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Paris 16 Déc 1878.
17 R. Mosnier.
Mon Cher Monsieur Picard,
Mon ami Henri Liesse, qui par parenthèse est en train de se faire une jolie place parmi les romanciers « modernes » d’ici, & qui s’intéresse tout particulièrement à mon œuvre me prie de vous demander la faveur de pouvoir jeter un coup d’œil sur le Saint Antoine & sa Tentation.
J’espère pour lui & pour moi, que vous voudrez bien accueillir favorablement ma demande & que vous aurez la bonté de lui dire par un petit mot quel jour & à quelle heure il pourra se présenter chez vous.
Je vais – enfin ! – rentrer dans mes deux dessins vendus l’an dernier à Poulet-Malassis & qui sont tombés dans l’héritage de sa sœur. C’est une affaire faite & le mois prochain ou au commencement de février j’aurai le plaisir de vous les envoyer à l’examen.
J’espère vous voir en février, – & je vous dirai de vive voix combien depuis T’Kindt vous êtes connu ici, & à quel point l’effet oratoire qui a suspendu un instant sur la tête de l’auditoire l’épée de Damoclès des révelations possibles de l’accusé, nous avait
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paru neuf & charmant. On est très artiste ici. – J’aurais bien voulu voir cela.
Présentez je vous prie Mon Cher Monsieur Picard mes compliments respectueux & mes meilleurs souvenirs à Mme Picard & rappelez moi à nos amis de Middelkerck. – Sacré avait un beau portrait de Mr d’Aspremont-Linden à l’Exposition, très bon. Seulement – il y a toujours un « seulement » à toutes choses, même aux meilleurs, je trouve que le coté gentleman-farmer était un peu trop accentué & que la nature fine du modèle aurait dû percer un peu plus sous le hâle & la bonhomie de l’agriculteur.
Je vous serre la main bien affectueusement
Félicien Rops
N.B. Mr Henri Liesse demeure 15 petite rue Francart.