bientôt donc : cette semaine sans faute.Clairette t’embrasse fort & regrette bien de ne pouvoir se mettre dans ma boîte à couleurs. – Car j’emporte maPage 1 Verso : 2boîte, & je te donnerai une leçon ! – Donc inutile de déranger Léon avant mon arrivée. On sait quand on part, on ne sait pas quand on arrive !Je t’embrasse & je te donne ma bénédiction.Ton oncle qui t’embrasse.Félicien RopsÉcris moi un petit mot afin de savoir si tu n’as pas l’intention de quitter Herbeumont. Je retourne à la Campagne pour un jour. Toujours même adresse. –
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Page 1 Recto : 1lorsque j’ai été forcé d’accepter une de ces machines à bourgeois ; comme chez Ritter & chez Boch l’an dernier. Le quinze j’étais donc prêt, je t’écris : pas de réponse. Il n’y avait plus de grandes manœuvres, donc je te croyais naïvement prêt à une tournée quelconque. Je t’avais à Bruxelles, donné rendez vous à ton passage à Paris, ne te soupçonnant pas assez inconscient dans tes muffleries Belges, pour passer par Paris et pour aller à Chatou sans me prévenir comme si Bièvres n’était pas Paris & si Chatou n’était pas Paris ! – Je t’écris donc : pas de réponse, ce n’est qu’au bout de neuf jours que après avoir écrit une deuxième lettre que tu me réponds que tu es à Anseremme « jusqu’à la fin du mois » c'est à dire aujourdhui. Comme j’avais juste, quinze bons jours libres, tu partais juste lorsque je devais revenir ! Quand j’ai vu que le temps s’écoulait sans réponse, j’ai été sur le point de partir afin d’aller au moins à Amsterdam (c’est pour cela & dans ce moment là q
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Page 1 Recto : 1Paris SamediMon Vieux,Rien encore de Ritter, j’ai écrit à Schoenfeld & à l’architecte (c’est Dumont) Il faut donc que je sois de retour Lundi soir ou Mardi matin au plus tard à Paris. – Donc comme toutes ces choses s’emmanchent mal, depuis ton arrivée. Je crois qu’il faut se borner à faire un petit tour en forêt. Nous déjeunerions Lundi à la Demi-Lune à 11 heures. De là départ vers la forêt & nous gagnerions Marlotte ou Barbizon. retour à pied vers Fontainebleau le soir. Nous aurons eu une bonne & belle impression bétulique et grèsiaque dirait Lemonnier en son « écriture ».Donc tu pars à 7h. 7 heures de la gare de Lyon Lundi. Je serai à l’arrivée du train à 8h11 à Corbeil j’y serai avec Clairette, & alors nous nous tirerons les ripatons.Carlier qui n’est pas sûr de pouvoir rester Lundi, viendra Dimanche. Je ferai tout mon possible pour qu’il reste Lundi & qu’il nous accompagne. Donc entendu hein. Une journée entière en bon coup d’air en belle forêt.À toi & à Lundi :Fély
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Page 1 Recto : 1Paris 24 Déc. 1889Voilà bien une quinzaine de jours que je suis dans l’impossibilité de vous répondre Mon Cher Monsieur Rasenfosse, et je ne sais vraiment ce que vous et Mr Morreels, devez penser de mon exactitude & de ma correction. Je n’ai eu le temps de rien faire ! J’ai d’abord été accompagner jusqu’à bord de La Bourgogne ma fille et ma femme, qui avec leur intrépedité habituelle, sont allées fonder une succursale de leur maison, labàs, à New-York. Ce n’est pas sans émotion que j’ai vu le grand transatlantique disparaître dans une tourmente de neige. Je suis resté dix jours sans nouvelles, tandis que je devais en avoir au bout de huit jours. J’ai passé quarante huit heures peu agréables. Enfin j’ai reçu une dépêche par le câble, et j’ai retrouvé le calme. Mais « L’Influenza » m’attendait ! & comme tous les Parisiens j’ai payé, de trois longs jours de lit, mon tribut à l’épidémie à la mode. Ne croyez pas à la grippe, cela n’y ressemble en rien. on souffre pas mal ! L
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Page 1 Recto : 1Monsieur A. Rasenfosse 334 Rue St Gilles Liège(Belgique.)Page 1 Verso : 2MercrediJe rentre de voyage & je trouve au logis, vos envois très gracieux. Merci Mon Cher Ami, en mon nom et en celui de ma fille, & demain longue lettre.Au triple steeple-chase, – le train part !F.R
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Page 1 Recto : 12 Juillet 1893Dimanche. ½ Lune.Mon Cher RasenfosseRassenfosse veux je dire, ou plutôt : mon Cher ami, tout court.Depuis un mois je ne fais que pourparler avec un tas d’animaux étranges & très polytechnisieux : ingénieurs en chef, sous-ingénieurs, conducteurs, experts, jurés, etc &c &c tout cela pour ce diable de Chemin de fer, qui me prenant mon passage à la Seine, voulait tout simplement me le supprimer, en me donnant quelques sous d’indemnité. Je me suis tellement remué, que l’on me donnera un passage sous la ligne, avec permission pour moi, au besoin, d’y faire passer un tuyau d’approvisionnement d’eau de Seine. Mais pas le moindre sol d’indemnité !! Je m’en fiche, j’ai mon passage, c’est tout ce que je voulais, tant pis pour le reste. Je vais, dans une douzaine de jours vous n’allez pas y croire ! à Liége !! pour un jour, ce sera une course un peu rapide, mais puisque De Witte s’est remis au travail, je ne veux plus le manquer, & je veux mon portrait ! Puis cela me
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Page 1 Recto : 1Paris le 26 juillet 1893.Mon Cher Rassenfosse,Je pars pour la Bretagne : N’oubliez pas l’adresse :À la Guymorais parSaint Méloir-des-Ondes(Ille & Vilaine.)Quant aux « renseignements » expédiez chez Nys toujours, cela me parviendra. Merci des premiers. Je les crois justes & et ils corroborent les miens propres. Je vous envoie une épreuve que vous n’avez certainement pas : une « Madeleine » – variante –. Il y a de tout là dedans : photographiure, grain très léger donné par l’aqua-tinte, vernis mou qui a repiqué, sous un acide trop fort. La planche m’avait déplu, et elle avait été enfouie dans un coin perdu où je l’ai découverte il y a quelques jours, et j’avoue que je n’ai plus trouvé cette planche si mauvaise que je l’avais cru. Serait-ce l’indulgence de la vieillesse ? –Vous avez raison, Mon Cher déja vieil ami, la Seule photographie possible est celle que vous avez choisie, celle de demi-quart de Dandoy. Le reste n’est qu’un amas de veuleries sans caractère.Page 1 Vers
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Page 1 Recto : 1Paris 2. R du Marché des Blancs Manteaux 7 janv. 1894.Mon Cher amiil faut que tu pries ta bonne & aimable femme de m’excuser, & que tu m’excuses aussi du retard apporté par moi à vous envoyer mes bons souhaits de nouvel an. Depuis quelques jours ma fille est malade, & tu comprends en quel désarroi cela nous jette, & quelle vilaine entrée dans l’année nouvelle cela nous fait ! Nous avons craint la fièvre typhoïde, & nous commençons à nous rassurer un peu, le médecin espère que nous échapperons à ces angoisses, & que cela n’est qu’une gastralgie à son début. Je t’écrirai dans deux ou trois jours & longuement. J’ai un tas de choses à te dire. J’ai encore mon atelier de la place Boieldieu, jusqu’en mars. Écris moi donc là, car j’y suis tous les matins, & habituellement tes lettres me parviennent à la 2e distribution de dix heures. Tâche, (sans trop l’embêter), que Dewitte n’oublie pas mon portrait.À bientôt donc Mon Cher Rassenfosse. Je vous adresse tous mes vœux de bonheur
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Page 1 Recto : 1Paris le 23 janv. 1894.Mon Cher ami,je m’en veux d’être resté aussi longtemps sans répondre à tes bonnes lettres, mais depuis le 3 janvier je suis au chevet, nuit et jour, de ma pauvre fille qui a la fièvre typhoïde. Juge de mes terribles angoisses, & de celles de tous ! Je n’avais plus le courage de penser. Ce n’est que d’aujourdhui 23 que les médecins répondent à peu près de ma pauvre fillette.À demain Mon Cher ami, bonnes amitiés à ta femme et embrasse les bébés pour moi.Ton « peu de chance » d’amiFély
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Page 1 Recto : 1La Guymorais par St Méloir des ondes. Samedi – 18 Aout 1894Mon Cher Rassenfosse, j’ai bien regretté que tu ne fusses pas venu avec nous à Anvers. Clairette ma femme et ma belle sœur étaient de la partie. Les artistes anversois ont été des plus aimables pour moi, et nous ont fait voir dans le vieil Anvers toutes les choses curieuses & rares qui meublent des appartements particuliers, et que l’on ne montre pas au public. Vu aussi un merveilleux cortége des « métiers ». C’est un de mes anciens amis de la Société des Aquafortistes, Franz Van Kuyck, qui a créé le vieil Anvers, et j’ai été heureux qu’il m’en fit les honneurs. J’ai été charmé d’ailleurs de l’accueil tout à fait cordial et tout à fait charmant que les artistes m’ont fait, au raout de Ch. de Coster, et cela m’a touché parce que je ne m’y attendais guère.C’est vraiment dommage que Bénard t’as ; par son absence, forcé de rester à Liége, car je suppose que tu ne considère pas l’arrivée à Liége de Deman comme un emp
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Page 1 Recto : 1Paris, Samedi 8 Déc 1894.Mon Cher Ami RassenfosseArmand, je te remercie des renseignements donnés. J’ai attendu leur réception pour te répondre. Comme je te l’ai dit, j’espère beaucoup sur ce raisonnable mariage, pour le bonheur de Clairette. Le côté distingué, discret et bonne compagnie du personnage devait lui plaire. C’est une femme pleine de raison ; peu emballée, et retenant toujours les écarts d’imagination que Mlle ma fille. Je crois qu’elle pourra être très heureuse avec ce jeune clergyman ! Il est évident que le spectacle du bonheur calme dont plusieurs de ses amies de labàs, jouissent dans les seins de l’église Protestante, a pu l’influencer. Une de ses amies est je crois la femme de l’évêque de Windsor. Si elle était restée en Angleterre, je crois qu’avec ses goûts, Claire serait devenue une prélate de premier ordre. – À mesure que je le connais mieux, son fiancé me plaît bien. C’est un calme, très travailleur, & que je crois ambitieux, ce qui n’est pas mauva
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Page 1 Recto : 1½ Lune Essonnes.Dimanche.Merci mon Cher Ami, de tous les renseignements. Excellents comme tous les autres venus par différentes voies. C’est une affaire faite, parce que Clairette tient à ce que cela se fasse. Le bonheur dont jouit une foule de ses amies avec des bonshommes à tournure clergymenesques, dont la femme du suffragant de Windsor, qui ressemble lui à Rebell, l’a entrainée ! Elle ne veut aucun des jeunes gens « brillants, à moustaches en crocs, qui lui ont été présentés, mais bien ce jeune homme qui a l’air d’être échappé du Jésu & du Vatican, & qui est fortement attaqué par les anarchistes de toutes couleurs. Je la laisse faire. Ici tout les amis de Rebell : Anatole France, Barrès, etc etc l’estiment étrangement, et le trouvent un des jeunes de grand avenir. »– Très sérieux, & très ambitieux je crois, – ce qui n’est pas mauvais, par le temps de lutte qui court, il se propose de résider une partie de l’année en Allemagne pour y faire ce qu’il a fait en Angleter
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Page 1 Recto : 131 Déc. 1894Je t’envoie mes bonnes amitiés de cœur pour toi et les tiens. J’embrasse tes chères enfants à grands bras, & je vous souhaite à tous, tous les bonheurs dont on peut jouir ici bas.Claire te remercie bien des vœux que tu fais pour son bonheur. J’espère que tout s’arrangera pour le mieux, malgré deux ou trois accrocs dans la marche de « l’affaire ». Enfin nous verrons, et j’espère n’engager l’avenir de ma fille qu’a coup sûr comme bien tu penses. Malgré moi, et malgré tous les meilleurs rapports, – presque trop bons en leur conformité, il me reste je ne sais quelle défiance & quelle opposition instinctive contre le « promis ». Je me révolte contre ce parti pris, et je tâche de lutter contre un « préconçuisme » mais, je n’y peux rien !! Enfin ! j’espère que tout cela se dissipera, à mesure que le jeune homme nous habituera de plus en plus à sa personne, mais, encore, cela n’est pas encore fait !Merci Mon Cher ami de l’envoi desPage 1 Verso : 2pinceaux, ils me pa
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Page 1 Recto : 1CroquisParis DULUC 19 rue de Grammont17 Sept. 1894.Me voici revenu Mon Cher Ami en cette vieille Demi-Lune qui est comme les vieilles maîtresses avec lesquelles on a d’éternelles faiblesses, & des reprises d’acoquinements. J’ai fait à la Guymorais un assez ennuyeux séjour, & c’est pour cela, comme ces ennuis étaient prévus & inévitables, que je n’ai pas réclamé de toi la bonne promesse de venir labàs passer quelques bons jours en Bretagne. L’an prochain je te ferai voir Dinan une merveille archéologique, & le mont St Michel une des quinze merveilles du monde. Cela vaut le voyage, je t’assure. Cette année, il me fallait « m’occuper d’affaires ! » Et je m’en suis occupé ! J’ai pendant – de longues journées discuté avec des paysans, – les mêmes, toujours ! qu’ils soient de la banlieue de Paris ou de la banlieue de St Malo ! qu’ils soient Lapons ou Hauts Bretons ! Quand j’ai acheté la plage de la Guymorais, le notaire, le même notaire aussi ! avait dit : vente des « mielles
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Page 1 Recto : 14 janvier 1895Depuis avant hier Mon Cher ami, je dois t’écrire. D’abord tu me rendrais un vrai service en me faisant faire, (où tu as fait faire ces cartes) un cent de cartes de ce caractère. Je trouve ce caractère très joli, j’ai fait le tour de Paris sans pouvoir le trouver, il est probable qu’on ne le trouve encore qu’à Litche !CroquisRassenfosseSi tu trouves du Japon cela me va très bien. Si tu trouves chez ton papetier un bout de papier qui ait quelque chic, prends le. Tu me diras combien tu as déboursé pour tout cela, & il me restera à te remercier.Autre chose : évènement : Le mariage Rebell n’aura pas lieu, du moins jusqu’à nouvel ordre. Malgré tous les bons renseignements possibles, il me restait une sorte de défiance. Cette défiance n’a fait que s’accentuer & à la suite de certaines façons de faire, & de dire, qui m’ont déplu, j’ai retardé l’échéance jusqu’à « plus tard ». Ce « Plus tard » n’arrivera peut être jamais, et je crois que je n’en serais pas fâché. Q
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Page 1 Recto : 1Paris le 11 janv. 1895Mon Cher Ami, je ne veux pas attendre un jour sans te remercier de tout cœur, ainsi que Madame Rassenfosse de votre extrême Complaisance. Je te prie de croire mon vieil que en t’envoyant ce feuilleton à traduire, je croyais que tu avais là un « germanisant » sous la main, et que tu n’aurais qu’à lui passer la chose, sans trop te donner de peine. Si j’avais su que cette besogne dut retomber sur ta femme, jamais je ne me serais décidé à la demander. J’ai abusé de ta bonne complaisance, & j’en suis confus vraiment. Excuse moi auprès de Mme Rassenfosse.Les Cartes sont parfaites* * Et nous réglerons cela « à ton arrivée » ne tarde pas trop. , nous en causerons à ton arrivée ici. Je ne peux aller en Italie avant la fin de l’année. La « Faculté » ne veut pas ! Il paraît que ce trimballement, (faut-il deux l. à trimbalement ??) ne convient pas du tout à Mr mon cœur qui veut du repos, l’éternel repos !Difficile le Repos ! Il y a droit ! Voilà cinquante ans
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Page 1 Recto : 1Eh bien mon Vieux Rass. quand nous viens-tu ? Arrives donc très vite. Ma fille se marie le 21 Décembre, avec le gros Demolder, juge de paix adjoint, homme de lettres, et fabricant de tapis de Tournay à Bruxelles. Voilà. C’est un gros bon garçon qui la rendra certainement heureuse. C’est tout ce qu’il faut. Ainsi je suis débarassé de tous les Rebell possibles & d’autres, de la même farine.Viens vite.Et si tu le peux, emporte avec toi le docteur Henrijean.Mon fils t’attend ici avec moi, mais viens viteSonge que nous sommes déjà le 10 !À toi & à bientôt.Fély
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Page 1 Recto : 1Mme Gouzien28 Rue VignonPage 1 Verso : 2Ma chère Amie,Je suis malade, et gravement, depuis le vingt deux Décembre dernier. Il faudra que je me fasse remplacer ce cœur de quatre sous. Et ma fille qui a épousé un de mes cousins sous-germains ! à la condition qu’on ne ferait pas de noce !! Très drôle. Je ne peux sortir avant le milieu du mois. Défense absolue de mon docteur. Venez donc demain, à partir de midi ½ je suis libre. Dans la rue Vieille du Temple il y a une petite rue qui s’appelle la rue du Marché des Blanc Manteauxau n°4 de cette rue à côté d’un pharmacien c’est là mon atelier. Sonnez à ce n° 4 j’irai moi-même vous ouvrir la porte, je vous remettrai un tiers de la collection Gouzien. les deux autres tiers suivront, Mardi et Mercredi.À demain, j’embrasse la convalescente et la jeune mère itou. –À vous de belle amitié.Fély4 Rue du Marché des Blancs Manteaux.Si vous voulez emporter la collection entière elle sera prête.
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Page 1 Recto : 1Heÿst sur merHôtel des Bains. (Flandre occidentale Belgique)Mon Cher VieuxVoilà bien longtemps que je dois t’écrire ! & je remettais toujours comptant partir pour Paris d’un jour à l’autre.Il faut que en me faisant obtenir une passe jusqu’à Paris-frontière aller & retour tu aides à me rapatrier mon vieux frérot sans cela la France va compter un Français de moins ! Je suis à sec comme les phoques que je vois d’ici échoués sur les bancs de sable !!Et la chose est grave ! car il s’agit de Clairette. Je veux la mettre en pension à Douvres. J’ai échangé une foule de longues lettres avec le Consul français de là bas, car comme je suis décidé à me faire naturaliser, je me déclare français & je reprends ma nationalité. Je te dirai tout à l’heure pourquoi. Le pensionnat est choisi, on m’attend avec ma fillette. Tu sais comme je soigne l’éducation de la mignonne, je fais pour cela de grands Sacrifices, mais je considère cela comme un devoir primordial. Seulement tout cela coûte t
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Page 1 Recto : 1Samedi matin.Mon Cher Vieux,il nous tome à l’instant un cousin – de Montauban ! – Et il faut que tu nous le flanques au théâtre & pour qu’il nous laisse en paix aller à Robert le Diable. Et c’est un cousin à héritage & mélomane, (!) Pourrais-tu pas nous avoir une place – une seule – pour Mignon par exemple, & mettre le feu à l’Opéra-Comique vers neuf heures ?Si pas Mignon, la Renaissance si pas la Renaissance ; les Nouveautés, si pas les Nouveautés voire même l’Opéra Populaire! Une place, sauve nous de ce pruneau de Montauban, d’abord tuPage 1 Verso : 2comprends que je ne peux pas passer ma soirée avec un compatriote de Monsieur Ingres.À toi & belles amitiés chez toiSi tu veux remettre en même temps la lettre pour Robert, Clairette en dansera de joie, depuis ce matin elle apprend par cœur le livret & elle le Comprend !!!!!!!!!!!!!!FélyÀ mercredi pour les Cuivres. – Je suis là toute la journée.FPage 1 Recto : 3Excuse moi bien auprès de ta femme, je ne peux aller déjeuner
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Page 1 Recto : 1Mr Vos, Hôtel des deux Hémisphères,79 rue des Martyrs. – (En cas d’absence adresser à Mr Charles Vos, chaussée de Bondaël, Ixelles Bruxelles)Page 1 Verso : 211 Janvier 1896Mon Cher VosSi vous êtes encore à Paris, (et si vous m´aviez écrit je vous aurais conseillé de ne pas venir avant une dizaine de jours, alors tout aurait eté arrangé pour le mieux pour vous, et la consigne express des docteurs eut été levée,) mais vous avez toujours eu la manie de ne pas écrire à l´avance, ce qui est une très mauvaise manie. J´ai été malade d´une façon extraordinaire et très grave. J´ai échappé à un danger très sérieux, grâce à la solidité de ma carcasse. C’est un cas très rare. J´en suis sorti. Il ne s´agit pas de recommencer !Ce petit bleu est pour vous faire savoir que Dimanche matin, Eugène et sa femme viendront déjeuner avec nous et si cela vous va, on vous engage à venir prendre votre part du repas très modeste d´ailleurs, comme tous les repas que l´on prend en mon logis.Je vous
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Page 1 Recto : 1Hyères29 Avenue Riondet, Var,Mon Cher Vos,Je veux bien vendre le tableau « des trois têtes » avec droit de reproduction par Bertrand. Je tiens beaucoup à ce tableau mais comme je désire voyager cette vente m’aidera à subvenir à mes frais de voyage, et pour me consoler du départ de mon tableau, j’en ferai d’autres en Italie dont les maquettes sont déja en train et que Claire connait. Seulement, je ne veux absolument vendre ce panneau qu’au prix de quatre mille francs qui m’a été offerten y comprenant le droit de reproduction, et je vous donne la préférence * * Il est naturel que je vous donne la préférence comme première affaire en ce genre.Si ce prix vous convient écrivez le moi et rendez vous à Paris. Demolder à qui j’enverrai tout de suite un reçu de 4,000 francs avec autorisation touchera la somme pour moi et me l’apportera à Hyeres où il doit arriver à la fin du mois. Il vous remettra le tableau je lui enverrai toutes les indications nécessaires à ce sujet. Notez qu
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Page 1 Recto : 11/2 Lune, Essonnes (S. & O)Mon Cher Vos,Ce mois ci est tellement spécial à cause d’occupations imprévues, & auxquelles je ne m’attendais pas lorsque je vous ai quitté, je ne savais pas devoir reculer la date de la livraison de mes dessins mensuels.– Vous savez les projets d’union qui ont lieu entre notre famille et celle d’Eugène. Tout marche bien, à notre satisfaction, réciproque & je crois comme nous le disions que Clairette et Eugène se trouvent dans des conditions à avoir une vie très heureuse. J’attends pour le 1er Novembre le père d’Eugène ici à Paris afin de tout régler, et Eugène par dessus le marché. J’espère que tout marchera au gré de nos désirs.Donc il n’y a pas moyen que vous veniez prendre des dessins avant le dix ou le quinze novembre. Toutes mes heures seront prises jusqu’au quinze. Le lot sera d’ailleurs très curieux et fort avantageux mais je ne peux « le livrer avant cette date. J’ai sept ou huit dessins commencés.Je vous parle de ce mariage Mon Cher
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Mon Cher Rass.Ma fille est à la Demi Lune je t’écris deux mots au plus vite. Ma fille est à la campagne avec son mari. Je la remplace.Je t’envoie à toi, à ta bonne & aimable femme & au tiens, tous mes meilleurs souhaits, je t’écrirai plus longtemps demain.Fély
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Page 1 Recto : 129 Boulevard des Iles d’OrAvenue RiondetHières ou Hyères.(Var.)Mon Cher RassenfosseJ’attendais d’être complétement installé ici pour t’écrire. À cause de ma terrible indécision, et aussi à cause de la vente notre voyage a été retardé d’un mois ! Je tenais à revoir quelques uns de mes dessins ! Cela m’a fait grand plaisir et m’a rajeuni les yeux, je te l’avoue sans embarras, à la bonne franquette, je crois que j’en ferai encore d’autres, et que j’ai encore du talent quoiqu’en pensent les bons petits camarades. Je vais mieux. Depuis un an je n’avais pas été un jour sans avoir de l’œdème aux jambes la chose est finie ! . Tu sais que c’est un signe certain d’albuminurie. Ce long voyage m’a si peu fatigué et j’ai été si heureux de voir des aspects nouveaux que j’ai envie de continuer. D’ici un mois je compte aller en Italie, il y a tant de belles choses à y voir, et aussi peut être à y faire, même pour moi que je ferai en sorte de continuer vers l’Italie. C’est même assez ri
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Page 1 Recto : 1Monsieur Octave Uzanne72bis Rue Bonaparte.ParisPage 1 Verso : 2C’est la semaine aux tuiles! Voici venir aujourdhui Miss. Ismay venant de Douvres avec les nouvelles de Clairette, & sa Grand’maîtresse !! Faudra que je la mette à ma droite ce soir & que nous remettions à demain notre dîner.– ô que les femmes même petites vous mangent la Vie ! – mêmes les meilleures ! – Es-tu libre demain. Si oui écris un mot aux Godebski nous nous débarasserons demain de cette politesse « nécessaire ». J’écris à ta place dans tous les cas, cela ne t’engagera pas. Que le diable anglais, le oligentleman emporte toutes ces femelles à papillottes bibliques ! Je ne bouge pas & je veux que Jeudi tu tiennes ton dessin par les oreilles. Tout cela, toutes ces scies le rendent un peu « hésitant » mais tu sais que c’est à la fin que je montre ma Vieille poigne. Si tu veux nous ferons à portée de Paris un « Paraclet » Un blockaus avec palissade il faudra en venir là ! Dès que je laisse ma porte entreb
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Page 1 Recto : 1Mon Cher Nys,Un mot oublié : Je pars pour la campagne pour aller « reprendre » ma belle-mère. Ma fille m’accompagne. Inutile donc de vous déranger pour sa leçon. Du reste je crois que nous devrons les suspendre. Elle a trop à apprendre sans y ajouter encore des inutilités. Je vous remercie de votre complaisance à cet égard. Quant aux leçons données nous réglerons soit en argent, soit avec un croquis représentant le prix des leçons. Je serai chez moi demain Mardi soir. Si vous avez le dessin apportez le. Si vous preférez que je le demande moi-même à MrCorsan cela m’est égal.Tout cela ne m’empêchera pas de vous céder des dessins à prix d’ami lorsque l’occasion s’enPage 1 Verso : 2présentera. Je ne vous en veux pas, seulement une autre fois lorsque vous accepterez des conditions n’y manquez pas. Si votre Conduite en cette affaire avait eté correcte, vous n’auriez pas eu ces ennuis – ni moi non plus.Je v[ou]s serre la mainFel R
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Page 1 Recto : 1Première lettre du 9 juin 1884Mon Vieux Evely j’ai été malade comme si j’avais été élève de Cabanel et même comme si j’avais été Cabanel – lui-même en personne :Si j’étais CaSi j’étais CacaSi j’étais Cabanel !dit la chansons de rapins. Aujourdhui 9 juin je m’éveille bien portant, 9 juin jour de la St Félicien, au milieu des bouquets envoyés 1° par mon fils Paul de Thozée, 2° par ma fille Claire de Douvres, 3° par ma fille Jenny de Gênes. – Car Mon Cher Evely personne n’est adoré de ses enfants comme moi, vous voyez que le vrai c’est d’en avoir dans les cinq parties du monde, – de femmes différentes ! – de les élever merveilleusement, de leur donner le goût des fleurs & de toutes les belles choses & de vivre en patriarche. Car en dehors des patriarches les fondateurs de religions n’étaient que de profonds crétins. Pour ma part le Christ, ce mouton bêlant escouillé m’est particulièrement odieux.Il n’y a pas dans sa vie un seul fait qui vaille la peine qu’on s’en occupe. I
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Page 1 Recto : 1Monsieur Joseph Uzanne168 Bd St GermainPage 1 Verso : 2Paris 1er janvier 1896.Mon Cher Joseph, voilà près d’un grand mois que je garde la chambre j’ai été bloqué par une « cardiatite aigue ». Si tu trouves un quart d’heure disponible, j’aurai un vrai grand plaisir à te serrer la main. Je voudrais que tu puisses me donner quelques renseignements sur la mort de ce pauvre Testard l’éditeur. Transmets aussi mes bons souhaits de convalescent à Octave. Dès que je le pourrai j’irai lui faire visite. d’ici à une huitaine de jours. Que le ciel de 96 sourie plus que celui de 95 ! Et Doucet qui meurt aussi !Ma fille est en voyage de noces avec son mari. J’espère qu’elle sera très heureuse. Nous avons fait une noce entre parents, comme on en faisait au 18e siècle à Paris, au temps d’Eisen et de Fragonard, et cela a proprement un charme.À Bientôt mon Cher AmiAmitiés de la maisonnée, et d’Icelle aussi tous les vœuxs.Félicien Rops
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Page 1 Recto : 1Bièvres-en-Josas.Jeudi 17 juilletMon Cher Liesse,Je suis presque content qu’Edmond n’ait pu venir : la « petite fête » est remise : Clairette est indisposée à Douvres, & sa mère part Samedi pour aller la prendre là bas.Si Edmond pouvait venir au Commencement d’Aout, nous prendrion jour. Je vais lui écrire à l’instant. C’est donc partie remise & nous n’en serons que plus gais, Filleau, – lui même était empêché.Je travaille malgré la formidable chaleur de ces derniers jours. Aujourdhui il pleut & cela fait une détente de nerfs & de jolis verts mouillés dans le paysage qui me rappelle tout de suite Thozée & ses fraîcheurs profondes.Je serai Samedi pendant toute la journée à l’atelier, si tu avais à me parler. Mon élève fait mon portrait pour l’Exposition de Bruxelles ! CelaPage 1 Verso : 2fera dire aux Belges : Hein est-il décati ! – Il faut toujours réjouir ses compatriotes.Bons Compliments respectueux à ta bonne compagne de vie, & une vieille poignée de main de derrière
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Page 1 Recto : 1Paris Lundi.Mon Cher Ami,je t’expédie pour tes protégés :1° Un grand manteau de femme dans laquelle ta femme peut improviser ce qu’elle voudra2° Un petit vêtement de Clairon qui pourra faire l’affaire du petit.As-tu reçu des nouvelles relativement à eux ? – Tiens moi au courant de tout cela, & si la fortune me souriait un peu, – car elle a le nez tourné pour l’instant, je pourrais m’associer à ta bonne action d’une façon plus efficace. N’oublie pas de m’apporter des croquis & des marines promis. Je voudrais voir cela. on ne sait jamais. Je serai demain Mardi à l’atelier à tirer des eaux fortes pendant toute la soirée. Si tu as besoin d’une bonne épreuve c’est le moment.À toi – & bons Compliments à ta belle & bonne compagne dans « The battle of life »Fély
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Page 1 Recto : 1Mon Cher OctaveNous avons déraillé, conduits par nos billets de parcours – Dimanche : visité entre deux trains : Argentan, un vieux trou curieux, arrivée à Granville En voiture brulé Granville St Pair, Carolles le Mont St Michel. Aujourdhui Lundi : St Malo, la Rance, Dinan, espérons coucher à Brest. De Brest : Roscoff, Lannion Peros & ce que nous pourrons de ton itinéraire o[ù] nous t[illisible: barré] trouverons un coin reposant.Temps gris, pas désagréable du tout. Cela cadre avec la Bretagne. On te regrette, mais au prochain voyage !Si lettres pour moiGarde lesPage 1 Verso : 3Nous ne faisons pas l’Audierne & le Douarnenez pour que nous les fassions de concert. Toute la Smala se porte bien & t’envoie ses amitiés. –Ton vieuxFély
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Page 1 Recto : 1Samedi Matin.Mon Cher Octavevoilà « qu’il plout » comme on dit au pays Wallon & « que ça chet dru » Viens si tu l’oses, mais ne te crois pas obligé de venir t’embêter par la pluie dans notre clapier. – Si tu viens ce sera fort bien & tu sais que tu feras toujours plaisir, si tu ne viens pas on t’excuse. Il y a un train qui part au matin à 8 h. 8 h. 15 ou 8 h. 20, je ne sais au juste de la gare Montparnasse, tout ce que je sais c’est qu’il arrive à 9 h. 36 à Bièvres.À toi mon.D’ji crouet que l’hyvier est disquindre !!!Traduis : Ah ! il faut que je t’apprenne le gallo-Roman :Y fauret qu’ije t’y boute ell’ tiesse li Gallo-Roman .C’est une langue adorable !À toi et amitiés de la Smala.Félÿ
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Page 1 Recto : 1Monsieur Octave Uzanne72 72bis Rue BonapartePARISPage 1 Verso : 2Cher CopaingVoici : Je suis revenu de Douvres avant hier ! j’y ai accompagné ma petite « belle sœur ». Aujourdhui impossible d’aller chez Godebski. Demain nous devons aller chez Bonvoisin. Tu te rappelles que je lui avais écrit afin de savoir les jours où il serait libre en lui envoyant ta liste des jours disponibles cette semaine, & il a choisi Mardi. Sois donc demain, 7 h., Cardinal, nous dînerons ensemble dans un boui-bouillon quelconque. Nous ne pouvons plus remettre le Bonvoisin. Il nous attend.Les dessins vont bien. Cette semaine tu auras toutes les photographies des susdits dessins. Je te demanderai de les montrer rien que cela à Rouveyre, Samedi dans l’après midi. Je les remettrai Samedi à Conquet.N’oublie pas que pour tout le monde y compris Conquet je suis à la Campagne à Montlignon pendant toute la semaine, afin d’avoir le repos du travail, J’ai perdu quatre jours avec ce petit voyage ! Nous ret
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Page 1 Recto : 1Monsieur Octave Uzanne72bis Rue BonapartePARISPage 1 Verso : 2Mon Cher VieuxTélégraphie à la mère Godebska que tu dînes avec la cuisse du Dragon Impérial, je ne peux dîner avec toi mon Vieux. Clairette est malade & ne veut que moi auprès d’elle. La maladie ne sera rien mais dans le tohu-bohu où l’on est je m’improvise garde malade.Excuse moi bien. Si demain tu descends à Paris-droite viens à l’atelier te prie. – Je suis désolé de cette tuile, mais tu m’excuseras vis à vis du motif.Ton VieuxFély.
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Page 1 Recto : 1La Guymorais 12 sept 1894.Donne moi vite Mon Cher Ami, vite, des nouvelles de la petite malade. Nous en sommes anxieux. Écris : 2 Rue du Marché des Blancs Manteaux. Quels mauvais moments vous avez dû passer ta femme et toi ! J’espère qu’a l’heure où je t’écris tu es rassuré, et que nulle complication n’est survenue. Pauvre mignonne ! Voilà un des ennuis terribles de la Campagne ! : l’absence de docteur sérieux. Il est vrai que Fécamp, en saison, doit avoir de bons docteurs, – bons ? – où sont-ils ? Même chose ici : Cancale & St Malo c’est encore Fécamp ! J’ai peur quand Clairette sort en vélocipède qu’elle ne se casse un bras aussi. Je commence à être de ton avis : et à trouver que Paris, – à tant de points de vue ! – vaut mieux que tout.Mon vieux tu m’as mal compris : la planche d’Arents, la dernière, est excellente & je ne m’en plains pas, seulement j’eusse voulu avoir une épreuve forte en couleur à côté de l’autre, parce qu’il y a la dedans des travaux à laisser sans
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Page 1 Recto : 1Heyst 3 oct 1886.Mon vieux LiesseJ’ai été frapper à la porte de Barvoets Charles & j’ai trouvé porte close. Heureusement la bonne & fidèle Stéphanie Barwoëts, – MmePaternoster, m’a donné l’hospitalité en son hostellerie « de la Marine ». – Barwoëts est à Chooz avec Carlier qui a ce qu’il paraît va s’associer avec lui, pour reprendre un restaurant à Bruxelles, à ce que m’a dit Barvoëts Charles.Je suis parti un peu contrarié & agacé de tout ce que tu m’as dit, & de tout ce que moi, j’ai du te dire relativement à ta litterature. Tu sais quelle réelle affection je te porte. Ce que je t’ai dit, je le pense & je le pense dans le plus profond de moi. – Ma très réelle conviction est que depuis cinq à six ans tu t’es égaré, & que tu continues à t’égarer avec l’entêtement des gens qui sont dans le faux.Et il n’y a pas à dire que nous ne te connaissons pas, que nous ne savons pas ce que tu fais, ce que tu peux faire,Page 1 Verso : 3Nous te jugeons par toi-même, & c’est assez. – Tu
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Page 1 Recto : 1Mon Cher Monsieur DemanCi-joint : Le portrait de F.Ropsid de Claire RopsLes 5 pièces des Sataniques
1990
Page 1 Recto : 1Mon Vieux Théo,Je t’envoie ainsi que je te l’ai promis1° Le dernier état de la Femme au Trapèze. – Tout cela est devenu lourd & betât par la faute de cet immonde Cadart qui m’a forcé à mettre un pagne à la « dame » & qui dans ce moment là faisait tirer ses épreuves par un cochon qui ne savait pas ce que c’était qu’un cuivre & qui cirait cela comme ses bottes. C’est hideux & dépouillé noir & cru, mais il n’en existe plus d’autres épreuves – J’en ai tiré deux qui étaient des merveilles, elles sont parties, tu ne reconnaîtrait pas la planche2° Le dernier état de la Chandelle Bonne planche, je trouve, en son voulu. & bonne épreuve un peu sèche ainsi qu’il convient.3° Un bout d’épreuve japonaise, lettrine pour Mlle Claire-Duluc-Rops.4° Épreuve rare de la « Boîte au lait » la planche chargée d’essais brutaux & toqués de Vernis mou.5° Épreuve rarissime d’essais de vernis mou. Je ne t’envoie pas cela commePage 1 Verso : 3des modèles (Ces épreuves datent de 1878-79) – je te les
2008
Page 1 Recto : 1Paris 17 Rue Drouotécris toujours : 76 R. Richelieu.Mon Vieux Théo,Je vais t’embêter, mais il faut absolument que j’aie un Volume de tes Rimes de Joie a mon entière disposition – en dehors de mes deux volumes (un sur vergé & un sur Japon,) bien entendu ! – Tu comprends qu’il me faut un volume que je puisse prêter, montrer, trimballer le tout à ta plus grande gloire & profit. Comment règles-tu Paris ? Qui est chargé de « pousser le volume ? » quel en est le prix définitif ? – N’as-tu pas le droit de changer le prix du volume comme tu veux ?Dis-moi tout cela.Nous l’avons échappé belle ! comme tu le dis fort bien ! Quel cuistre ! quel cochon que ce Leclercq ! Ah le triste pays au point de vue de la compréhension des choses ! –À propos : Nous allons faire les Cent légers croquis !!!! par Th. Hannon & Félicien Rops ! Cela te va hein ? tu es mon homme ! – Sans Gay ! bien entendu ! N’en souffle mot à personne ! Je monte tous cela, toutPage 1 Verso : 2doucement. Et nous ferons
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Page 1 Recto : 1Montlignon (Mons lignis !)(Seine & Oise)(Villa des Artistes)25 sept. 1882Mon Cher ThéoTa lettre vient me retrouver sous les grands arbres de la Villa des Artistes, une machine drôle, en pleine forêt de Montmorency où Mme d’Epinay retrouvait ce pied plat de Jean Jacques Rousseau. Je ne retourne en Belgique que le 17 octobre. Un de mes Vieux amis de Séville le peintre Araugo est ici, & tous les deux jours je vais le cornaquer dans Paris, – qui est si séduisant par ses blondeurs d’automne, & son bavardage vif & charmant de « la rentrée ». Pourquoi n’es-tu pas revenu à Heyst ? Nous avions besoin d’avoir à nous deux une longue conversation. Tu parais, pour « voir l’Exposition, puis tu ne reparais plus ! Moi, j’étais avec ma fillette & je ne pouvais guère bouger !! Je t’aurais dit une foule de choses difficiles à écrire & à expliquer par lettre & faciles à dire. Lorsque je t’ai dit que nous illustrerions de concert le « Au pays de Manneken-Piss » je t’ai recommandé Kistemaeck
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Page 1 Recto : 117, Rue Drouot.Mon Cher Théo,Voici ce que je vais faire, je vais faire les illustrations de ton livre en janvier & février, – des eaux fortes – pas trop grandes. Le nombre ? je ne sais ? Les illustrations faites Tu les lui montreras, à ce Christemacaire. Seulement s’il ne veut pas m’écrire la susdite lettre, les illustrations lui passeront sous le nez et Mlle Doucé publiera ton livre & paiera les dessins voilà tout !Lalouette & Doucé vont ouvrir rue Drouot ! une boutique à bouquins qui sera « très chique »! Kistemaeckers m’a manqué, ou plutôt c’est moi qui lui ai manqué ! Je t’ai dit ses bavardages imbéciles, s’il n’écrit pas, pas de Rops. Qu’Armand Lynen le réjouisse. Cela ressemble a Rops mais il y a « une nuance » – sans orgueil déplacé. –Donc rassure toi Les Rimes de Joie & Au Pays de Manneken-Piss verront le jour. – Il eut mieux valu c’est incontestable ! que Au pays de Manneken-Page 1 Verso : 2-Piss vit le jour à Bruxelles, – mais peut être le Macaire en question
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Page 1 Recto : 1À la Demi-Lune, – Moulin-Galand par Essonnes.(Seine & Oise.)Mon Cher Théo,Je n’ai pas tes « Noëls fin de Siècle » Veux-tu me les envoyer en échange de deux belles épreuves que tu n’as pas ???Tu sais combien je m’intéresse à tout ce que tu fais, je t’enverrais cela dans une huitaine de jours, tous les JeudisJe suis à Paris :2 Rue du Marché des BlancsManteaux.(ne pas confondre avec la rue des Blancs Manteaux.)Si tu passes par Paris d’aventure ne m’oublie pas je te prie.Présente tous nos compliments et ceux de Clairette en particulier à Madame Hannon qui je l’espère est toujours en belle santéTon ancêtreFély
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Page 1 Recto : 1Mon Cher PicardJe suis arrivé du fond du Gâtinais pour vous serrer la main. Je vous avais télégraphié, mais il est probable ou que vous n’avez pas reçu mon télégramme, ou que vos affaires vous retiennent en d’autres lieux. Emballez les cuivres, cachetez, & remettez les je vous prie 19. Rue de Grammont à mon adresse. Je vous dirai ce qui en est quand je les verrai.J’aurai très prochainement une série de nouvelles gravures à vous envoyer & je vous écrirai dans quelques jours. – Je pars dans unePage 1 Verso : 2quinzaine pour l’île de Noirmoutiers où des amis m’attendent, puis j’irai en Belgique où j’espère vous voir.J’ai reçu seulement votre carte il y a six heures.Je vous serre bien la main & je vous remercie d’avoir bien voulu m’apporter les cuivres.À VousFélicien RopsJe suis obligé de repartir à l’instant, ma petite fille se trouve à peu près seule à la Campagne, sous la garde du jardinier & de la jardinière, & cela ne suffit pas. Excusez moi donc de ne pouvoir vous att
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Page 1 Recto : 1Mon Cher Dewèz,Voulez vous me faire le plaisir de passer après votre déjeuner par le 21 de la rue de Grammont. J’ai sept cuivres qui seront finis dans quelques jours & que je veux vous montrer. J’ai appris à Douvres la mort de Mr votre père.J’étais moi-même au chevet de ma petite fille malade & si attristé moi-même qu’il faut m’excuser de ne vous avoir dit la part que je prenais à votre douleur. La petite fille est en pleine convalescence & je l’ai ramenée à Paris. – Quand vous aurez les planches en train, vous pourrez affirmer auprès de Lemerre toute la peine que je me donne pour lui être agréable & tenir mes engagements car je lui donne toutes les planches dans le courant de novembre, ce qui revient au même que de lui en donner deux par mois depuis Aout & ce qui ne t’avançait pas. Présentez lui mes compliments je vous prie.Je vous serre la main de bonne & sincère amitié.Félicien Rops– J’offre à Lemerre, une planche supplémentaire pour ses amateurs, – à titre de dédomm
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Page 1 Recto : 1Mercredi.Mon VieuxPas de papier ! je prends une vieille épreuve de rebut. Allons c’est gentil & tu répares tes crimes !! – Je serai Lundi sans faute à Bruxelles. Y seras-tu ? je ne fais que traverser ton heureuse Bétique. – Je vais à Fammelette quelques jours avec Uzanne. Uzanne part demain. –L’article est gentil & les histoires vendômoises bien dites.CroquisLa portière de Jacquemart / Mon ennemie ! / Un gavarni !! / Le chevalier !!J’en ai encore une ou deux grassouillettes que je te laisserai dire par ma belle mère pour ne pas gâter le goût du terroir.Donc tu n’es pas à Nieuport, Tu ne réponds pas plus qu’une carpe ! Serais-tu tombé en enfance !Voici notre programme Uzanien-Ropsique : Jusqu’au 25 à Fammelette chez Picard. à partir du 25 à Anseremme si tu y es jusqu’au 30. –Pourquoi Diable invites-tu Uzanne à aller Anseremmer si tu ne dois pas y être ? C’est assez bebête. Tu l’as invité à aller fin aout à Anseremme ?? – Voilà son dire.J’ai quitté le Gâtinais hier & avec
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Page 1 Recto : 1MrGeorges Rodenbach16 Rue ClapeyronPage 1 Verso : 2Samedi −Excusez moi, Mon Cher Ami, j’arrive du Havre avec ma femme & ma fille retour d’amérique, et il y a si longtemps que je n’ai passé une soirée avec elles, que vous comprendrez mon abstention, et, que vous me pardonnerez.Je vous remercie d’avoir pensé à moi, et j’espère être plus heureux une autre foisBien votreFélicien Rops
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Page 1 Recto : 1Paris 2. Rue du Marché des Blancs Manteaux17 janvier 1894.Mon Cher Reffitt,Je vous ai écrit un mot il y a huit jours et je l’avais remis à mon concierge pour qu’il le jette à la poste, mais comme c’est un animal très négligent j’ai peur que cette lettre ne soit égarée. Il faut m’excuser de mon long & bien inexplicable silence mon cher ami, & vous serez indulgent quand vous en connaîtrez les motifs. Quand vos lettres sont arrivées ici, j’étais en Belgique où j’étais allé embrasser mon fils, & passer les fêtes de Noel. À mon retour le 2 janvier, j’ai trouvé ma grande fille en proie à une très violente fièvre, elle commençait la fièvre typhoïde ! Depuis mon retour je suis à son chevet & je ne vis guère que depuis aujourdhui, la maladie s’étant modifiée par un mieux sensible. J’espère & je revis. Dites moi où je dois vous écrire & vous envoyer l’argent que vous avez bien voulu dépenser pour moi, afin aussi que je puisse vous remercier longuement de toutes vos extrêmes compl
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Page 1 Recto : 115 sept 1886.Mon Vieux LiesseJ’écrivais à Dom lorsque t’a lettre m’est arrivée, – me disant qu’il était à Chooz. Je la lui adresse là bas. Je lui narre mes infortunes : abscès & opération au pied, indispositions, maladie de Clairette, &c &c. Lis la lettre de Dom, elle te mettra au courant de tous ces ennuis, ennuyeux aussi à raconter. C’est assez de les écrire une fois, cela servira pour vous deux.Je serai très probablement en Belgique, si la maladie de Clairette tourne du bon côté, dans le courant de la semaine prochaine. – Je passerai par Chooz. S’il fait beau je vais finir la saison à Ostende, dans un petit hotel très modeste que je connais. S’il fait laid, je ferai un tour de Belgique & je reviendrai à Chooz en repassant. Voilà un bout de programme.Quant à toi j’ai bien envie de te dire des injures, tu en trouveras trace dans la lettre de Dom, d’ailleurs. Comment ! tu es depuis le commencement de l’Été dans un coin, & ton roman n’est pas fini ! non seulement fini,Pa
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Page 1 Recto : 1Demi-Lune 20 oct. 1894Mon Cher amiJe viens d’écrire à Stevens, quelques minutes avant de recevoir votre lettre.Excusez-moi de ne pas encore vous avoir envoyé cette préfacette, & il faut ne pas trop m’en vouloir. Toute cette semaine a été prise par les obsèques de mon pauvre Filleau. C’était un de mes derniers amis de ma prime jeunesse parisienne. Il était bon joyeux, plein d’esprit, & sa dernière visite de docteur & d’ami avait été pour ma petite fille typhoïdée pour me rassurer sur son état. J’étais et je me sentais bien déseulé dans ce grand et horrible cimetière de St Ouen qui a la laideur de clinquant de tous les cimetières français, – article Paris ! Aujourd’hui je suis triste comme les feuilles jaunes qui tombent sous mes fenêtres & comme l’on dit aux Batignolles : je n’ai le cœur à rien ! » – Enfin il faut bien en prendre son parti ! C’est une génération qui disparaît ! et quand cette génération est la vôtre, cela assombrit.À bientôt Mon Cher Detouche comptez sur
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Page 1 Recto : 128 sept. 1882Mon Cher Ritter,Ne croyez pas que je suis parti pour l’éternité. Dabord je ne crois qu’à la « Ternité » en admirateur très fervent de la Terre qui fait pousser les cerises et les demoiselles nubiles.Ah je regrette Heyst et les dunes blanches, et même les qualificatifs de Madame Ritter ! (La Vengeance se mange froide !). Enfin j’ai sur le cœur d’être parti comme un failli sans crier gare & de n’avoir pu vous faire mes adieux à tous les deux.Paris m’a un peu consolé & il est bien beau mon vieux Paris, au matin dans les brumes d’Automne ! Les arbres du Parc Monceau rougissent comme les jeunes pensionnaires à la fête du petit cousin. Les femmes un peu brulées par le vent des plages, ont les poches pleines de bons récits d’aventures qui feront cet hiver, merveille au dessert chez Filleau. Un de mes amis, prétend que pendant quinze jours, au moins, le sable des dunes les fait croquer dans la dent !Je serai le 16 octobre sans faute à Bruxelles, & le 16 où vous vou
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Page 1 Recto : 1Lundi matinMon Cher DeschampsJe reçois seulement aujourd’hui Lundi votre lettre. Mais certainement je veux bien faire un croquis pour mon ami Vérola ! Vous aurez cela le 1er mai.Entendons nous bien ! Je vous envoie un croquis que vous ferez reproduire comme vous l’entendrez puis vous me le renverrez après en avoir eu grand soin, car il ne m’appartient pas & le Mr propriétaire du susdit m’a fait jurer sur la Passion de Sœur Marie Alacoque que le dessin lui reviendrait, indemme de toute maculature !Bons Compliments de toute ma Smala à votre charmante femme Mon Cher Deschamps, Cher Maître aussi ! puisque vous le voulez !Félicien RopsNe m’écrivez jamais (à moins que de m’écrire en double), à la Demi Lune, écrivez toujours s.v.p. 2 Rue du Marché des Blanc Manteaux, par laPage 1 Verso : 2simple raison que rue du Marché des Blancs Manteaux le concierge me fait parvenir mes lettres, tandis qu’à la Demi-Lune Mme Duluc, ma belle mère, les oublie dans deux ou trois tiroirs profond
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Page 1 Recto : 1Paris le 8 avril 1886.Je t’assure que depuis bien longtemps, je n’ai pas reçu de lettre qui m’ait fait autant de plaisir que la tienne, mon vieux François, aussi tu vois que, contrairement à mes habitude, car on ne change guère dans la vie, je te réponds par retour du courrier !!– Ta lettre m’a fait grand plaisir, & de la peine aussi en apprenant les tribulations qui sont venues troubler ton bonheur. Que veux-tu ? c’est la loi humaine & éternelle. Tu as une bonne & aimable femme, une jolie petite fille & même une délicieuse belle-mère, tu gagnes assez bien, tu trouves encore moyen de faire de l’art, & tu en feras toujours, parce que tu as un tempérament d’artiste à travers tout ; – tu es donc armé pour supporter les traverses qui ombrent chaque vie. C’est le sort commun. Ton lot est beau, & la Fée des Bons-Hasards a presidé à ta naissance ; ne t’attriste donc pas si de temps à autre la Fée Grognon essaie de gâter l’œuvre de l’autre. Après les rafales, le soleil brille.
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Page 1 Recto : 1Rien de nouveau ici : on attend les élections avec fièvre – ceux qui ont la fièvre pour cela, – je m’en fiche comme d’un vieux tube ! Et l’Exposition marche comme ces enfants auxquels personne ne songe & que l’on retrouve grands sans qu’on les ait vus pousser. Le Trocadéro sera merveilleux. Personne pas même Boul, qui est un malin ne pourrait dire ce que sera Paris le 15 octobre. On accumule « des armées » autour de la ville. Quant à Mac Mahon le peuple de Paris résume fort spirituellement la position : « On a tort de menacer tout le monde quand on ne fait peur à personne ».quand le président Mac Mahon a été faire l’ouverture de l’avenue de l’Opéra (superbe l’avenue) les voyous criaient : Il arrive – Il ar-rîve le brillant maquereau !Réponds moi vite Cher Vieux & fais un suprême effort avec la croix & la bannière pour vendre mon dessin instantanement !! – Ah l’échéance du 1er octobre !!!!! J’en tremble !Terrible !Terrible !!!Terrible !!!!!!! 1200 frs !!Il faudra que tu
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Page 1 Recto : 1Samedi.Mon Cher François– As-tu reçu ma lettre ?– Quand viendras-tu à Paris– N’oublie pas mes bibelots, l’armoire du mauvais peintre dont j’oublie toujours le nom (ce susdit mauvais peintre a ici au Salon Belge une mauvaise demi-nudité, – affreuse.– As-tu hérité de la bonne cousine Thérèse ? Hein sommes-nous durs à démolir dans notre famille ?– Voilà Joseph bi-millionnaire, j’en suis bien heureux pour ce brave garçon. Moi j’étais déshérité depuis 1846 ! Le jour où j’ai dit à « la Cousine Thérèse que je fumais des cigares de quinze centimes. Trois par jour ! & un d’un sou pour mon groom.– Ça fait qué’que chose comme 180 francs par an, on nourrit un homme avec ca » ! – Si tu avais vu son œil ! Ah ! Heureusement que je n’ai pas compté la dessus !Grands embrassements à tousÀ toi ton ancêtre CousinalFélyPage 1 Recto : 4Clairette vous envoie ses grands compliments. Elle est grande et robuste comme une sauvage de l’Amazone. Un beau brin de fille comme était sa mère. La joie mê
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Page 1 Recto : 1Mon Cher TheoLa dame à la plume de paon est prête ! « Honni soit qui mal y paonce !»Je crois qu’elle frontispissera d’une façon aimable « les Rimes de Joye »Je t’envoie une épreuve retouchée de la « Dame à la fourrure.Dans deux jours je l’expédie à Evely ; – Seulement tu diras à Mlle Callewaert d’expédier au susdit Evely les dimensions de la justification de ton livre. Il ne faut pas, pour être puriste que les dimensions du frontispice dépassent de beaucoup la justification. Et maintenant bonne chance aux « Rimes de joie » !À toiFelyCroquisLasse enfin de l’âpre parure / À tes pieds en monstre dompté / Tu fis se coucher la fourrure / Invincible en ta Nudité !….Je t’envoie une épreuve de la « Petite dame à la fourrure avec tes vers – tu vois que cela ne vient pas mal et l’on pourrait retoucher cela à l’infini.Je suis installé 13 Rue Labie Porte Maillot. Je fais faire fortement de la peinture. J’y suis maintenant en plein. et cela me plaît comme si je n’en avais jamais fai
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Page 1 Recto : 1Monsieur StéphaneMallarmé.89 Rue de Rome.Page 1 Verso : 2Mon Cher Mallarmé,J’espérais assister à votre conférence à Bruxelles, et je suis arrivé douze heures trop tard. Je n’ai pas de chance je suis forcé de partir ce soir pour le Hâvre ma fille revient d’Amérique – voie anglaise, je suis comme vous un homme de famille, et vous m’excuserez. – Mais je le lirai imprimée n’est ce pas ? – la fameuse Conférence !À vous bien d’amitiéFélicien Rops
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Page 1 Recto : 1Heyst sur mer.VendrediJ’arrive ici venant de l’Île de Walcheren en Zelande Mon Cher & très Cher Ami, j’ai « l’enfant » avec moi, une belle grande fille de seize ans, qui est la joie de mes yeux & de mon cœur, & qui a besoin de l’air de la mer & de la mer du Nord dont la voix a si souvent calmé mes fièvres. Quelle bonne lettre que la tienne, je savais que tu ne pouvais être changé ! Hein ? Nous les connaissons tout de suite, ceux qui doivent changer ! – J’aurais pu écrire bien souvent sur les vitres de mes chateaux en Espagne, les « Solus eris » de François 1er ! Bah quest-ce que cela nous fait ? Ceux qui gardent le cœur & les joies des jeunes années sont les richissimes & les heureux. Je serai de retour en octobre & ma première visite sera pour ton ermitage. Je n’ai su que depuis peu de temps le coup qui t’a frappé, Mon Cher Nadar, & j’y suis plus que sensible, – affecté. Tu dois supporter ces coups de la vie en te souvenant des jours heureux. Puis garder ceux qu’on aim
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Page 1 Recto : 112 oct 1888.21. R. de GrammontMon Cher Nadar,merci de ton aimable insistance & de ton bon souvenir. La fillotte a été malade pendant toute la semaine dernière, elle va bien maintenant & dès les premiers jours de la Semaine prochaine nous irons chez ton fils, qui nous fera une petite immortalité. J’espère que Madame Nadar ne souffrira pas du déplacement, & que le climat plus doux d’Arcachon aidera à son rétablissement, ce qui serait une bien grande joie pour nous tous, car elle a l’art de conquérir tous les cœurs, & nous l’aimons déja comme si nous avions eu le plaisir d’être de tout temps, ses amis.Toute ma famille & moi, nous lui envoyons nos plus vives amitiés & nos meilleurs souhaits & nos bons Compliments, & à toi aussi Mon vieil & Cher Ami. Écris-nous vite & donne nous de tes – de vos nouvelles de là bas.Ton à perpétuité :Fély Rops
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Page 1 Recto : 1Oran le 22 Déc. 1888Mon Cher Vieil Aminous voici depuis hier soir échoués à Oran.Nous avons fait escale à Carthagène, un bout de décor espagnol en passant. Avant tout, nous tenons à te dire tout le bonheur que nous avons eu à trouver Madame Nadar en si bonne voie de guérison. Le changement est indéniable, & nous a tous frappé. Je crois Mon Cher Nadar, que bientôt vous serez au bout de vos peines. Les peines servent plus encore que les joies à affermir l’affection des êtres qui s’aiment sincèrement : & en sont la grande consécration.Dis bien à ta Chère malade combien nous l’aimons tous déja ; il faut aimer doublement les gens que l’on connaît tardivement, & qui vous sont sympathiques, pour tout le temps que l’on à perdu à ne pas les aimer.J’espère que lorsque nous la reverrons, ta chère femme sera bien près de sa complète guérison.Quand tu écriras à ton fils, explique lui, en lui transmettant nos bons Compliments, que c’est : parce quePage 1 Verso : 2ma smala de dames ne
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Page 1 Recto : 1Paris 15 mai 1889Mon très Cher & Grand Ami,c’est l’instant de sortir ta bonne & incommensurable indulgence des anciens jours. Je suis « un cas » & cela rentre dans la pathologie interne, donc je dois bénéficier de toutes les « atténuances ». Je te l’ai dit, je t’ai détaillé mes infirmités, et fait toucher du doigt mes plaies. Je n’y peux mais : c’est flagrant : Quand j’ai des ennuis je ne peux pas écrire à mes amis, & surtout à ceux qui me sont les plus chers ! Voilà !! C’est clair hein ? Idiot, stupide, imbécile, mais tel ! Ce que je m’en veux est à ne pas dire. – Et ne crois pas surtout que ce soit égoïsme ou indifférence ! Je suis mes amis dans leur vie, & je me réjouis de leurs bonheurs comme je souffre de leurs peines. Ainsi je sais que tu es revenu, & que le mieux persiste chez ta chère & adorable femme. Je t’ai dévoilé le grand défaut de ma nature, un peu trop fièrement fermée parfois. Que veux-tu ? c’est la goutte de sang magyare. Le grand-père porté par les Aut
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Page 1 Recto : 1Paris SamediMon Cher NadarDeux mots au galop, je ne peux t’envoyer aujourdhui le portrait de Baudelaire. Ah il faut des fouilles ! Je l’ai ce portrait, & je le trouverai la semaine qui vient. Car pour l’instant, je vais aux champs avec mon fils & ma fille. Mon fils adore sa sœur & cela m’a été bien doux de réunir dans la même embrassade ces deux êtres chéris. Les enfants se plaisent, quel bonheur !Donc à Mardi ou Mercredi. Envoie moi l’adresse de Karski, où peut être ce dernier des Polonais !À toi – À vous tous – au galop ! & nos grandes & meilleures amitiés de tous à tous. Paul revient en septembre & je te le présenterai. Ton Paul voudra bien me faire le portrait du mien. J’espère que Mme Nadar est toujours en bonne voie de guérison, – lente, mais certaine. –À toi encoreFélÿ
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Page 1 Recto : 1Paris, le 14 janvier 1896.Excusez nous nos chers amis, de ne pas vous avoir souhaité la « bonne année et la parfaite santé » trois semaines plustôt car il faut te dire, sans prévenir Mr le Curé, en le disant à peine à Mr le Maire & pas du tout aux camarades, j’ai marié ma grande fillette avec un bon gros garçon, un cousin à Clairette qui fait un tas de choses : il est juge de paix, fabricant de vieux tapis de Flandre, mambour de confrérie, etc etc – et scribeur de légendes, par dessus le marché. Je vais t’envoyer ses deux livres de jeunesse les Contes d’Yperdamme et les Récits de Nazareth. Quel dommage que notre pauvre ami Pradel ne soit plus là, à Marseille ! – Bref ma fille me charge de vous envoyer à vous trois, nos vraies amitiésElle s’appelle Mme Claire Demolder-Rops, – voilàÀ Bientôt et belles amitiés de toute la maisonnée.À Bientôt,J’ai été très malade Mon Cher Nadar. Plus que je ne peux le dire, mais je pense qu’à notre age nous devons nous sentir heureux de viv
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Page 1 Recto : 1Dimanche 15 mars 1896Toutes les guignes Mon Cher Nadar ! mon jardinier-cocher est absent pour quelques jours, et moi je suis encore trop malade pour aller te chercher et te reconduire. Me voici ou plutôt nous voici, depuis le mariage de Clairette « retirés » à la campagne !! Tu comprends que ce qui nous faisait pour quatre une agréable aisance, lorsque le mariage est venu couper en deux parts la pitance quotidienne, nous avons dû nous mettre à la portion congrue, et apporter une sagesse inusitée dans notre façon de vivre. Ce qui nous pèse peu d’ailleurs ! Ah non !– Comme je ne déjeune plus, étant redevenu nourrisson par ordre de la Faculté, je ferai atteler Mardi après midi, et vers trois heures nous arriverons tous les trois à ton ermitage. Donc à Mardi prochain. – Je ne comprends rien aux fantaisies postales de Seine & Oise. du reste ce n’est pas la première fois que j’en suis victime & il faudra que j’essaie de faire « une plainte !» seulement se plaindre c’est si bê
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Page 1 Recto : 1Hyères (Var) 29. Boulevard des Îles d’OrMon Cher & admirable amiTa lettre me parvient ici, nous avons tous trois grande joie en apprenant que ta chère femme est bien, et se plaît à sa nouvelle fenêtre, que tu es toujours, et quand même, le même Nadar quant à Madame Germaine, tu n’en a qu’une moi j’en ai deux, c’est pourquoi je ne suis pas mort, mais j’ai passé une fichue année malade et embêté. Tu es heureux de reprendre tes cahiers ici. Si j’avais les miens ici, j’en examinerais ce qui concerne Baudelaire. Comment veux-tu que je te parle de sa virginité ? –, je me souviens à peine de la mienne notre grand poète tenait énormement à ce que l’on y crut. Cet été je suis allé avec un Baudelairien [barré] aussi enragé que toi jusqu’à Senart. Je voulais le mettre en rapport avec toi, il pouvait t’être plus utile que moi car il est rarement documenté. Malheureusement il devait repartir le soir pour Londres où il habite et il aurait manqué son train si nous avions été chez toi.
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Page 1 Recto: 126 Déc 1894 Mon Cher ami,Ceci est un petit mot d’excuse. On n’a pu se trouver au rendez-vous de la Messe de St Gervais. Tout le monde, comme à la Haie Sainte, gisait sur le terrain foudroyé par l’influenza ou la Grippe. On ne sait pas encore !! Il n’y a que moi d’à peu près debout, mais comme la tour de Pise ! J’ai une forte inclinaison !Voici le nouvel an : Entre nous, tout à fait entre nous, comme je me défie fortement de vous après l’insensé cadeau des roussettes, et que j’ai peur que vous ne vouliez y ajouter des fleurs, je vous préviens qu’en dehors des violettes de deux sous, les fleurs ne sont pas plus reçues que les cadeaux. Retenez cela pour toute votre vie mon Cher ami.Je crois que je me suis un peu trop hâté de vous annoncer le mariage de ma fille. Cela a de l’hésitation dans les rouages. Donc retenez un peu la nouvelle, jusqu’à plus nette confirmation. J’aime les situationsPage 1 Verso: 2claires comme la vieille eau de roche de nos pères !A Bientôt mon Cher a