Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

Mercredi 11 – Avant de t’expédier ceci je tiens à te dire comment il se fait que je n’ai pas « livré » le cuivre en question à la Mère Doucé. – Cette « éditrice » m’avait « commandé » pour 3,500 frs de gravures pour toutes sortes de volumes – J’avais commencé toutes sortes d’études de ces machines là, j’ai perdu du temps & de l’argent, je serais dans mon droit en lui gardant cette gravure, mais je ne veux pas le faire. Seulement je veux la garder comme garantie jusqu’à entier payement.

Je t’envoie sous rouleau de carton :

1° Une épreuve du cuivre de la Mère Doucé, qui ne doit lui être remise qu’avec la planche & après arrangement & payement. – Si l’arrangement proposé ne se fait pas, il est inutile de lui remettre cette épreuve qui est fort belle tu la garderas pour ta collection.

2° Une épreuve du frontispice de Péladan Joséphin – pour toi

3° Trois épreuves rares, aussi pour ton portefeuille, en attendant un tirage que je vais faire spécialement pour ta collection particulière & pour celle d’Uzanne dans quelques jours.

À toi vieille

Fély.

N.B. Mon médecin le Dr Sabourin, sort d’ici : paraît que j’ai un machin aux poumon. « Cela ne sera rien ou cela sera très grave » m’a dit cette lumière de la science pour me rassurer. « Allez à San Remo, c’est le meilleur » – Je veux bien ! – Enfin je vais avoir une maladie intéressante ! comme disait Baudelaire ! Filleau est décoré. J’ai du prendre un autre docteur !

Ne jamais croire un mot des promesses de Lalouette & de Doucé ni de rien – Ils mentent toujours, perpétuellement, en dormant ! –