Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]

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Galopante calamo !!

Pas de nouvelle de Picard ! Et je me trouve dans une position à ne pouvoir lui demander une réponse plus rapide. Tout cela est très embêtant pour toi, comme pour moi bien plus !! Comme je dois partir pour un assez long voyage & cette somme de 600 francs me manque je suis résolu à faire une chose : Paul m’a renvoyé un joli lot d’états des pièces que je tirais à Thozée que j’avais l’habitude de placer pour mettre en presse dans de vieux atlas de géographie. ‒ J’y joints les pièces nouvelles premiers états gravées depuis un mois avec les dessins de modèle très faits. ‒ (Voici pourquoi les dessins seront toujours maintenant très faits. Il y a une petite révolution dans l’eau-forte. Lemercier rue de Seine a acheté un procédé, le procédé Lucca, qui permet de photographier sur cuivre – ne pas confondre avec les hélio

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gravures ! ‒ On fait le dessin à la plume, à ce qu’on veut d’ailleurs Lemercier le réduit sur une plaque, passe au rouleau un vernis très clair qui permet au graveur si le dessin est à la plume d’en faire un fac-simile absolu. Ce procédé m’était connu & je l’avais déja employé pour mes menus, seulement l’inventeur Lucca était une espèce de paresseux fantasque qui ne vous livrait jamais une plaque. Le procéde Lucca-Lemercier a un succès fou ! ‒ Autant l’héliographie est impossible, autant la photographie sur cuivre qui évite tous les décalques et permet la gravure fac-simile absolue, par l’artiste est adorable. ‒ Revenons à mon lot : il y a dans les dessins le dessin à la plume de l’olivierade qui m’a servi pour la planche de Cadart. ‒ Celui de Noilly était le premier, le dessin fait à Monaco. ‒ Je vais envoyer ce lot directement à Olin, – j’ai son adresse à la campagne sans le faire passer par Picard. Comme il est très beau il l’achètera. ‒ Je ne t’envoie pas Mon Cher Maurice, parce que j’ai absolument besoin d’argent pour ce voyage qui me trotte en tête, je partirai même le 15 ou le 13, Tu vois que cela presse, et tu m’as déclaré que tu ne voulais plus faire d’affaire avant que les nôtres fussent terminées & que c’était absolu.

‒ Je n’ai plus besoin du dessin modèle de la romance de van den Eeden et ce dessin est

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à ta disposition. Il y a dans le lot une interprétation du motif de ce dessin pour la photographie qui est jolie. Je regrette de ne pouvoir te faire voir cela. Je t’aurais gardé ce lot de préférence ‒ pour plus tard, quand nos affaires auraient été terminées, mais je n’ai pas le temps ! il faut partir tout de suite – envoyé par un journal qui ne paie pas d’avance et il faut de l’argent !! ‒ Je t’écris cette lettre surtout pour m’excuser. ‒ J’ai aussi dans les envois de Paul une planche terminée de En prenant le Thé. Tu les auras toutes, je ne peux te donner les états, mais comme je me suis engagé à te donner toutes les planches d’En prenant le Thé, tu les auras dès que j’aurai les cuivres. ‒ Je t’écris, dis-je, ces mots au galop et au galop de fantaisie ! pour m’ « excuser » de lâcher « notre » collection pour celle d’Olin. ‒ Si Olin ne prend pas ce qui est invraisemblable parce que le lot est beau et rare, Noilly ou le nouvel amateur de Cadart le prendront. ‒ J’aurais voulu pour la description des planches te l’envoyer, mais cela serait trop long ! Et puis je ne veux pas que tu croies que parce que tu as une belle collection de Rops je veuille profiter de cela pour te faire faire des achats qui ne te plaisent pas ou pas à ton heure.

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Je te réservais au contraire cela depuis que Paul m’a fait des envois, ‒ fruit de ses longues feuilles, mais que veux-tu ? Il faut bien que je tire parti de mes œuvres, il me faut de l’argent tout de suite & j’en fais ! ‒ J’ai énormément – relativement ‒ mangé d’argent depuis deux mois. ‒ La Touraine, ‒ Le Hâvre (ta faute !) Honfleur &c & et ce voyage me prend au dépourvu. ‒ Cela m’embête mais contre la force pas de résistance. ‒ Si l’affaire Picard n’avait pas été aussi stupidement trainée en longueur, je ne ferai pas ce que je fais.

Picard est en convalescence à Hucorgne près Huy, il ne répond pas aux lettres ! ‒ Que veux-tu ? il faut attendre ! toi, tu peux attendre moi pas ! ‒ Il faut que je parte avec mille francs. ‒ J’ai même un joli Artan à vendre que je vais « laver ». ‒ Quand j’ai besoin d’argent Mon Vieux Maurice, je me vendrais une jambe pour amuser l’autre.