Numéro d'édition: 2447
Lettre de Félicien Rops
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Lieu de rédaction
Paris
Date
1879/08/19
Commentaire de datation
Datation complétée sur base de l'apostilleType de document
Lettre
N° d'inventaire
MRBAB/AACB/045145
Collationnage
Transcription
Date de fin
1879/08/19
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Illustration
Lettre illustrée
Apostille
1879 / Adressée à Henri Liesse
Aucune image
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Air : Contentons nous d’une simple bouteille…
Croquis
Ste PÉRINE / À CÉDER UNE BONNE PAIRE D’AILES AYANT peu servi – Pour les renseignements S’ADRESSER au docteur FILLEAU chargé liquidati / À LOUER BOSQUETS DE CYTHÈRE / ROPS BOILEAU L’AFFECTÉ / BIEN AGITER AVANT DE S’EN SERVIR / ON TRAITERA À FORFAIT pour les Jeux et les Ris – ENTRÉE EN JOUISSANCE IMMÉDIATE / COLOMBE DE VÉNUS – À SONNET / À LA FIDÉLITÉ FILLEAU COUPE LES AMOURS et VATEN VILLE – FAIT LES RÉPARATIONS RESTAURE LES OBJETS – / CI GIT F ROPS
Mon Cher Vieux
J’ai eu, entr’autres choses & diverses aventures, la bonne goutte du Gd Père Rops’y qui est venue me podagrer pendant quinze jours – ainsi que l’atteste la gravure ci-dessus ! Comme il ne me plaît plus qu’elle revienne, la susdite Goutte, je vais me mettre ou plutôt me remettre à l’aviron & à l’escrime :
Car il faut qu’on s’en souvienne
Rien n’est impossible à ceux
qui se défendent chez eux
Contre une habitude ancienne...
Et c’est par la volonté
Qu’on revient à la Santé !
Voilà ! J’ai été vaguer dans le Bocage, en Vendée ; Puis rôder en Basse Bretagne avec Gouzien. – Que les peintres sont bêtes ! – J’ai toujours eu horreur des peintres qui constituent avec les musiciens et les acteurs la race la plus sotte qui soit au monde. Ils ne voyent pas la Bretagne, ni rien qui vit sous leurs yeux blancs !
– J’ai côtoyé deux cent lieux de côtes scandinaves je me suis assis sous les toits de l’Île Loffoden où les femmes ont l’air de poursuivre un rêve commencé dans d’autres planètes, – J’ai mangé du renne avec les Lapons & bu de l’eau de vie de bouleau avec des Esquimaux qui avaient les yeux peints en
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noir, les yeux de neige : « Snow blindness. »
– Mais par N. Dame de Roscoff je n’ai jamais rien vu de plus curieux que le Bas Breton des côtes ! – À son dixième pot de cidre, grimpé sur un de ces chevaux qui semblent être un croisement de caniche galeux & de baudet, la botte de houx des Irlandais & des Gallois sous l’aisselle, grognant la légende du bienheureux St Ives c’est réellement une silhouette à garder & à regarder quand on la trouve en son chemin ! – J’en ai rapporté deux ou trois que je te montrerai & qui sont d’un bon crayon.
Je viens d’écrire un mot à Charpentier pour tes croquis. Je fais les « Risler » – un, très bien venu. Le 1er Septembre je pars pour la Belgique. Je passerai par Heist et j’y ferais les croquis de tes articles. Cela te va-t-il ? Dis moi « juste » combien de temps tu comptes rester làbas. Je suis dans une bonne veine de travail & je veux faire des études de mer à Nieuport à Blankenberghe & à Heist. Nous pouvons faire des choses à être remarqués ici à la rentrée. Combien paies-tu à ton hôtel Léopold II ? – Tu me ferais bien plaisir si tu voulais m’envoyer l’article ! Je ne peux rien faire sans cela. Tu sais si je connais la Hollande ! Il n’y a pas un coin où je n’aie vécu de forts jours de ma vie, & pas un nez que je ne connaisse en peinture. – Réponds tout de suite, tu vois que je ne traîne pas. – Réponds à tout – Et dis moi ce que deviennent nos amis, tu ne dis rien de tout cela ! tu dois avoir du temps de reste cependant làbas pour écrire quelques lignes. Je fuis les fêtes de Bruxelles. J’ai horreur de toutes les réjouissances officielles, je n’aime que les gaietés improvisées. – Que devient Edmond ? – Je ne mes suis pas rendu à la rue Labie, le jour du rendez vous j’étais à sacrer à jurer & à maudire l’humanité, j’étais gouttant & dégouttant, dirait Hannon Théodore en ses esprits, un peu province. – À propos d’Hannon Théodore, je lui ai fait un frontispice bien amusant, je t’en enverrai une épreuve dans la prochaine lettre.
– Bon ton article de la Vie Moderne. Net & bien vu. Excuse moi auprès de ta femme de mon manque de parole relativement à la gravure promise, mais
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montre lui mon croquis et dis lui les états dans lesquels je me trouvais.
Quand elle me fera encore une demande semblable, je lui porterai le lendemain les gravures les plus jolies.
Car je n’aurai plus la goutte !
…….
Car il faut qu’on s’en souvienne
...&c &c
Y a-t-il des femmes à Heist ?
Nous ferons cela à nous deux.
À toi
Fely
Paris – 19 août
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Envoie moi une épreuve de la photographie de Flessingue.
Sans faute
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