Numéro d'édition: 2802
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
Corbeil-Essonnes, Demi-Lune
Date
1889/08/07
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6655/468/223
Collationnage
Autographe
Date de fin
1889/08/07
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Demi Lune 7 Aout 1889
Paris intenable comme chaleur. Puis le public de l’Exposition est le public « d’Aout. Vacanciers de toutes classes, irruptionneur, bruyant, foulant tout aux pieds pour « voir » n’importe quoi, mais « voir » ! Il est extraordinaire ce public ! Les femmes voyagent toute une journée avec leurs repas dans d’énormes valises, & il faut une surveillance terrible pour les empêcher de manger, de pisser, & de chier partout ! Les Belges sont les plus terribles, comme toujours, & j’ai assisté à la foutraison à la porte d’une Schochéteye Flamande qui drapeau en tête « visitait les tableaux » & s’était installée avec ses viandes & ses bouteilles de vin sur l’escalier du grand Hall, sous le dôme !! empêchant les gens de passer, engueulant en Flamand les Fransquillons, résistant aux gardes, & étalant une pochardise de troisième jour, & toute leur ignominie nationale.
– Mais on est revenu en force, & on a conduit au poste le porte-drapeau, le président & le tambour, qu’on avait eu beaucoup de peine à empêcher de faire des roulements dans la salle des Millet. Ah ! nous sommes toujours un beau peuple ! Tu ne peux t’imaginer la hideur de cette horde de cochons : un retour de pélérinage de Hal ! – et cela dans les salles du 1er Étage, en bande tu vois l’effet !
Page 1 Verso : 3
– J’ai été très heureux de savoir que Mme Popp était toujours immuable !
Si j’apprends quelque chose à propos de logement à bon marché, je t’en ferai part. Et le coq ? Combien paie-t-on cette année ? par jour ? Je dois aller avec Clairette passer quelques jours, sur le bord de la mer, une quinzaine au plus ; Paris va nous reprendre. Écris moi un mot pour savoir si rien n’est changé labàs, et si je t’y verrai. Je filerai par Dunquerke, comme d’habitude. C’est le plus simple : on se baigne à Rosenthal ou « Rosendale » à Nieuport, à Middelkerke & à Ostende. – Donc quinze jours de mer, nécessaires. – Godebski est à Blankenberghe. Hideux Blankenberghe avec ses goinfreries d’Allemands ! Et cependant il faudra bien que je m’y arrête, pour Claire, qui veut voir Misia, & passer quelques jours avec elle. Donc à bientôt. Je te préviendrai de mon départ. Gouzien à Brest, & Edmond Carlier à ce qu’il parait : à Chaton !! – mais pas signe de vie !! Edmond est presqu’aussi mystérieux que Liesse. Je respecte sa retraite, mais n’importe c’est un être cocasse vraiment. En écrivant aux waggons-lits, tu aurais de ses nouvelles, bien certainement.
Je t’écris ces quelques lignes, en course, le facteur attend ma lettre en vidant un pichet de cidre dans la cuisine. Je t’envoie à toi & aux tiens mes vieilles amitiés,
Fély
Ne viens pas avant le 20 septembre ! L’Exposition durera octobre & novembre. Il y a en ce moment là bàs, au Théatre, des vraies gitanes de Malaga, ex-tra-or-di-naires ! – Cela dépasse tout ce qu’on peut rêver dans le genre. – C’est de la vaginité aigüe dansée, mincée, & foutue. Les femmes qui s’y hasardent se sauvent au bout de deux cabrioles, Et cela avec une musique d’enfer !! Pour tout dire la danse que l’on pratique là, est interdite en Espagne depuis cent ans. – Non, réellement, on ne reverra pas cette Exposition : – TOUT Y EST !! –
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Vert.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR