Numéro d'édition: 3152
Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23

Destinataire
Maurice Bonvoisin
1849/05/26 - 1912/03/27
Lieu de rédaction
Paris
Date
1879/05/01
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
Bon/LE/94
Collationnage
Scan
Date de fin
1879/05/01
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops
Apostille
Paris 1er mai 1879.
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Paris 1er mai 1879.
Mon Cher Maurice
Je n’y comprends rien ! Depuis Lundi matin le dessin est aux waggons-lits ! Avec recommandation expresse de le faire remettre le plus tôt possible à Mr Maurice Bonvoisin ! – Télégraphie à Mr Lechat ! Je suis très embêté de ce retard. Au reçu de cette lettre écris moi deux lettres une à Bruxelles 35 Rue des Petits Carmes chez Jacob-Ottevaere encadreur, (c’est là que je perche & où j’ai mon atelier,) et l’autre ici rue Mosnier 17. Si ma petite amie va bien, je partirai demain Vendredi pour Bruxelles pour aller y entendre un opéra de Silvestre, Gouzien est
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deja parti. – Je te porterai à Bruxelles des échantillons de papier-Gillot et la manière de t’en servir pour Bergerat & la vie moderne. – Pour l’opéra de Silvestre j’ai une passe que je veux utiliser ; ‒ ce qui m’ennuie c’est que je n’ai que peu de temps à passer là bàs. – Dis-moi dans ta lettre si tu es disposé à acheter comme je te l’ai dit la collection de choses rares que j’ai à Bruxelles, c’est un affaire d’une couple de mille francs au moins & tu feras un bon marché du point de vue de la formation de collection & de la « preciosité de la tienne.
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vendre Pornocratie c’est qu’avec cet argent je dégageais des objets – l’armoire la fameuse armoire !!! laissée chez Lambrichs pour quelques arriérés de location dûs au propriétaire. Je sors de tous ces ennuis et j’ai bravement payé presque tous mes créanciers, qui se courbent comme des parenthèses quand ils m rencontrent.
‒ Je te raconte tout cela en ami, du reste je n’ai rien à cacher ! Nous retrouverons là dedans le portrait Mocquart & les choses promises.
Je liquiderai aussi Thozée, où il doit y avoir des choses de l’époque Scarron. – Je dois avoir encore à Bruxelles, des « Pédagogiques » (tu te rappelles les planches dites Pédagogiques) fort intéressantes, dont le souvenir m’est revenu hier et faites sur des bouts de cuivre et des bouts de vers de Liesse et d’Arène. pour apprendre l’eau-forte à une belle dame !! Puis ! important ! (à ajouter comme supplement Rops du volume), à Thozée j’ai les planches retrouvées par Paul il y a une dizaine de jours en farfouillant dans ma chambre. Des lettrinnes & de menus faits pour Camille Blanc & Jeanne.
1° Petit cuivre : Initiales de Jeanne entourées de violettes. –
2° Un jockey couronné de lauriers petit cuivre – menu
3° Un cuisinier portant un paon (menu)
4° Un amour apportant un oiseau (menu)
5° Un cochon couronné itou (menu)
6° Un cheval à la broche (menu).
(Deux états de chaque planche gravés à Monaco 1876.) – janvier. Je
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t envoie toutes ces notes à la diable & à la diablesse ! « pour servir à l’histoire de notre temps ». – Tu auras une idée de mon peu de mémoire & de mon « ingratitude » de père envers mes enfants par ce fait des menus Camille Blanc : Je les grave à Monaco, les vacances de Pâques arrivent, Je prends mes cuivres pour les achever à Thozée (où j’ai encore une presse ;) je m’étais fait fabriquer à Monaco une manne spéciale pour importer en Belgique des plantes, et j’avais fourré dans le fond de la manne des échantillons secs, ‒ enveloppés de papier Buvard – de la flore monégasque. – Au dessus les plantes vivantes. – Au dernier moment j’avais oublié mes cuivres, les malles avaient quitté Monte Carlo, la manne restait, j’y fourre mes cuivres. – Au lieu d’aller à Thozée en remontant de Monaco, je reste à Bruxelles, Paul à Thozée, déballe les plantes vivantes et comme le fond n’était qu’un amas de mousse, il met la malle au grenier –. Il y a huit jours, dans une lettre, comme il était à Thozée pendant ces vacances de Pâques, je lui parle de la Flore de Monaco et je lui demande ce qu’il a fait des plantes séchées envoyées par moi, (‒ je lui envoyais des plantes, qu’Hannon, bon botaniste ! venait de m’envoyer de Pau), c’est à ce propos qu’arrivait la lettre sur la flore méridionale. – Paul me répond qu’il n’y avait pas de plantes sèches dans l’envoi de Monaco. – Je lui réponds de fouiller dans la manne d’envoi, ‒ il fouille et farfouille et trouve les plantes, et glissées, par leur poids, sous les plantes, les cuivres en question ! Depuis trois ans Camille Blanc me réclame ses cuivres, ‒ Jeanne sa lettrine, ils m’embêtent, prétendent que j’ai effacé leurs cuivres ! etc &c j’étais persuadé qu’ils m’
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avaient été chippés par quelque cuivreur ou planeur, ce qui arrive souvent – Je suis persuadé que je retrouverai tous les cuivres dont je t’ai donné les indications.
– Je suis rassuré sur le Scandale Armand Silvestre le critique d’art de la vie moderne l’a vu par hasard, au moment où je l’emballais et il m’a dit « c’est un gothique avec la lumière & l’accent moderne ». – Je serai heureux s’il te plait ce dessin et s’il ne te plaît pas, nous le remplacerons, et je garderai pour moi – comme un effort intéressant, ce dessin tout spécial & d’une époque de transition. Je t’assure que je ne le referais pas, je l’ai fait à travers des souvenirs et avec des études. – Donc vite deux lettres Mon Cher Ami
Je compte sur ces lettres Dimanche
À bientôt À toi
Currente Calamo !
Fély
Détails
Support
2 feuillets, 5 pages, Vergé, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
Photographie Vincent Everarts