Numéro d'édition: 2739
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/159
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
Aout 1884 ; Affaires Douet
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Mardi
Mon Vieux,
Que veux-tu que je te dises ? Tu as livré le cuivre après avoir livré la collection. Livré ce cuivre sans raison comme tu avais livré sans raison la collection. C’est le gâtisme en sa fleur. Il n’y a pas à faire de réclamations ni de récriminations ! On ne proteste pas contre un parti pris de faire exactement le contraire de ce que l’on dit de faire. C’est trop bête.
Puis tu me dis délibérement que si tu avais su « à quelles gens tu avais affaire tu n’aurais pas entrepris de négociations ». Ceci est le pur chef d’œuvre !! Depuis la première ligne de mes lettres jusqu’à la dernière je te clame : ce sont des canailles défie-toi ! Et toi tu t’obstines à traiter « avec Lalouette » & à agir avec lui comme si c’était un ange ! –
Quel malheur que je n’aie pas prié un étranger de se charger de cette petite transaction qui tient en deux lignes !!! :
1° Ne pas donner de collection sans argent. – 2° Ne pas donner de cuivre qu’après
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le payement des billets, ou de la somme totale, ce cuivre étant la garantie.
Nom de Dieu, un enfant au maillot aurait mené cela à bonne fin ! – Le dernier chef-d’œuvre c’est la fin : « Entends-toi avec Lalouette ! »
– Tu as tout foutu dedans, tu as traité avec Lalouette, avec lequel je n’ai rien à traiter, avec lequel je n’ai jamais rien traité, qui ne m’a jamais commandé de cuivre, jamais payé trois cents frs, (sa lettre est un tissu de mensonges effrontés), – Lalouette est en Belgique à l’abri de ce que je peux faire. Je n’ai aucun droit sur lui n’ayant jamais traité avec lui, Comprends donc cela !!!!! au moins, – à moins que tu ne sois en enfance ! C’est trop bête de ne pas vouloir comprendre.
Je n’ai rien rien à réclamer à Lalouette, je ne l’ai pas vu depuis un an. Il n’est venu qu’une fois rue Drouot, jamais rue de Grammont. Tu me fiches dedans, tu m’ôtes toutes mes armes, tu traites avec un individu avec lequel je n’ai jamais traité et puis : Broutt !! « Entends-toi avec Lalouette !!!!!. Ah ! tu as une
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façon de traiter tes amis et les intérets d’y ceux d’une façon dégagée & leste.
J’attends de ton amitié que tu te charges de poursuivre Lalouette. Je t’enverrai « une provision » s’il le faut, mais toi seul peut le faire. – Il faut d’abord qu’il est marié avec Mlle Doucé & qu’il avait le droit de traiter, (c’est le conseil de mon conseil : Maître Rodrigues avocat,) – S’il n’est pas marié, il n’a aucun droit de traiter au nom de Mlle Doucé, avec laquelle seule j’ai fait des affaires. – Je ne peux rien tu peux tout. Tu m’as fichu dedans, c’est à toi à m’en tirer, je ferai les frais. – Je ne t’ai jamais demandé d’autre service que de mettre une table en pension chez toi, aujourdhui je t’en demande un sérieux 700 frs de perdus, dans le moment actuel. c’est énorme je te l’assure pour moi. Ils sont en danger par ton inconcevable étourderie ou plutôt par ton peu de préoccupation des choses qui ne te regardent pas personnellement. Je compte sur toi & je t’enverrai des fonds le moment venu.
À toi
Fély
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autre chose :
Beaucoup entendu parler de ton mariage par une douzaine de forts Belges « de tes amis ». Aussi par Uzanne en douceur « d’après Bruxelles » : Conclusion : la main sur le cœur & de fond de ma vieille amitié : Si tu veux ôter le bandeau d’Edmond t’a passé sur les yeux, le fameux bandeau que tu te colles pour ne rien voir : la motte de terre de l’autruche, il n’y a que deux partis : le 1er ne pas te marier : il est trop tard, ce mariage paraît grotesque maintenant, est lourd à ta fille, inutile pour toi. Tu le fais au fond pour avoir ta libertérien autre chose. – Comme le disait un de ces Belges avec bon sens. « Il se marie pour pouvoir rouler, comme avant, sa bosse de coté & d’autre, & c’est la qu’est la bonne bêtise : il prend une jeune femme pour la laisser au logis avec sa fille ! – Il ne gardera ni l’une ni l’autre. Les logis à jeunes femmes d’où on s’éloigne ne restent jamais vides. » Ça, c’est le bon sens Belge ! et c’est juste. La 2e Te marier & énergiquement prendre ta fille & ta femme & laisser là la Belgique qui se fiche de toi, beaucoup plus que tu ne te fiches d’Elle & venir ici à Paris où l’on peut tout faire faire ta vie & ton avenir. Tu vas t’empêtrer, Mon Vieux,
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Lisse, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR