Lettre de Félicien Rops

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Il faut avouer Mon Cher Vieux, que si les hommes sont souvent fortement bêtes, les femmes en revanche ont un fonds de sottise qui ne laisse pas que d’être considérable. Ma femme, qui n’est pas crois le bien, sans avoir eu des torts sérieux envers moi depuis mon mariage, – qui n’a tenu ni elle ni ses parents, aucune des promesses qui m’ont été faites à l’époque de mon mariage, quant à Paris & aux milieux dans lesquels je devais vivre pour tirer parti de mon talent & des facultés spéciales que je possédais à ce qu’il paraît ; – préfère consommer notre séparation en la prolongeant que de pardonner avec intelligence en se donnant un beau rôle, & par là en me forçant à une conduite différente de celle que j’ai eue précédemment. C’est, si elle ne désire pas une séparation complète, d’une sottise idéale, – reste à savoir si tout cela n’est pas un moyen détourné d’arriver à provoquer cette séparation. – Quant à Paul, elle n’a pas d’excuse, on ne laisse pas un fils trois mois sans nouvelles de son père, & s’il s’était agi de la fête de MrFerdinand de Faveaux, elle aurait forcé Paul a écrire une lettre de félicitations huit jours avant la susdite fête.

Quant tu verras ma femme & je t’engage à la voir assez vite tu lui diras que je veux savoir à quoi m’en tenir quant à l’époque de mon retour chez moi, que je ne veux pas continuer cette vie là, que je veux vivre avec mon fils & dans ma maison ou alors que nous en appellerons une bonne fois aux tribunaux afin d’en finir, & puisqu’elle veut me faire vivre à l’état d’homme divorcé, que ce divorce ait lieu & qu’on en finisse.

Du reste nous causerons de tout cela ensemble. Je compte retourner Samedi avec toi à

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Anseremme & y rester un mois au moins. Nous ferions route ensemble. Je serai Jeudi soir, Vendredi au plus tard à Bruxelles. Pourras-tu partir Samedi ? du reste si tu ne peux partir Samedi nous partirions Dimanche matin, mais Samedi serait bien préférable, – J’ai beaucoup à te parler. Écris moi un mot de réponse. Quant aux lettres, tu comprends que si l’adresse avait été bien mise, on me les aurait remises & elles n’eussent pas été « retournées » ! Je n’ai pas bougé d’ici. – Toute réflexion faite, ne parle pas à ma femme avant que nous ayons sa nous soyons vus. Réponds moi pour savoir le jour de ton départ pour Anseremme.

Les petites amies de la rue Mosnier te font mille amitiés ; comme toujours elles sont bonnes charmantes & dévouées. Elles espèrent te voir au Réveillon de cette année. Ce sera bien facile d’ailleurs, il y aura à l’atelier un lit pour toi & un lit pour Edmond. Au printemps prochain, si rien ne s’arrange mieux je crois que je partirai pour New-Yorck, cette idée me poursuit obstinément.