Numéro d'édition: 2742
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/162
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Mon Vieux,
J’ai si peu l’intention de te laisser en plan dans l’affaire Conquet que au moment où tu m’écrivais, très probablement, à la même heure je dressais une liste des eaux fortes que je comptais expédier à Mr Léon Dommartin, pour qu’il puisse les réexpédier à Conquet ! Écris ; je te prie pour moi deux lettres dont tu trouveras ci-joint la teneur.
Ce Barvoets n’a que ce qu’il mérite, il m’a tanné pour que je lui fasse une planche-annonce, une gravure en me disant qu’il « donnerait 500 frs pour cela. J’ai accepté & je suis resté un mois de plus à Heyst. Rentré, & comme j’allais lui graver son affaire, il m’a écrit « qu’il avait réfléchi » & qu’il préférait de l’argent. Alors je l’ai envoyé se promener en lui disant que je le paierais à la fin de l’année. Puis sont venues les faillites Cadart, – & Doucé, et maintenant Roux & Frayssinet. Mais ici
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Je ne perdrai rien. Seulement c’est encore un retard ! Heureusement que je bûche ! & dûr. J’ai enlevé en quelques jours les illustrations des Diaboliques, & j’achève le Goncourt. Je ne sais où je trouve des nerfs, mais Paris me donne cela merveilleusement. Je ne hais pas ces coups de feu, ni même ces gênes momentanées, par où tout le monde passe ici, mais qui sont fructueuses au point de vue de la production artistique & secoue cette bête d’indolence qui ne produit que le rêve, qui ne produit rien du tout. – Puis l’énorme joie de la production réalisée, tangible. Cela est ! Et la merveilleuse satisfaction d’avoir fait ce que l’on devait faire surtout ! Car il n’y a pas de contentement plus intense que celui-là. C’est pour cela que moi je ne voyagerai plus sans le livre forcé, commandé. Un mois ½ en Espagne, comme cela sans but & sans résultat matériel par conséquent, me laisse moins de bonheur dans l’esprit & dans mon
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moi, que les deux mois que je mets à faire œuvre de ma tête & de mes dix doigts comme les Sataniques ou les Diaboliques de Barbey que je viens de terminer. Essaie. Tu es un écrivain & si tu n’écrivaine pas – non pas les besognes écœurantes que tu fais trop souvent, – mais si tu n’écris pas avec tes nerfs ta tete & ton sang, tu seras éternellement torpe, indécis, & seulement heureux par intermittences mais jamais « satisfait » !
Fais un livre n’importe lequel, sacrifie un an cela à ton besoin de courir sans but & sans résultat. Et tu verras ! Crois-moi.
Pour en revenir à Victoire & Conquet, écris ma vieille branche, « la Missive » ci-près. S’il te réponds tu m’enverras sa lettre. Quand tu viendras ici en janvier ou en février tu remporteras une belle collection pour ta peine & pour ta pine.
À bientôt, Spèce de volatile que tu es, merci de m’avoir prévenu pour Barvoëts & de n’avoir pas oublié Conquet. Dans la lettre je te fais dire ce qui est nécessaire de dire
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t’expliquerai pourquoi.
Touta sa raison d’être, dans cette lettre c’est pesé, et cela ne peut te compromettre en rien, rassure-toi.
Merci d’avance, embrasse ta fillotte pour moi et à bientôt
Mot à mot la lettre !
Fély
Inutile de parler de cette affaire Conquet à personne Edmond le dirait à Liesse, Liesse à Filleau, Filleau à d’Hervilly, d’Hervilly à Conquet. Cela va comme cela.
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir, Crayon Gris.
Copyright
KBR