Numéro d'édition: 2139
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
Herbeumont
Date
1887/05/07
Commentaire de datation
Datation sur base du cachet postal d'envoi.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6714/33
Collationnage
Autographe
Date de fin
1887/05/07
Cachet d'envoi
1887/05/07
Cachet réception
1887/05/08
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
07/05/1887
Page 1 Recto : 1
Herbeumont Samedi
Mon Cher Vieux,
Me voici à Herbeumont. J’y ai trouvé Émilie, mieux physiquement que tu me l’avais dit, mais le moral me parait en mauvais état. J’en ai été attristé, tu sais que j’ai toujours considéré ta fille, un peu comme si elle était une grande sœur de Claire. Je l’ai questionnée doucement, & avec des larmes dans les yeux elle m’a raconté sa petite histoire, que tu connais m’a t-elle dit. Que veux-tu ? avec son caractère doux & aimant ta fillette devait fatalement aimer quelqu’un ! C’est l’éternelle loi ! Il n’y a pas grand malheur jusqu’à présent, mais il y a urgence ce me semble de s’occuper de cela, & toi de remplir ton devoir de père. Va trouver le Monsieur & juge de quoi il retourne. Émilie & une enfant, absolument, sans force & sans résistance contre la vie, Mon Vieux, il faut que tu lui remonte un peu le moral. Elle t’adore, & c’est à toi à agir. Je te dirai ce que je pense de tout cela. Vois si le Monsieur peut ou veut être un mari sérieux & décide.
Excuse moi de me mêler de cela Mon cher Vieux, mais tu sais que nous avons été toujours un peu siamois, & je siamoise. Si tu t’occupais de Clairette en pareille
Page 1 Verso : 2
occurrence, je n’aurais qu’à t’en remercier. Et cela peut se présenter. Nos filles sont comme nous, vouées aux sentiments. Veillons & protégeons les, & surtout ne leur faisons pas de trop grands crimes, de tenir de nous.
Superbe, toujours, ce coin d’Herbeumont. Je suis venu par les fonds de Conques. Je vais aller revoir le vieux Château. Où veux-tu que j’aille ? Je voudrais aller faire un jour d’Anseremme pour voir Liesse. Écris-moi ce que je dois faire. J’avais besoin de revoir un bout d’Ardenne !
Pas bien : maux de tête atroces. Il y a des jours où je crains la méningite. Je me sens brisé, & j’ai une prostration morale que rien ne peut relever – ? – Pourquoi ?.... ? – Qui sait ? Serait-ce la vieillesse ? Je te disais à ton dernier voyage, que j’avais perdu « le goût des femmes. » Mauvais Signe ! –
À toi Vieux & à vous tous
Fély
Je me fais vieux ici sans toi ! Il y a à l’hôtel un jeune homme assez daim & un Colonel anglais ! Cela ne suffit pas ! Puis mignonne Émilie toute à la pensée du Monsieur peintre. Ah ! tu manques !
Page 1 Recto : 3
P.S. Émilie m’a dit que tu t’occupais de la question. Je ne doutais pas de toi à cet égard & si je t’en écris, Mon Vieux, c’est parceque l’enfant sent l’amitié que j’ai pour elle, & dans la situation angoissée, où elle est, les paroles sortent d’elles-mêmes. Elle sait que tu l’aimes comme elle t’aime & elle ne doute pas de toi & de ton appui.
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR