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Paris 28 mai 1894
Mon Cher Deschamps,
Ci-joint un jeune dessinateur & graveur de beaucoup de talent & aussi un peu mon élève, si vous voulez. Si vous lui permettiez il exposerait tout de suite à la Plume, les choses qu’il vient de me montrer & qui sont des plus intéressantes. Il a nom François Maréchal, & s’il ne rate pas le coche, celui-ci le mènera loin. Fils d’ouvrier, peu le sou p[ou]r le moment, ne lui demandez pas d’argent, nous réglerons cela ensemble un beau jour. – Aucun de mes élèves n’a l’impudence de croire que je peux lui apprendre quelque chose, quand l’un d’eux me demande un conseil je le flanque à la porte Voilà comme l’on fonde les bons ateliers. Seulement l’air de liberté qu’on respire là dedans est si grisant qu’ils en sortent, les petits bonhommes, tous anarchistes & feraient sauter l’Institut comme un simple Foyot, si mes discours dont la modération ravirait Coppée ne les calmaient instantanément.
Je vous serre bien affectueusement Cher Directeur la main vaillante qui a créé l’Exposition des Cent
Félicien Rops