Numéro d'édition: 2131
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
[Paris]
Date
1883/01/27
Commentaire de datation
Datation sur base du cachet postal d'envoi.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6714/25
Collationnage
Autographe
Date de fin
1883/01/27
Cachet d'envoi
1883/01/27
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Illustration
Lettre illustrée
Page 1 Recto : 1
Mon Vieux,
Le voyage du 15 novembre est remis pour cause « d’Hérodiate » au 15 Décembre sans faute. Gouzien sera des nôtres. Uzanne ne veut pas partir avant cette date. Tout le Paris musicant y sera. Nous ne pouvons manquer cela. Si tu viens à Paris en Décembre, je serais assez tenté d’aller avec toi en Morvan, mais ton itinéraire me paraît à refaire sérieusement : Il faut aller à Clamecy par Sens Joigny & Auxerre Sous Clamecy on gagne la station de Corbigny. puis on va à Montsauche une des belles parties du Morvan, de Montsauche à Chateau-Chinon. Voilà le Morvan des Morvandiots, le vrai, car il y a deux ou trois Morvans comme il y a deux ou trois Ardennes. Et il me semble que dans ton excursion le Morvan doit être le but principal.
Envoie moi l’adresse d’Edmond s’il est encore à Dijon.
Camuset va se fixer à Dijon. Il
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a épousé la très honnête fille avec laquelle il vivait depuis dix ans, & dont il avait deux enfants & il reprend une « oculisterie » de labàs qui rapporte gros. Filleau prétend que c’est pour se rapprocher de Chambertin. – Camuset avait une vie trop fantaisiste pour arriver à réussir comme « oculiste sérieux » & il va mettre de la province dans son vin. Il paraît d’ailleurs que Dijon est de la province aimable.
Ma femme connaissait mon adresse de la rue Labie, & j’ai toujours été en correspondance avec mon fils jusqu’en Août dernier. – Je n’ai plus écrit à ma femme après les lettres « comminatoires » dont je t’ai parlé, pas plus qu’à Paul. Je le verrai le 15 Décembre. Je comptais partir le 15 Novembre surtout pour le voir & obtenir de lui quelques explications & le connaître un peu, – car avec les influences de Mme sa mère, on ne peut savoir ce qu’il a dans la tête. J’ai écrit à ma femme que je venais pour affaires en Belgique, que je ne voulais pas faire venir Paul, de Thozée, pour quelques heures, & que je le verrais après les vacances. Fais moi le plaisir d’écrire à ma femme la lettre ci-jointe.
J’étais un peu en froid avec Paul & je t’avouerai que j’ai été très attristé du peu de sensibilité de Paul pendant les six mois qu’a duré la maladie des yeux qui avait failli me rendre aveugle & dont je ne suis sorti que grâce aux soins de Camuset & de Filleau. Ma femme non plus ne peut juger de la lutte que j’ai subie très honorablement ici & si difficile à subir à la 40e année. Elle n’écoute & ne s’inspire que des bavardages d’une bande de cléricaux & de cuistres provinciaux & malgré mes torts anciens je crois que je méritais un peu plus que son mépris Congréganistique. – D’où ma mauvaise humeur vis à vis d’eux, fort explicable.
La lettre que je te fais écrire est nécessaire. – J’attends d’ailleurs un paiement important pour faire mon voyage. On me doit un millier de francs ici & c’est quelquefois difficile à la rentrée.
Je serai très heureux de ton arrivée à Paris. Il est nécessaire que tu prennes vis à vis de la jeune Marie Bonvalot, une décision quelconque. Elle me paraît bien & même fort bien disposée à ton égard. Elle dinaît hier avec nous et elle a établi une petite théorie sur le bonheur d’épouser un homme intelligent qui me paraissait aller à ton adresse. Dans tous les cas
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il te faut prendre une décision très sérieuse. Si la chose ne te plaît pas, tu me le diras, – si elle te plaît, parle à la jeune fille & réfléchis bien. Songe qu’un manque de parole retomberait sur moi & sur Léontine & nous mettrait tous les deux dans une position très fâcheuse vis à vis d’une jeune fille qui est un peu de la maison & que nous estimons fort. On ne sait jamais ce qui peut arriver, Marie Bonvalot pourrait être très touchée d’un mariage manqué & elle ne doit pas avoir la lymphose Belge qui fait glisser légèrement ces choses là dans l’oubli. Encore une fois pèse, réfléchis, tu n’as pas encore parlé, je doute que tu puisses trouver mieux, mais enfin c’est à toi de savoir ce que tu veux. Six mois passés ne dénoueront rien des nœuds qui enserrent ta vie, si tu ne sais pas les trancher toi-même avec le bon canif de la résolution !
Viens-tu à Paris au printemps & te maries-tu ?? – Voilà la simple question que tu dois peser & décider me semble-t-il. – Il est temps de te préparer un nid pour quand la bise d’automne va venir ! – Moi, – j’ai refait le mien, détruit par « un furieux vent d’orage » & je m’en trouve bien, mais quoi que nous nous ressemblions beaucoup comme goûts, il ne faut pas appliquer son bonheur
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR