Numéro d'édition: 2643
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
[Paris]
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/59
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
Paris 74 ; Conflit avec sa femme
Page 1 Recto : 1
Mon Cher Léon
Cela m’a beaucoup ennuyé de ne pouvoir te parler avant mon départ, j’avais une foule de choses à te dire choses qui se disent difficilement dans une lettre et relatives à ma
Je suis moi en revanche fort ennuyé & plus que tu ne te le peux imaginer. Fais moi le plaisir de te rendre chez ma
Page 1 Verso : 2
« mon avocat » m’a bien laissé ce droit en recompense de mon absence de rapacité. Je suis réellement désolé de lui causer encore quelqu’embarras mais à moins de m’adresser à l’Assistance des Belges Nécessiteux je ne vois pas d’autres moyens de m’en tirer. Et dis lui très sérieusement que si je pouvais ne pas l’ennuyer je le ferais et que je ne lui demande plus un centime. Je lui avais déja demandé de faire vendre ces quelques meubles et cela ne me paraissait pas bien difficile de faire transporter chez Billen Grand Place ces quelques meubles & de m’en envoyer le prix avec lequel j’aurais acheté ici pour 400 frs un petit mobilier d’ouvrier en bois blanc. Elle ne l’a pas fait et elle t’a reçu mal ; – elle ne voit pas la situation et je la comprends.
Je suis dans un cercle vicieux. Je ne peux recevoir ni un amateur ni un éditeur ni même me montrer si je n’ai pas comme mobilier le strict nécessaire, rien de luxueux naturellement, – une chose propre tout simplement. Je ne songe plus à faire un tableau pour l’Exposition – naturellement –. Il me faudrait des modèles & faire des frais que je ne peux faire. Je comptais pour cela sur la vente de deux tableaux de moi qui sont chez Lambrichs & des Cigognes de Dubois. Rien ne s’est vendu jusqu’à présent. L’affaire Malassis est remise au 1er Janvier 1876. Et elle devait se faire le 1er Juillet 1875. Dans un mois je trouverai dans le produit de mes eaux fortes de quoi vivre, c’est à dire de quoi payer ma nourriture & mon atelier. Malassis est malade et il se pourrait très bien aussi que cette fameuse
Page 1 Verso : 3
affaire qui doit me donner 500 francs par mois, c’est a dire la vie assurée ne se fasse pas du tout, si sa santé, si sa santé ne lui permet pas de la faire. Mais cela c’est secondaire, car dans ce cas je partirai pour Londres.
La situation est donc celle-ci : Je demande comme je te l’ai dit à ma femme un mobilier quelconque & voilà tout, cela n’est pas trop je pense. J’aurais le droit de rentrer chez moi ou d’aller rester à Thozée, qu’elle ne pourrait s’y opposer, puisque nous ne sommes pas divorcés. Mais je ne veux ni la tracasser ni gêner Mrde Faveaux, seulement je crois que Charlotte devrait reconnaître ce désintéressement et je crois qu’en lui demandant un lit, une table, une commode, trois chaises et une armoire je ne fais pas preuve d’une extrême rapacité. Qu’elle soit persuadée d’ailleurs que si j’avais encore ma mère je ne les lui demanderais pas, et que je ne lui demande que des choses qui m’appartiennent. À Namur avant mon mariage, je couchais dans un lit, j’avais une table, une armoire & & Je ne demande que cela. Le reste lui appartient. J’espère pouvoir un jour m’acquitter envers Charlotte de l’argent qu’il me reste lui devoir et cela ne sera pas une cette espérance ne sera pas une de mes moindres excitations au travail. – Quand ma femme t’aura donné sa réponse – Je t’écrirai pour lui indiquer la façon de faire emballer & expédier ces meubles par petite vitesse et l’adresse de l’expéditeur.
Je suis bien ennuyé, Mon pauvre vieux, de te causer ces embarras & à ma
Page 1 Recto : 4
tranquille. Qu’elle songe que depuis le mois de septembre j’ai dû me nourrir & me loger sans compter les mille faux frais de ma position. – Je t’écrirai encore dès que j’aurais reçu ta réponse. Je ne veux pas écrire à ma femme directement, mes lettres la blessent et ses réponses me démontent moralement. Va la voir souvent, tâche de calmer son esprit non pour moi qui n’espère plus, mais pour elle et pour Paul.
Tu comprends combien je suis heureux. Paul est avec moi plus froid que jamais, & naturellement se détache de plus en plus de moi par la situation fausse que ma femme m’a faite. Si c’est là ce qu’elle voulait, elle y réussit. – Paul m’a vu partir avec une parfaite indifférence pour ce nouvel exil. Il doit en être naturellement ainsi. Ma
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR