Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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que deviens-tu ? Pas de nouvelles ! Dis moi comment se portent ta femme & tes beaux enfants, & si Madame Rassenfosse, ta mère, va un peu mieux. Et tes travaux ? Je ne reçois rien de toi. Le bon Pincebourde m’a parlé d’une planche « qu’il avait été « forcé de refuser » à cause du coté par trop érotique » du sujet. Si Pincebourde refuse, c’est que c’est bien, certainement. Envoie moi cela mon Cher Rassenfosse, & parle moi de tout ce qui te touche. Dis bien à Donnay et au bon graveur Maréchal que j’ai beaucoup regretté de n’avoir pu les voir lors de ma trop rapide visite à Liége.

Je fais de la peinture et cela me réjouit. Il me semble que je recommence une sixième vie, mettons une dixième !

– Et mon portrait ? Ne laisse pas trop le bon peintre De Witte s’endormir sur la dernière émission de timbres du gouvernement de Hono-Lulu.

Si tu sais quelque chose de l’héroïque Blonde, dis le moi (par une lettre adressée à Nys.) Rien de ce qui touche à la « femme & à l’artiste » ne m’est étranger ! – Elle m’a envoyé un portrait qui est une merveille, et plein « d’intimité ». Je lui dois d’avoir réveillé chez moi, les grandes flammes d’autrefois, et fait

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refleurir les rameaux de la Verte Espérance.

Et le Vernis Mou ? rien de nouveau « dans la partie » ?

Je reste encore ici un mois. Je ne rentrerai guère que vers le 1er Novembre

Un mot, Mon Cher Ami, il me semble qu’il y a un an que je ne t’aie vu.

– Je sais bien que tu m’avais écrit à la Guymorais, que je n’ai pas répondu, mais ce n’est pas une raison pour ne pas écrire, puisque tu écris bien à Pincebourde ? à l’horrible & bon Pincebourde !

– Comment est l’Exposition triennale de Bruxelles ? Est-ce que cela vaudrait le voyage ? me répondre à cette question qui a pour moi quelqu’importance.

À Paris les gens rentrent, tout doucement, et le grouillement boulevardier recommence. Voilà ! avant le mois de Novembre je ne ferai pas d’eau-forte, ni de Vernis Mou, ni de pointe sèche ; Tout cela est « en sommeil » comme disent les francs-maçons.

J’espère beaucoup de cet hiver. Je ne sais pas pourquoi, mais j’espère tout de même !

Dum spiro, spero !

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