Numéro d'édition: 3115
Lettre de Félicien Rops à [Maurice Bonvoisin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23

Destinataire
Maurice Bonvoisin
1849/05/26 - 1912/03/27
Lieu de rédaction
[Paris]
Date
1878/06/09
Commentaire de datation
Datation sur base de l'apostille.Type de document
Lettre
N° d'inventaire
Bon/LE/57
Collationnage
Scan
Date de fin
1878/06/09
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops
Apostille
(Le Scandale) ; Paris, 9 Juin 1878
Page 1 Recto : 1
Il est entendu que je t’achève la Saisie & j’en ferai un bon dessin.
Mon Cher Maurice,
Je t’expédie, avant de retourner à Bourron pour quelques jours, ‒ (puisqu’il paraît qu’il va faire beau !) – le dernier billet de 453 frs, ‒ je t’expliquerai les 3 frs en plus tout à l’heure. Je ne crains pas de le mettre en janvier 1879 – dans sept mois, parce qu’il est plus que probable que nous aurons fait des affaires ensemble d’ici là, si je vis!!!! – Écris moi un mot, de Verviers, & dis moi ce que tu penses de mes propositions. Je ne vais faire que des études de paysage pendant deux mois cela ne compte pas & cela n’est pas dangereux. J’irai au commencement de Juillet en Belgique, je t’écrirai. ‒ Au fond je t’étonnerai par la quantité de choses que j’ai chez moi
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à Bruxelles & à Thozée ; pendant dix ans, – années de travail, j’ai laissé dire que j’étais un paresseux & c’était presqu’un « dandysme » mais j’ai mille croquis – quinze cent études peintes & cinq cents études d’après nature. Tout cela ne demande qu’à être retouché & arrangé. J’ai horreur comme mon vieux maître Madou, de montrer même à des amis intimes le croquis vague, le souvenir, ou « l’étude » où il y a une machine que vous comprenez, les autres, les plus intelligents même, n’y comprennent rien. Tiens, je retrouve sur un bout de papier un croquis de Norwége qui transporté sur grand papier exactement, cependant, ‒ avec mon œil photographique, est devenu un excellent dessin, et très exact ; ‒ qui est ce qui s’en douterait ? ‒ Je réunirai tout cela, je mettrai « cela, sur ses pattes, & tu verras qu’il y a là en deux ou trois ans un capital d’une quarantaine de mille francs à écouler.
Je suis un être incapable de faire des affaires, mais quand je m’y mets je produis, & beaucoup, plus que tu ne le croirais. ‒ Dans notre affaire, j’ai eu la mauvaise chance de traverser un des plus rudes moments de ma vie, ennuis physiques & moraux, découragements, puis de devoir faire des choses « vendables » dont je ne pouvais garder la propriété artistique &c. &c. Cela m’a enrayé. Je sortirai de tout cela. En « m’entreprenant » tu as deux avantages, celui de choisir des Rops puisque tu veux bien me faire le plaisir de les aimer dans tous ceux qui te passeront par les mains, puis celui de les vendre dans les conditions que tu créeras toi même. – Enfin réfléchis & sois persuadé que c’est une assez grosse affaire que je te propose. Et si tu ne la fais pas je te dis d’avance qui la fera, c’est Thibaudeau. ‒ Et si Thibaudeau ne la fait pas, c’est Sichel le marchand de tableaux qui m’a fait faire des propositions par Gouzien. Quand tu le verras tu peux lui en parler ce n’est pas un secret. ‒
À bientôt & à toi
Fély
Ce qui me séduit surtout
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dans l’idée de faire une entreprise sérieuse avec toi, je te l’avoue franchement c’est ton caractère « international ». Je voudrais bien ne pas être l’homme d’un petit coin. ‒ Maintenant je peux te dire à toi qu’il se prépare une publication qui est destinée à donner une « plus-value » (puisqu’il faut bien employer des mots bêtes) ‒ considérable à mes œuvres, ‒ Eaux fortes, dessins & peintures : ‒ un livre.
Quant au côtés matériels de l’affaire le quart du prix de n’importe quelle œuvre depuis un croquis de quatre francs jusqu’à un tableau de quatre mille me paraît respectable. Les gros marchands demandent le huitième. Les petits le seizième comme Cadart, qui demande six ou sept pour cent suivant l’œuvre. Mais ici c’est une affaire toute autre & où il faut déployer un certain zèle & créer une clientèle. ‒ Delâtre qui vient de Londres prétend qu’en s’y prenant bien la bàs on peut me faire une réputation de graveur à l’eau-forte égal à celle de Tissot & de Legros & vendre très cher. Il doit me donner une liste de forts amateurs anglais, que je te passerais. ‒ Je te donnerais également des lettres pour Tadéma &c &
P.S. Les 3 frs en plus sont destinés pour toi à l’achat d’une bouteille de Japan-Ink que tu m’enverras. ‒ Un détail : Est ce Noilly qui a la Fantaisie pour Violoncelle ?
Important-réponds.
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Lisse, Crème.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
Photographie Vincent Everarts