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La dame à la plume de paon est prête ! « Honni soit qui mal y paonce !»
Je crois qu’elle frontispissera d’une façon aimable « les Rimes de Joye »
Je t’envoie une épreuve retouchée de la « Dame à la fourrure.
Dans deux jours je l’expédie à Evely ; – Seulement tu diras à Mlle Callewaert d’expédier au susdit Evely les dimensions de la justification de ton livre. Il ne faut pas, pour être puriste que les dimensions du frontispice dépassent de beaucoup la justification. Et maintenant bonne chance aux « Rimes de joie » !
À toi
Fely
Je t’envoie une épreuve de la « Petite dame à la fourrure avec tes vers – tu vois que cela ne vient pas mal et l’on pourrait retoucher cela à l’infini.
Je suis installé 13 Rue Labie Porte Maillot. Je fais faire fortement de la peinture. J’y suis maintenant en plein. et cela me plaît comme si je n’en avais jamais fait. Mais je fais mat ! Chacun sa toquade. Moi je hais les brillants. Mon premier amour avait le nez brillant comme un poignard. Cela m’a dégouté des reflets.
À toi
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Post scriptum :
Comment as-tu quitté le Château de Coarraze ? Et qu’est ce que ce Château de coarraze ? Dans les romans d’Al. Dumas pèreHenri IV s’appelle volontiers : Sire de Coarraze. Le Bailly es-t-il rentré ? – tu ne me dis rien de ces choses drôles – Ravaillac doit empêcher le bon le Bailly de dormir ! – Il y a eu chez lui, à Bruxelles des dépendaisons de Crémaillère fantastiques, – avec des jeunes dames qui avaient connu Romieu & le comte d’Orsay ! – au dessert on a chanté « une ariette, un rien » comme dans les eaux-fortes de Nierderkorn, & on a joué la valse du duc de Reichstad. – Cela m’a rappelé le Congrès anthropologique. Et Bailly avec le mari de sa femme !! Purement Épique ! – Tout arrive ! –
– Cela « coute-t-il gros pour vivre aux Eaux bonnes ? – Donne moi des renseignements à ce sujet ou plutôt demande les à ma Chère & aimable sœur, – à laquelle tu transmettras nos meilleures amitiés.
Fais nous un bon & grand tableau. Il ne faut pas craindre la montagne, quand elle ne vient pas à vous il faut aller à elle, comme Mahomet.
J’ai été à Vendôme. Pays Ronsardien. – Vu Ronsard en bronze sur la « place du musée. – Trouvé l’Orchis conopsea. – Piqué le nez de Rops avec du vin de Laverdun. – Fais deux études et remercié ce pays gaulois de m’avoir fait cadeau de Mlle Claire Rops qui est une vraie Tourangelle. – Ici on passe ses soirées au Salon, éclairé au Jablokoff – Tout le monde y va, c’est un sport. Les belles petites font semblant de se connaître en peinture et poussent des petits cris devant les nudités du jardin ; – Délicieux ce Jardin dans les demi-teintes, il y fait frais joli, parisien, amoureux.
Taelemans habite Paris, il est entré comme élève décorateur chez Lemerre, ce n’est pas ce qu’il a fait de plus bête. – Liesse itou est ici, il pioche son deuxième livre et publie des nouvelles dans l’Illustration. Dommartin est resté à Bruxelles et y restera probablement le nez piqué dans la vase de la province comme un vieux héron. Il est fini et je m’étonnerai fort si l’on tire quelque chose de ces débris « extravaginaux ». – Une vieille jolie femme, de nos ennemies l’a tari comme le soleil de midi tari une flaque d’eau. C’est dommage. Je n’ai trouvé que Carlier & Fontaine qui ayant gardé quelqu’animation là bas. – Bruxelles est nécropolien.
À propos : Van Camp vient aussi à Paris ??? Il cherche un atelier a fait four avec sa Judic. Il y a cependant de très belles qualités. – Picard a acheté un Gervex – bravo ! En voilà des « potins » ! – enfin il faut bien que je te tienne au courant. – À part cela rien. – Ah si ! il parait que nous illuminons ce soir pour la décision de la rentrée des Chambres à Paris ! – Allons l’on pourra encore s’amuser à « envahir la Chambre » les jours de pluie. J’ai bien envie d’aller m’eaubonifier !
À toi À Vous
Fély Rops
Paris 19 juin 1879