Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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Il n’y a pas un mot qui tient dans ta lettre. C’est un idéal de non-compréhension des faits & de belle imagination dans le vide. Voilà !

Il ne s’agit & ne s’est jamais agit de savoir si j’ai eu raison de faire ou de ne pas faire les dessins, « à temps ». Ils étaient « à temps » puisqu’ils étaient prêts le Dimanche soir à être mis dans la caisse. Tu vois comme tu es à coté ! Non, – malgré « tes objurgations » je ne suis pas pressé, pas plus pressé que je ne me presserais encore !

– Nous sommes comme cela 5,000 ici. C’est regrettable mais c’est ainsi. Tu es par trop Prudhommesque de croire qu’à mon âge on change ses défauts, défauts inhérents à vos nerfs & à votre organisme ! C’est par trop naïf réellement & pour un « psychologue » tu m’étonnes, tu m’étonnes !

– La caisse a été mise Jeudivis-à-vis d’Uzanne qui peut en témoigner, donc parfaitement à temps, – tu l’as mise dis-tu tout de suite, – je te crois, – elle est arrivée non pas le Dimanche soir mais le Lundi soir. *Je viens de m’en assurer Il y a là un mystère de chemin de fer. Quand j’adresse à Evely un cuivre le Jeudi soir il est de retour le samedi matin à 10h. rue Drouot.

Laissons cela de coté. – Donc collection

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prête. Et tellement prête que je l’ai vendue immédiatement. – Preuve ! Donc tes objurgations n’avaient rien à faire, & tu objurguais dans l’espace ! Du reste un ami n’a pas à « objurguer ». Il a à prendre l’ami avec ses défauts & ses qualités. Les autres savaient très bien, (je parle de ceux qui m’ont rendu les mêmes services,) que j’arriverais toujours – in extremis – et me disaient. Je fais ce que tu me dis, tires-t’en comme tu pourras ! Comme je m’en suis tiré avec Conquet, – preuve ses lettres que je tiens à mon tour pour ton brave nez.

– J’étais chez Uzanne quand Conquet est venu, – et je venais dire à Uzanne : « Je viens de vendre la collection à Martin, tu diras à Conquet que j’ai pris la collection Dom. chez moi pour bien examiner les lettres, que c’est “un droit d’ami” pendant ce temps je lui en ferai une autre » – Uzanne n’a pas du tout « jeté la vérité » à la tête de Conquet (!) C’est moi qui ai tout fait. Tu vois que rien n’est plus simple ! Collection vendue à Meur, collection vendue à Conquet voilà le résultat. Conquet exprimant sa joie par lettres & disant qu’il est prêt à t’acheter le reste !! Est ce clair ? Est ce simple ? Est ce réussi ?? Est ce net ? – Car note : & c’est là où tu erres, que même en supposant que Conquet ait des doutes sur notre entente, Conquet lui aime à jouer ce jeu là pour ses amateurs !!! Bon Dieu que Bruxelles te rend pastoral, – (je le maintiens ! –) & qu’il faut s’expliquer de choses ! & te mettre de points sur les I !!! – J’en rencontre de ces amateurs qui me disent : « Conquet attend des pièces

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de la collection Dommartin, il m’a montré la lettre de ce collectionneur, mais il paraît farceur, que vous faites des coupures, hein ? Faites vite n’est-ce pas et ne coupez pas trop ! J’ai déja de jolies lettres de vous. » Comme l’avocat Rodrigues des Amis des Livres me disait : Ce farceur de Camuset avait-il des choses curieuses !. &c &c, mais c’est rudimentaire,

– mais Conquet adore, en camelot remuant grouillant le nez à l’affut, ces allées ces venues, ces inquiétudes sur des objets à avoir, ces doutes mêmes, en demi-ruses. C’est son jeu. Et je lui en donne, sans me gêner ! Est ce que je lui donne de mauvaises choses ? Je lui en donne d’excellentes & à prix fort raisonnable ? – Je lui fais faire de bons marchés dans la forme où il les aime. Voilà tout Où est le mal ???????

Et note que l’homme ne se connaissant pas en art, ne prendrait pas les choses venant de chez moi, & que je ne pourrais en outre lui présenter de collections avec notes.

– Or son public est un public de gens « à notes ! » Et il leur en donne !

– Et « note » aussi que ces lettres sont celles que j’adressais à Malassis. Gouzien a été chargé de m’en rapporter la collection complète & elle est ici. Donc de vraies lettres sur toutes choses & que j’adressais à Malassis comme j’aurais pu te les adresser. Donc la seule supercherie supercherie littéraire bien excusable a été de mettre Mon Cher Dom au lieu de Mon Cher Malassis ????

Où est le mal ?? Et pourquoi ces bras levés ?

– Et sois persuadé que si dans huit jours Camuset moi, toi et Émile Hermant par dessus le marché, nous

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déjeunions avec Conquet. Je lui dirais vous saviez qu’il n’y a jamais eu de Collections Hermant, Camuset Dommartin il y a eu : « qu’il fallait cela pour vous » faire prendre de belles choses.

Il disait : Ah. elle est bien bonne ! Je vous remercie bien ! – Je paie le café ! Ou : Je le savais bien seulement comme cela mes clients étaient bien plus intéressés. Faisons en encore !!!!!!!

– Et voilà le tout réduit aux vraies proportions. Il résulte donc qu’il n’y a – (sauf le chemin de fer,) – pas eu un seul accroc que ceux que j’ai suscités – après l’arrivée de la Caisse, – pour vendre 2 collections au lieu d’une ; ce qui est fait & ce que j’ai eu raison de faire parbleu !!! – et ce que je referais et referai.

– J’oubliais : lorsque le Dimanche à 4 h. Uzanne m’avait dit que la caisse n’était pas arrivée, j’ai comme les dessins étaient déja préparés, paré au coup du terme en passant trente heures au travail. Cela c’est en dehors de tout le mouvement Conquet & n’a rien à y voir. C’était une parade au sort & au chemin de fer.

– Évidemment, Mon Vieux Dom si je m’étais pris à temps, si j’avais fait la collection Conquet tout doucement, depuis le jour où tu étais ici, entre mes repas, – à la papa, t’envoyant la caisse 28 jours avant la date c’eut été mieux, & cela t’aurait tenu en belle quiétude & moi aussi, & Conquet aussi, mais voilà, c’est

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que si cela était ainsi, je ne serais pas moi, & que si je travaillais ainsi, je serais 115 rue de la Loi à Bruxelles & j’y ferais les choses molles, endormies & veules que j’y faisais – entre mes repos – .Heureusement je suis autrement ! comme les chevaux qui prennent d’autres performances suivant la chaleur, l’air & la nourriture des lieux où on les transporte, j’ai pris les défauts & les qualités d’ici, & – je m’en trouve bien. – Pas plus que si tu étais resté ici tu ne songerais à faire un « Guide du Littoral ». Quoique tu en dises, quoique tu prétendes, je suis dans le vrai, les Jardins d’Acclimatation sont là comme preuve !!!!!!!!!!!!!! Je ne fais pas ces choses là « par un exprès » comme disent les Namurois, c’est devenu ma nature, et c’était dans ma nature. – Tu me connais assez pour savoir que je n’arriverais que juste à temps ! – Tu fais un cas particulier d’un cas presque général. – Et puis sois persuadé que cela n’est pas malsain pour l’Art. – Qui sait si le bon Bock de Manet n’a pas été meilleur parce qu’il a été terminé sur le dos du Commissionnaire ; & si mes femmes nues auraient leur emportement conçues tranquillement, paisiblement, « à temps » ???.

Ne nous plaignons pas que la mariée soit trop éveillée si elle est jolie & si elle a du succès. – Le sommeil viendra trop tôt. –

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