Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]

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Il n’y a aucun danger maintenant, les colis postaux arrivent intacts. Je mettrai demain au chemin de fer les croquis qui vous sont destinés. Comme je vous l’ai dit j’ai pris au hasard & il m’est tombé sous la main un paquet de croquis qui étaient destinés à ce pauvre François Olin qui vous le savez faisait une collection de croquis & de dessins. Je lui mettais à part tous les croquis des pièces que je gravais.

– Ces croquis dont plusieurs sont plutôt des dessins étaient collés sur des petites feuilles de Bristol & de Japon, comme j’ai l’habitude de coller d’ailleurs mes croquis dans mes portefeuilles. –

On les décolle facilement en coupant avec un canif la partie du carton Bristol qui adhère au croquis. Du reste vous arrangerez cela fort bien j’en suis certain. Il y a làdedans une série de croquis sur parchemin qui a servi pour des menus & des lettrines, croquis très soignés :

Croquis du Menu de Ménars-Dorian – de la lettrine de la grosse dame à Christmacaire, – de la lettrine de Mlle de Bréard, deux chats de la lettrine de Mme Clapisson, des

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pensées de la lettrine de Mme Meyrargues, la République aimable de la lettrine de Mme Lockroy (Alice Hugo). – Un croquis de femme en incroyablevariante de la femme de dessous du frontispice des Amusements des dames de Bruxelles, un bas-relief (bien léger !) trouvé à « Henculenum ». Une étude pour le frontispice de Mr Roch. Un brasseur de Bruxelles, Deux jolis croquis-dessins de paysage avec figures, de la Meuse, La foire aux Amours grand croquis avec deux figures intéressantes, des petits croquis à la plume. Enfin un grand dessin, une étude pour la grande Grève (car il y en a eu une Grande, dont la planche est effacée, & qui est rare comme les beaux jours. Ce dessin vous le garderez ou vous me le renverrez, – à votre guise ; – Enfin c’est un bon petit envoi, & le voilà emballé & cacheté. Seulement Mon Cher Evely j’ai oublié d’effacer derrière le bristol le nom de François Olin. Faites moi le plaisir d’y donner un coup de gomme s.v.p. par convenance. Je voulais le faire m’ais cela était emballé quand je me suis aperçu que je l’avais oublié. – Il y a aussi dans cette petite collection le croquis du frontispice de la Vie Élegante & deux croquis-étude du frontispice des Cousines de la Colonelle.

Je serai très heureux d’avoir une nouvelle planche de l’Été. Je crois qu’avec grain cela a plus de chance d’être bien, parce que je ne suis pas si habile que cela pour les grains !! Je suis même assez maladroit. Au vernis mou je défie les habiles, mais la difficulté est de retravailler au vernis mou sur des photogravures sans que le premier travail se remette à mordre, le vernis étant mou & poreux.

Je crois que nous finirons par nous entendre fort bien, vos grains sont bien posés, & c’est fort important pour votre travail. À votre place tout en me perfectionnant dans le procédé galvanique, j’essayerais aussi de la morsure. Je n’entends plus parler non plus de la photogravure sur acier. J’en ai vu dans le temps elle avait une belle netteté & je ne sais pourquoi elle a été abandonnée. Elle pourrait rendre de grands services, car l’aciérage altère beaucoup certaines planches, si l’on avait des photogravures légères sur acier, pour ma part je ne ferais plus de pointes-sèches sur cuivre.

Il y a des jolis tons dans le grain de l’Été. Nous finirons bien par faire de jolies choses. Je suis l’être le plus enteté que je connaisse & chercheur comme pas un. Vous me paraissez être dans mes notes. Avec cela on arrive toujours à des résultats. Si vous essayez de la morsure je pourrai vous donner des renseignements utiles, car j’ai beaucoup étudié tous les agents de morsure.

Donc à demain, lorsqu’il y a encombrement les colis postaux subissent un retard

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de douze heures, cela m’est arrivé pour votre envoi je crois. Si vous ne receviez mon colis que Vendredi pressez votre envoi, je ne partirai que Samedi matin, je suis obligé d’être ici Vendredi soir. Et expédiez sans crainte, il n’y a aucun danger de frontière.