Numéro d'édition: 2661
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
1839/09/11 - 1919/08/23
Lieu de rédaction
s.l.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
LEpr/190
Collationnage
Autographe
Date de fin
1879
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Province de Namur
Illustration
Lettre illustrée
Page 1 Recto : 1
Croquis
soká viruljon a magyar hazája
Rops Fély
Les soirées de Pesth sont particulièrement belles – admirables, pour nous, & pour tous ceux qui ont « leurs nerfs sur eux ». Le Château de Buda émerge des dernières lueurs du jour que le Danube reflète avec des tons bronzés de vieille armure. Les grands steamers noirs, hyppopotames aux yeux de feu, estompés déjà par l’ombre, sillonnent le fleuve en soufflant, creusant derrière eux des remous de soufre & d’or. Puis, tout se calme par degrés, & les bleus du soir gagnent toujours. Sur les coteaux, bien loin, plongées dans une dernière ondée de lumière, les petites maisons des vignerons s’endorment comme une bande de mouettes ensommeillées.
Alors, ce Danube énorme apporte des fraîcheurs attiédies. Ses vagues viennent frôler ses rives avec des frous=frous de satin, & l’on entend comme des bruits de baisers donnés à la Terre. L’Homme=Fleuve des vieilles mythologies se sent. Il sort de lui quelque chose de puissamment voluptueux qui se lit dans les yeux noyés des femmes, dans leurs poses molles, dans leur parler plus doux. Jamais cette belle langue magyare n’est plus caressante qu’à l’heure des premières étoiles. Cet allanguissement vous pénètre & l’on comprend le mot : « Pesth est la première ville d’Orient. » C’est un enfant que l’Asie a poussé en Europe, - le plus loin qu’elle a pu ; et quoiqu’on ait pu faire, il a gardé les traits & le souvenir de sa mère qui pendant les nuits d’Eté revient encore lui parler bas & le baiser au front.
(Ropsodies Hongroises)
Détails
Support
1 feuillet, 1 page, Vergé, Crème.
Dimensions
24,2 x 22,1 mm
Mise en page
Encre de Chine et encre
Commentaire de collaboration
Rops a écrit une phrase en hongrois soká viruljon a magyar hazája qui signifie littéralement "Que la patrie hongroise prospère longtemps !"