Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]

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Les six dessins bretons sont vendus à un amateur de Paris qui depuis longtemps me prie de lui faire quelque chose. Je vends ici autant que je veux. Quand je te propose des achats de dessins c’est pour une raison très simple : Je veux être plus connu que je ne le suis en Belgique & en Angleterre & comme je te sais très répandu, je voudrais faire avec toi « des affaires ». C’est à dire que tu placerais mes dessins où cela te plairait, & même mes eauxfortes car tu seras très surpris des publications intéressantes que je suis en train de mettre sur pied. Dans quinze jours je serai installé avec ma presse &c &c &c, je ferai tirer chez moi par Delâtre – « le premier tireur du monde ! » − de cette façon pas une épreuve ne pourra être tirée, sans mon contrôle. C’est le système de Tissot & il est bon, c’est le seul. De cette façon on peut répondre des tirages vis à vis des amateurs.

Ah j’ai de jolies études nouvelles !!

En attendant je t’envoie deux raretés introuvables & que tu me garderas précieusement. Tu me les rendras à Paris. Ce sont des machines faites

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sur des vers d’Hannon. Tu me les rendras à ton prochain voyage à Paris. Elles sont introuvables. − La troisième épreuve une petite tête de vieille femme en noir est pour toi.

Je fais le Musset ! une combinaison qui vient de m’être proposé par un fort éditeur d’ici. Nous reparlerons de l’achat de ces dessins, dont je t’avais déja parlé il y a une sixaine de mois. – Ces dessins seront gravés par Monziès.

Tu vois que je travaille & rudement. – Les « Cent Croquis » de Mr Noilly vont être terminés et je vais commencer le deuxième volume : l’Album du Diable : Cent dessins demi-égrillards. Je veux faire le demi-nu moderne là dedans, & de fond en comble ! – Cela ne pourra pas se montrer aux demoiselles, mais cela pourra parfaitement être vu par une dame du monde qui aurait quelqu’esprit.

− Je ne sais encore quel sera l’acquéreur de ce deuxième volume & je n’en ai pas encore parlé à Mr Noilly. Ce sera la fin & le complément de mon œuvre gaillarde ; − quoique très adouci comme teinte, cet Album (pour lequel j’ai déja soixante à soixante cinq dessins très amusants) aura au moins autant de charme que celui des Cent Croquis, & il aura moins d’hésitation dans l’exécution. Je suis

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maintenant tout à fait maître de mon procédé.

Je mets les trois épreuves aux waggons-lits. Je t’engage à prendre le même procédé d’envoi quand tu me renverras des dessins. − La poste abîme toujours les épreuves, quand tu m’as renvoyé ma collection d’eaux-fortes plusieurs épreuves avaient les marges chiffonnées & écrasées, le rouleau de carton avait cédé, on l’avait croqué & le contenu en avait pâti.

Tu as raison quant à Londres, nous causerons de tout cela. Je dois y aller au printemps & faire visite à Tadema qui m’a invité.

Les lithographies dont je t’ai parlé sont restées à Bruxelles, à mon prochain voyage, je les rapporterai