Numéro d'édition: 0429
Lettre de Félicien Rops à [Eugène Rodrigues-Henriques]
Texte copié

Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Eugène Rodrigues-Henriques
1853/05/18 - 1928/04/18
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1892/07/20
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
Amis/RAM/134
Collationnage
Autographe
Date de fin
1892/07/20
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Les Amis du Musée Félicien Rops
Page 1 Recto : 1
20 juillet 1892.
Mon Cher Vieux,
je suis ici avec un tas de maçons à tâcher de nous faire une demi-Lune un peu habitable, car toute la baraque tombait en ruine. Mais je ne m’en amuse pas plus pour cela ! Je vais bientôt partir pour la mer, qui je l’espère me remettra tout à fait sur pied & me permettra de me remettre en selle sur ma rossinante de bataille.
Causons procès : Quelque soit ma crasse ignorance des questions de droit, il me semble que l’on ne peut nier que les conditions de location ne soient changées du tout au tout. Quand ma femme & mes belles sœurs ont loué le local de la rue de Grammont la maison était une maison « comme il faut » les gens qui la fréquentaient étaient des gens bien élevés & des femmes du monde pouvaient s’engager dans les escaliers sans être exposées à des galanteries de bas étage. Elles ont loué comptant que la maison garderait toujours cet aspect là, & si on leur avait dit que des bureaux y seraient creés, bureaux dans lesquels à certains jours de la semaine une foule compacte entrerait, certes, elles n’eussent pas loué. Et c’est pis que nous ne le supposions ! La « foule » en question n’a aucune tenue, les gens se disputent entre eux, et il est impossible à une femme bien élevée de fendre cette cohue sans répulsion, ou sans être insultée Voilà les faits Mon Cher Rodrigues, & sans
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aucune exagération le commerce de la rue de Grammont sera perdu, si les choses restent en cet état. Je tiens, ceci de Geyler : (et cela tout à fait en secret car comme employé du Crédit Lyonnais il ne peut se permettre de pareilles indiscrétions !) que c’est pour nous forcer à quitter la maison du 19 de la rue de Grammont sans indemnité que l’entrée des Bureaux a été établie par le grand escalier, au lieu d’avoir lieu par la nouvelle passerelle et de plus propres paroles de Mr Geyler : qu’on a aucun droit de changer les conditions de location à ce point et que du temps où il était lui Geyler directeur des Immeubles du Crédit, il n’aurait pu se permettre une pareille infraction aux lois de location. Ces ennuis étaient d’ailleurs prévus par le Directeur actuel des Immeubles Mr de Lavigerie qui disait à ma femme pour l’engager à accepter les propositions du Crédit Lyonnais qui consistaient tout simplement à proposer à elle-même à s’en aller ! –
J’ai fait consigner cela par ma femme dans sa réponse « au dire » du Crédit Lyonnais qui doit être entre les mains de l’avoué que tu nous a choisi.
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Il vaut mieux je crois faire peu de cas des indemnités locatives et s’appuyer surtout sur l’énorme changement des conditions de location qui rend tout à fait impossible tout Commerce d’Élégance et peut amener la ruine de la maison.
À toi bien Mon Vieux & à bientôt j’espère.
Félicien R
Inutile de te dire que ce que Geyler m’a dit c’est absolument sous le sceau du secret, & que je ne le cite que pour éclairer la Situation. Geyler a toujours été un ami pour nous, et c’est en venant prendre des nouvelles de ma santé qu’il a parlé de tout cela & des nouvelles & penibles conditions que l’on venait de nous imposer au mépris de tout droit.
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Gris-vert?.
Dimensions
176 x 113 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)

