Numéro d'édition: 2705
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/124
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Mon Cher Vieux,
Ta lettre est celle d’un ami qui aurait répondu pour un autre ami, pour une somme de Cent mille francs, lequel ami ferait « faux bond » – Comme tu n’a rien répondu pour rien du tout ce que je ne t’aurais pas demandé d’ailleurs, tu peux garder pour toi cette littérature de Nivelles en Brabant. Je n’avais envie que de t’écrire simplement sur une feuille blanche :
Merde !
pour me mettre au niveau.
Gouzien était ici quand ta lettre est arrivée : il m’a dit : Dommartin est comme Rochefort, il a perdu le Nord Parisien.
Tu devais te dire simplement que si je ne payais pas Adèle, c’est que l’argent sur lequel je comptais me
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faisais défaut voilà tout ! Quand on ne paie pas c’est qu’on n’a pas d’argent ! on aime toujours payer, même les créanciers comme Adèle qui est un vieille carotteuse peu intéressante, qui me doit sa baraque, parce que j’y ai envoyé tout le monde, Liesse le premier, puisqu’il n’y avait que moi qui connaissait le coin. Sans moi elle serait encore là avec Baron et un Asselbergs quelconque qui dépenserait chez elle un verre de faro par semaine. – Elle n’a qu’Elle d’enfant et toi. – Cela n’empêche pas qu’il faut payer ce qu’on doit : c’est tout ce qui a au monde de plus juste. – Maintenant je veux bien te dire que si je n’ai pas envoyé l’argent c’est que, une nouvelle tuile énorme était tombée sur la Maison : une dame polonaise très recommandée a laissé impayés pour huit mille francs de billets sans prévenir. – on n’en serait pas sorti sans quelques bons amis dévoués qui, comme moi, on fait feu de tous leurs pieds. on en est sorti. Les petites te diront les détails si tu me faisais l’honneur de douter de ce que je t’écris.
Quant aux potins et à tout cela,
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« je m’en fous » !! dans ces crises là on se fout de tout : des Adèles, de toi, & de soi. – La Belgique et les Belges potinent : c’est leur droit : quand Dom n’est pas là Carlier potine sur Dom et l’éreinte. quand Carlier n’est pas là, Fontaine potine sur Carlier c’est la bonne loi du pays, c’est dans l’air, de qui parlerais-t-on !! Si Adèle veut m’embêter elle sera payée encore plus tardivement, dis lui ça. La crise est passée, dans quelques jours l’argent reviendra & on paiera. – Tu ferais mieux de venir à l’Exposition qui ferme aujourdhui. C’est plein de Belges venus pour cela, cela ne rend pas l’Exposition plus belle mais ils sont toujours curieux à voir ces animaux là ! – Du reste comme Adèle ne peut m’embêter que très légèrement – en mettant ma créance en vente &c &c &c « je m’en fous » également ! Je la paierai d’ailleurs ! – Qu’est que tu veux que cela me fasse la Belgique ? – on y fiche de la trop mauvaise peinture. – Dubois en est claqué. Il est mort des Belges.
Tibi
Fely
Quand tu seras député comme Hallaux tu feras des crânes discours sur les gens qui ne paient pas leurs dettes – tu séviras !!
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR