Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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2e lettre :

– Liesse est père !! d’un beau garçon ma foi ! Il a l’air d’ailleurs très heureux de l’évènement, & la petite femme est déjà svelte comme si elle n’avait jamais fait que cela. Et fort jolie en petite maman ! –

– Ils vont aller habiter Marlotte ou Montigny sur Loing les heureux qu’ils sont. – J’en ferais autant de bon cœur. Une maison aux environs de Paris & une chambre en plein cœur de la rue Richelieu ou du Boulevard, m’ont toujours paru l’idéal de l’existence artistique & littéraire. – Allons, il faut que toi aussi tu te fasses ton nid, & un petit intérieur quelque part !

– C’est nécessaire dans la vie ces choses là ! Et il ne faut pas trop tarder à les faire, ou il ne vous reste plus le temps d’en jouir.

Je t’engage avant de partir pour Paris à avoir une forte conversation avec ta mère afin que tu saches bien ce qu’elle veut « & toi aussi », avant toutes choses. Ta vie me paraît indiquée & écrite ici, mais si en octobre tu n’es pas installé à Paris, tu auras encore pour dix ans de Bruxelles & tu seras trop vieux alors pour que cela vaille encore la peine de tenter quelque chose dans la vie.

Liesse vient de vendre son roman nouveau, trois mille cinq cents francs à

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la Revue Politique & littéraire, sans préjudice du volume que Charpentier lui achète le même prix. Il publie des nouvelles dans toutes les revues. En voilà un, le seul des nôtres d’ailleurs, qui s’est révelé piocheur. Je trouve qu’arriver à se faire ses dix mille francs nets comme cela au bout de deux ans de Paris sans passer par le journalisme c’est assez rare. – Suppose Liesse avec une « Mme Gouzien » il était fichu ! Avec cette petite femme modeste qui ne lui a pas dépensé d’argent & qui ne lui en dépense pas, il a pu faire une œuvre tranquillement. Il n’y a que cela !

Nirtis vient d’ouvrir une exposition très curieuse. Je voudrais bien que tu voies cela aussi ! –