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Biskra 2 janv. 1889.
Mon Cher Siville
Je suis à Biskra, au seuil du Sahara, ‒ Dans quelques heures, à minuit, comme dans les drames de Dennery, ‒ nous partons pour Tuggurth, la Touggourt des voyageurs, ‒ à quatorze oasis d’ici – pas de routes : on suit la piste des caravanes. Trois jours & trois nuits de voyage. On couche chez l’aga. J’irai aussi loin que je le pourrai.
Je vous remercierai à mon retour, si je reviens. Ah il faut compter avec les Touaregs, la fièvre pernicieuse des oasis, & la vipère cornue ! Je suis bien en retard avec vous ! Et avec Destrée !! Dites lui bien combien je le remercie, quoique je ne croirai jamais un mot de tout cela : heureusement pour moi. Je vais lui écrire un mot en grand, à mon retour aussi. Nous parlerons longuement très longuement de toutes les choses qui luis sont chères.
Dites bien à nos amis de Liège
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combien je suis des leurs, ‒ des vôtres.
Une poignée de main à travers les espaces & grandes amitiés aussi !
Félicien Rops