Numéro d'édition: 2810
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
Saint-Méloir-des-Ondes, La Guymorais
Date
1892/08/22
Commentaire de datation
Cette lettre que Rops date du 22 août évoque la mort de son ami Armand Gouzien décédé le 14 août 1892. Elle précède deux autres lettres, voir : inv. II/6655/468/232 et 233. – N° d’édition : 2811 et 2812.Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/231
Collationnage
Autographe
Date de fin
1892/08/22
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
1892
Page 1 Recto : 1
La Guymorais 22 Aout.
Mon Vieux,
mon pauvre Vieux que je t’embrasse d’abord avant tout pour les bonnes lettres que tu m’as écrites, – je te dirai demain comment elles, – du moins la seconde, ne m’est parvenue qu’il y a deux jours ! – Gardons bien notre vieille amitié ! Je reste atterré de la mort d’Armand. L’idée que je ne le reverrai plus, que je ne l’entendrai plus que je ne pourrai plus lui parler, ne peut rester dans la tête. Je n’ai rien reçu de Mme Gouzien ! Comme toi, j’ai appris ici par le Figaro l’affreux évènement. J’ai télégraphié à Hautteville-House, à Brest, à Paris, partout. Louis Gouzien m’écrit une lettre que je t’envoie, (tu auras mon adresse sur l’enveloppe,) tu vois qu’il est logé à la même enseigne que nous. C’est épouvantable de ne pouvoir pas même aller, – n’importe où, accompagner le cercueil d’un frère, – ce qu’il était réellement pour nous ! Il y a là quelque canaillerie féminine ou autre, je le sens ; mais Lockroy ! mais Mme Lockroy ! – Je m’y perds. – Nous avons le droit de savoir Comment notre pauvre ami est mort sacrédieu ! Et je le saurai !
Je n’ai que le temps de poster cette lettre à St Coulomb, – un départ par jour, une seule levée pour St Méloir-des-Ondes le
Page 1 Verso : 2
bureau de poste de mon désert. Je viens de passer six terribles mois, et dans une tristesse infinie qui est complétée par la mort d’Armand. Quelle perte ! C’est à vous dégouter de continuer la vie. Et cependant j’ai bien lutté depuis ces six mois pour cette sacrée vie. Et c’est au moment où je respire, où je sors de toutes ces mauvaises heures, que la série à la noire continue, ou plutôt reprend ! Ah ! j’ai grand besoin de te voir ! J’ai bien des choses à te dire ! Enfin il faut encore se cabrer contre le sort, et se garder pour ceux qu’on aime et qui vous aiment encore.
Je t’embrasse comme j’aurais voulu embrasser celui que nous pleurons, – à demain.
Fély
Et bonnes amitiés aux tiens.
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Vergé, Vert.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR