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20 juillet 1887
Mon Vieil,
Deux mots : serais-tu pas disposé à me rejoindre en Bretagne ? Je gagne le Portrieux où je serai ce soir & où je jetterai à la poste la lettre que je t’écris dans l’entrepont du bateau qui me fait remonter la Rance, une merveille, par parenthèse. Je vais passer par Dinan, St Brieuc, & je coucherai à Portrieux ce soir. Je dois trouver des lettres au Portrieux qui me diront si je peux rester encore quinze jours en Bretagne. Si oui tu recevras cette lettre, si non je la déchirerai & les flots du vieil océan l’emporteront.
Je t’engage à venir parce que du Portrieux, qui est un repaire déja connu de nous, avec la bonne vieille auberge de la mère Pommeret je gagne des endroits fantastiques que te montrerai, & où on vit pour 3 f 50 par jour tout compris dans des rochers apocalyptiques & dans
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des paysages lunaires. – Prophète de la circonstance, tu ne la retrouveras pas, je t’assure. Je serai à Portrieux en résidence sept-jours le Mercredi 20 le Jeudi 21 le Vendredi 22 le Samedi 23 le Dimanche 24 Le Lundi 25 et probablement le Mardi 26. – En prenant un billet d’itinéraire, tu viens me rejoindre. Car le plus simple est encore tout simplement d’aller à Paris, de traverser, d’y rester le temps de prendre son billet, & de venir ici. – Vie à très bon marché.
Je t’écrirai demain.
À toi au plus vite.
Grandes Amitiés aux tiens
Fély