Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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La maladie du silence est transitoire, c’est fini ! Je réponds ! Tu auras le 15 aout, absolument ton cuivre ; – ou plutôt une épreuve de ton cuivre. Cela fait, tu la porteras à Kistemaeckers. Tu lui diras textuellement ceci :

Voici l’épreuve de la planche que Rops a faite pour moi, il fera tirer de cette planche le nombre d’épreuves dont vous avez besoin & vous les enverra : contre remboursement. Le prix des épreuves tirage ordinaire est de 9 frs le cent format Charpentier (comme le frontispice de Péladan). Inutile de te dire que je perds sur le tirage, cela me regarde. Avant tout, je tiens pour ne pas faire une besogne inutile à ce que tout soit arrangé & convenu entre toi & Kistemaeckers, points sur les I. me méfie du Monsieur, après les farces jouées par lui. Il faut dix jours pour le tirage. L’éditeur

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paiera les cent sous d’aciérage de la planche, comme d’habitude. Du reste il recevra facture de tout cela.

Voilà qui est dit.

Maintenant envoie-moi :

1° Titre définitif de l’ouvrage.

2° Format exact du volume –

3° Dimension de la Justification en hauteur & en largeur

Je n’en veux pas à Kistemaeckers c’est Hannon qui a été en cette vieille affaire, le polisson coupable. –

Rien de nouveau ici, je m’installe demain à la Roche Claire, j’y resterai tout le mois de Juillet. Écris moi en attendant toujours ici 21 Rue de Grammont, je reviens prendre mes lettres tous les Jeudis, sans faute. Seulement n’oublie pas de traiter à fond la question avec Kistemaeckers! Je ne veux pas donner de planche à Kistemaeckers ni qu’elle passe, en aucune façon, par des mains, ni qu’elle soit tirée à Bruxelles où l’on tire ignoblement,

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Voilà mes raisons.

Rien de nouveau « en Paris » comme disent les Marseillais ; on s’en va vers les plages & les villes d’Eaux. Où irai-je pendant l’aout ? Je l’ignore jusqu’à présent. Dans tous les cas en septembre en Belgique, nécessairement, – absolument. Je pioche dur ce mois-ci. On m’a parlé de Wissant près du cap Gris nez audessus de Boulogne. C’est là que le joyeux Bellis florissait il y a quatre ans. Bellis vit-il encore ? – Pourrais-tu pas savoir où il reste ? j’aurais tous les renseignements désirables par lui, si nous le découvrions. – Il y a un Bellis qui est mort ?? mais il y en avait deux ! Il y a encore espoir. Je passe donc Juillet à la Roche-Claire toujours délicieux coin, – quand je suis seul je pousse jusqu’à la forêt de Fontainebleau, je déjeune à Chailly avec la tapée de peintres nouveaux qui me fêtent ; – comme j’ai eu la chance d’être de trente ans en avance sur mon temps, cela me remet leur contemporain. Puis quelque fois je vais prendre le train à Cesson & je tombe à Montigny, je me remets aux vieilles places où (il y a deja cinq ans !) nous trouvions la « vibrante » ! – Te rappelles-tu une jolie petite maison dans le fond

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audessus de la Cascade celèbre ? – sur la rive gauche ? – C’est un de nos amis Leclanche qui occupe ce petit coin exquis. On déjeune au niveau de l’eau. Toujours un Coin délicieux aussi ce Montigny-sur-Loing ! Ah qu’il manque un « Dom » pour décrire tout cela ! Liquide vite ton là bas, & viens gagner de l’argent ici. – Je ne quitterai pas je crois ces parages, difficiles d’abord, mais on est payé de ses peines par le charme spécial du Gâtinais pays de vignes & d’eau, ce qui est rare. Le chemin de fer va me couper le bas de mon repaire, mais comme compensation je serai à Fontainebleau en une vingtaine de minutes.

Embrasse ta femme pour moi, je vais pousser Uzanne à te faire faire par les « nouveaux maîtres de la maison Quentin », un guide de l’Excursionniste aux environs de Paris. Ton volume paru, tu devrais même en faire un bout comme specimen, avec des dessins du beau-frère cela marcherait tout seul. Du reste ton guide du littoral sera déja un bon modèle.