Numéro d'édition: 3502
Lettre de Félicien Rops à [Auguste Poulet-Malassis]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Auguste Poulet-Malassis
1825/03/16 - 1878/02/11
Lieu de rédaction
Mettet, Château de Thozée
Date
1871/11/03
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
PU/LE/013
Collationnage
Publication
Date de fin
1871/11/03
Aucune image
Thozée, 3 nov. 71.
Il y a bientôt un grand mois que je dois répondre à votre bonne lettre, mon cher ami, j'espère que vous me pardonnerez ce long retard lorsque vous saurez que le nommé Guignon s'accroche de nouveau à mes chausses et que je ne sais ma foi trop quand il lui plaira de les lâcher : Paul tousse de nouveau, depuis un mois et demi, de cette toux fantastique et incompréhensible qui fait le désespoir des médecins et encore plus le nôtre. Je ne fais que trotter de Bruxelles à Uccle, d'Uccle à Namur, de Namur à Fleurgat, de Fleurgat à Thozée. Je vais partout pour essayer de toutes les zones et pour le faire changer d'air. Dès qu'il arrive dans une nouvelle localité, il ne tousse plus pendant deux ou trois jours, mais la toux recommence bientôt et il faut déloger. Ici, à Thozée, il tousse positivement beaucoup moins que partout ailleurs, c'est pour cette raison que nous nous étions décidés, au commencement de l'année, à passer tout l'été ici.
Nous étions à peine rentrés à Bruxelles de huit jours que la toux reprenait avec plus de violence que jamais. Nous ne savons plus que faire, nous en sommes à l'oméopathie et, après, ma femme est décidée à partir pour le Midi, malgré l'avis de la Faculté qui prétend que Paul peut tousser aussi bien à Nice qu'à Bruxelles. Crocy prétend que cette toux nerveuse finira avec la puberté, mais en attendant, c'est une affection bien pénible et bien démoralisante pour nous.
Vous concevez que mes pauvres pierres sont restées en plan au milieu de cette averse de tuiles. Je retourne demain à Bruxelles et ma femme va me remplacer comme garde-malade. Il faut que je mène cela à bonne fin, puisque j'ai commencé, je veux finir. Il est probable que vers le 15 courant j'irai vous serrer la main et causer de tous ceux et de toutes les choses que nous aimons.
À bientôt, mon cher Malassis. Paul vous fait bien ses amitiés, ma femme aussi.
Dites bien des choses de ma part à Fanny et à nos amis, et à bientôt, j'espère.
Je vous serre la main bien affectueusement.
Fély Rops
Mon oncle de Faveaux, par-dessus le marché, me prie de le rappeler à votre souvenir. Il fait du cidre à la mode de Caen, maintenant, et espère que vous viendrez le goûter l'été prochain. Il porte toujours d'une façon aussi verdoyante ses 94 ans et continue à pincer le derrière des jeunes rosières qui passent à portée, comme au bon temps. Soyons bien sage, mon cher Malassis, pour pouvoir toujours en faire autant. J'ai été très heureux d'apprendre que vous en étiez matériellement très bien tiré là-bas chose dont je n'ai du reste jamais douté un seul instant. Avec la santé qui vous est revenue, vous êtes en plein flot et vous n'avez plus rien à demander aux Dieux de Banville. Dommartin se marie bientôt, il épouse une Liégeoise assez douce et assez gentille pour fixer ce volatile étrange. Pour l'instant, il ne retourne pas à Paris, il est à la Chronique de Victor Hallaux et y déverse des propos qui épouvantent les rues du bas de la ville et ébranlent le haut commerce.
À vous.
F.
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