Lettre de Félicien Rops

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Mon Cher Vieux

Tu me feras le plaisir aussitôt cette lettre reçue, d’y répondre le plus vite possible & de me dire ce qui est arrivé à Lambrichs. Je ne sais rien, – jamais Dubois, Lambrichs ni Artan ni Verwée ne m’écrivent, – c’est même assez bête pour de vieux amis. – Il m’est arrivé bien des ennuis & ce mois d’Aout m’a été fort néfaste je te raconterai tout cela longuement à Anseremme où je compte être dans une huitaine de jours. J’ai été malade pendant quinze jours, d’une espèce de congestion au cervelet qui m’a fait fortement souffrir.

– Rien de vrai dans l’affaire Lemerre, absolument rien heureusement, – il y a eu simplement un retard dans la publication du Musset, – retard qui ne m’en a pas été moins, fort désagréable. Il y a trois semaines que je veux & que je dois t’écrire, ainsi qu’à notre brave Edmond & je n’avais pas le courage de m’y mettre. J’ai été six jours à Trouville chez Camille Blanc, & il faut que j’y retourne Mardi pour y faire une étude qui m’a été demandée par le père Blanc premier du nom. Trouville est une merveille, jamais la gaité du costume moderne féminin ne s’est manifestée de cette façon à trois heures la plage est un coin de carnaval, c’est étourdissant. C’est là qu’il faut voir « la Parisienne ». – c’est plus gai que Monaco parce que la femme y est plus libre, & les toilettes

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d’été plus provocantes. J’ai fait de tout cela quelques études qui me serviront.

– Je vais être franchement heureux de passer quelques jours avec toi & Edmond. Nous ferons quelques belles tournées en pays de Meuse & quelles belles bavettes nous allons tailler !

Écris vite, fais mes amitiés à tous dans une huitaine de jours je serai près de vous. Dis moi quels sont les gens qui perchent à Anseremme & dans les environs. Les mignonnes & la mignonnette se portent bien. Retiens ma place chez Renée & à la table d’Adèle. Tout le monde t’embrasse. Je t’écrirai au reçu de ta lettre mais écris tout de suite. Amitiés à tous.