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Madame Ménars-Dorian55 Rue de la Faisanderie Page 1 Verso : 2
Je ne pourrais trop vous remercier de votre bien flatteuse insistance. J’irai Lundi dîner en votre gracieuse Compagnie & ce sera pour moi un plaisir très grand.
Vous remercier ! Je ne devrais faire que cela ! pour moi d’abord, car je n’ai pas oublié, – je n’oublie jamais rien, ni les bienfaits, ni les « malfaisances », – combien vous avez été bonne & charmante lors de l’Exposition Carriès en y faisant participer « mon œuvre » comme disent les imbéciles qui m’appellent : « Cher maître ! – Quand je serai très vieux, encore plus vieux, je vous demanderai à vous qui serez toujours jeune, de devenir votre ami, & la permission de vous dévoiler un autre Félicien Rops qui vaut mieux que celui en qui Armand Gouzien croit. C’est une faveur qu’il faut mériter, & que je mériterai. C’est un de mes rêves, & j’en ai peu.
Chose bizarre : lorsque comme depuis six mois je me sens tourmenté par la faiblesse & la tristesse de ce que je produis, je pense à vous comme à une « amie » qui doit être » & je me sens un peu réconforté. C’est drôle de vous dire cela sur une carte bleue dans un coin de bureau de poste. Je n’y peux rien j’ai l’âme aux lèvres aujourd’hui & un peu les larmes aux yeux. – Je voudrais être un grand artiste & je ne peux rien !
Votre futur ami
Fély Rops. –
Présentez je vous prie Chère Madame mes Amitiés à Mr Ménars & mes plus respectueux Compliments à Mlle Ménars, votre joie & votre juste orgueil.
F. R