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7 Aout 1879
Mon Cher Maurice
Toutes tes reflexions « je me les suis faites !! » – réflexions justes ! Mais que veux-tu ? J’ai compté sans l’imprévu ! & l’imprévu : c’est la maladie de Picard & c’est le voyage de Hongrie ! Il faut que je parte, je n’ai que cela à vendre pour le moment. Je ne veux pas gâter « la place de Paris » comme on dit au Bon Marché en laissant ma peinture à des prix trop doux. Je n’ai que cela, cette collection, & j’en tire naturellement le prix de mon voyage. Picard ne répond pas ! Voilà trois fois que je lui écris, il m’a fait répondre par sa sœur qu’il était malade et que son état l’empêchait tout à fait de s’occuper de quelque chose. – Je lui ai proposé deux jolis petits tableaux un d’Artan & un de moi pour 500 frs – il n’a pas plus répondu ! – je ne sais pas si on lui remis les lettres. – Maintenant quant à nuire à l’achat de la Collection qui est chez Picard par cette proposition nouvelle faite à Olin, – cela n’aura pas lieu, et cela ne peut avoir lieu 1° parce que ces collections ne se ressemblent pas. Dans celle ci
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il y a des dessins, des peintures, & des états – pas de pièces finies ou presque pas. 2° Aucune des pièces ne se trouve dans la Collection qui est chez Picard, ces pièces sont des pièces introuvables pour la plupart. 3° Parce que dans la collection chez Picard il n’y a que des dessins de peu d’importance & que dans celle-ci il y a trois ou quatre dessins de valeur : L’oliviérade à la plume & crayon. – La Sieste, – Le Vieux Liseur, femme au trapèze pas du tout celle de Noilly – une qui a été gravée et dont les états se trouvent ici. – très curieux. Dernier soupir &c dessins très faits et ayant une valeur marchande. 4° Enfin parce que je ne crois pas du tout comme je te l’ai toujours dit, que cette collection soit pour Olin (celle chez Picard), sans cela il est inadmissible que cette affaire ne soit pas terminée à l’heure présente ! –
Si cette tuile du voyage de Hongrie ne me tombait pas sur la nuque je n’aurais proposé cette collection à un autre qu’à toi ; mais je comptais même la compléter, avant de te faire des propositions & mettre quelques six mois à cela, aller à Thozée dans ce but &c &c mais je te l’ai dit, on compte sans le hasard & ses coups. –
Il me faut l’argent de mon voyage & j’en fais comme je peux ! Si d’ici à Lundi Picard me répondait la collection ne partirait certainement pas. – J’aimerais mieux la garder dix fois pour toi ! Dis moi si dans la collection chez Picard il y a un Don Paëz Je n’en ai pas mais Gouzien en a une épreuve et peut me la céder. – S’il y en a une déja, je ne la lui demanderai pas pour ne pas faire double emploi.